Aube : un maraîcher contraint de jeter une partie de sa production d’asperges, faute de clients

Par Emmanuelle Bourdy
25 mai 2022 19:42 Mis à jour: 25 mai 2022 19:42

Contraint de jeter sa production d’asperges, Damien Vuibert, maraîcher à Grange-l’Evêque (Aube), explique son geste. S’il avait mis un point d’honneur à contenter sa nouvelle clientèle lors de la pandémie de Covid, il se demande où sont passés ces « nouveaux » clients qui se disaient prêts à changer leurs habitudes de consommation en achetant « local ».

Ce maraîcher situé à Grange-l’Evêque, non loin de Troyes, se dit dégoûté et a poussé un coup de gueule sur Facebook. Faute de clients, il a dû jeter une partie de sa production d’asperges.

« Où sont passés les clients qui faisaient la queue devant chez nous il y a deux ans »

« Je voudrais savoir où sont passés les clients qui faisaient la queue devant chez nous il y a deux ans… pendant le premier confinement ! » s’interroge le maraîcher sur le compte Facebook Le Palais Fermier, pointant « tous ces nouveaux clients qui n’avaient qu’un seul discours » et remerciaient les producteurs « d’être là ». Ils assuraient alors que « dorénavant [ils allaient] changer [leur] façon de consommer et acheter local », se souvient-il. « Nous avons été assez naïfs pour les croire ! » se désole maintenant Damien Vuibert.

Durant « toute cette période », le maraîcher assure avoir « fait le maximum pour contenter tout le monde », et cela sans même augmenter les prix « contrairement à tout ce qui se passe aujourd’hui », souligne-t-il. « Et aujourd’hui, après avoir augmenté notre production, embauché plus de monde, nous sommes obligés de jeter une partie de notre production, car une grosse partie de ces nouveaux clients ont disparu… » déplore l’agriculteur.

Ne voulant pas s’étendre davantage sur ce sujet, car son message serait « beaucoup trop long », il a juste évoqué quelques-unes des nombreuses problématiques, à savoir celles du « pouvoir d’achat (manipulé par la grande distribution…) [et] les soucis de main-d’œuvre ». « Je veux juste remercier tous nos fidèles clients qui nous donnent dans ces moments difficiles le plaisir de continuer », a conclu Damien Vuibert sur le réseau social.

Encore moins de clients « qu’avant le Covid »

« Il y a eu de la colère à un moment, et je m’excuse si cela choque que je jette ainsi de la nourriture alors qu’il y a des gens dans le besoin », explique-t-il à France 3 Grand-Est, stipulant que « la réalité, c’est qu’on a désormais moins de clients. Nous en avons même moins qu’avant le Covid. Nous allons devoir nous adapter ».

Damien Vuibert a en effet détaillé auprès de la chaîne d’information que la pandémie les a amenés à faire « beaucoup d’investissements » – notamment l’achat d’une nouvelle serre – car la demande était « très forte ». « À présent, il faut les rentabiliser, et avec la clientèle qui fonctionne comme un yoyo, ça devient compliqué », se plaint à juste titre le maraîcher.

Il interpelle les consommateurs en leur reprécisant que « manger, ça a un coût, mais acheter des légumes locaux et de saison, c’est éviter les intermédiaires et limiter les transports, et donc la pollution ». Un point sur lequel les citoyens devraient être sensibles, à l’heure où les politiques mettent l’accent sur les questions environnementales. Mais le maraîcher constate que « les priorités ont changé. Maintenant les clients mettent leur argent dans les loisirs plutôt que dans la nourriture ». « Nous ne sommes pas commerçants, nous sommes paysans », revendique Damien Vuibert, qui espère que les consommateurs vont enfin se réveiller et prendre de nouveau conscience qu’il est primordial de « consommer local ».

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