Agressions, insultes: le basket amateur en mal d’arbitres

Par Epoch Times avec AFP
19 janvier 2023 04:00 Mis à jour: 19 janvier 2023 14:19

« N’oubliez pas… l’arbitre est un être humain » et « ce n’est pas la Coupe du monde » : dans un gymnase de Limoges où des ados disputent un match de basket, une affiche rappelle des fondamentaux, alors que la violence est en hausse sur les parquets.

La rencontre est dirigée par Quentin Leménager, 22 ans, arbitre officiel depuis six ans. Récemment, alors qu’il intervenait en championnat de niveau Régional 3 Senior dans un département voisin, il a essuyé « des insultes » venues du public.

Menaces verbales et physiques, envahissements de terrains, insultes racistes : le comité départemental du basket en Haute-Vienne se heurte à une violence exacerbée depuis la reprise des compétitions après la crise du Covid-19. En décembre dernier, il en est arrivé à ne pas aligner d’arbitres officiels lors d’une journée de championnat.

L’incident à l’origine du boycott ? « Une bagarre pendant un match, avec des arbitres pris à partie et un autre (qui n’officiait pas ce jour-là mais se trouvait dans le public) frappé par un joueur parce qu’il filmait » la scène, raconte le président du comité, Patrick Pelletier.

Diminution de la « tolérance à la frustration »

Entre septembre et novembre, six dossiers étaient déjà remontés jusqu’à la commission de discipline de la Ligue régionale, soit autant que sur l’ensemble de la saison dernière.

Les violences peuvent venir de membres de clubs mais aussi du public. Des parents s’en prennent parfois « à des arbitres qui ont le même âge que leur gamin », se désole Patrick Pelletier.

Et la Haute-Vienne ne fait pas figure d’exception. Contactés par l’AFP, les comités du Lot-et-Garonne ou de l’Isère confirment cette tendance, tandis qu’Arnaud Petitboulanger, président de la Commission Fédérale des Officiels auprès de la Fédération (FFBB), constate « une hausse de dossiers » cette saison.

Une autre conséquence de la pandémie ? Difficile à apprécier. Mais Fabrice Dosseville, professeur des universités spécialisé en psychologie du sport à Caen, indique que des travaux menés hors du domaine sportif ont montré une diminution de la « tolérance à la frustration » depuis le Covid, pouvant engendrer des « comportements agressifs ».

Les arbitres sont invités à déposer un rapport dès que nécessaire. Mais en Isère, la présidente du comité Monique Mopin constate que certains, souvent jeunes, « n’osent pas car il y a la peur des représailles, avec des gens qui vous disent : Attention, je vais t’attendre à la sortie ».

Dans le département de l’Isère, le basket dispose de 40 arbitres cette saison, contre « 120 il y a quelques années ». La baisse est similaire en Haute-Vienne ou dans le Lot-et-Garonne, où 50 arbitres officient alors qu’il en faudrait « 100 ou 120 » selon le président du comité départemental, Laurent Mopsus.

« Nous formons beaucoup de jeunes mais il faut avoir la foi », souligne-t-il. Une fois formés, beaucoup jettent l’éponge d’une année sur l’autre, les incivilités étant très souvent la cause de ces abandons.

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