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Bergère dans la solitude des Pyrénées françaises, avec sa houlette et ses chiens

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La bergère française Alisson Carrere-Sastre, 23 ans, marche à côté du troupeau de moutons, dans les Pyrénées françaises le 14 septembre 2022. Photo Valentine CHAPUIS / AFP via Getty Images.

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Durée de lecture: 5 Min.

Jeunes, athlétiques, en short et chaussures de randonnée pour arpenter la montagne: les bergères des Pyrénées françaises sont loin de l’image d’antan du gardien de troupeau, en velours côtelé et béret, mais houlette et chiens sont toujours là.
« Ma mère me mettait dans le porte-bébé pour aller voir les brebis (…) Je l’ai toujours suivie », raconte à l’AFP Alisson Carrere- Sastre, 23 ans, bergère nouvelle génération.

La bergère française Alisson Carrere- Sastre, 23- ans, fait paître un troupeau de 700 brebis dans les alpages pyrénéens de juin à septembre.  Photo Valentine CHAPUIS / AFP via Getty Images.

Diplômée en production animale, elle n’a pas abandonné la houlette, longue canne munie d’un crochet. Soutien pour grimper en altitude, ou se ralentir dans les descentes, le « caï », comme on l’appelle dans les Hautes-Pyrénées, sert aussi à attraper les brebis.
Le chien, compagnon de solitude
Autre tradition conservée: le chien, compagnon de solitude, indispensable pour contenir le troupeau. « Si je n’ai pas les chiennes, je ne peux rien faire », confie-t-elle.
Depuis quatre ans, Alisson emmène ses bêtes en estive seule avec Sony et Pany, ses borders collies. Ouvrière agricole dans une ferme le reste de l’année, elle veille de juin à septembre sur 700 ovins de deux éleveurs de la vallée de la Soula.

Un troupeau de moutons entame la descente dans la vallée à la fin de l’été, dans la vallée de la Soula, dans les Pyrénées françaises le 14 septembre 2022.  Photo Valentine CHAPUIS / AFP via Getty Images.

Dresseuse canine, géographe cherchant les meilleurs pâturages, elle est aussi soigneuse, taillant un ongle infecté, injectant des antibiotiques, etc.
Pour repérer ses bêtes, elle scrute la montagne aux jumelles. Dès l’aube, elles se mettent en mouvement, parcourant des kilomètres en quête d’herbe plus riche.
Flanquée de ses chiennes, Alisson les guide. Ses ordres résonnent: droite, gauche, en haut, en bas. Sony et Pany dévalent les pentes, remontent à pleine vitesse. Une fois le troupeau sur le bon sentier ou « biais », place aux caresses. « C’est ce que je préfère, le travail avec elles », dit-elle.
Au vallon d’Aygues Tortes, à 2.100 mètres
Plus la saison avance, plus les bêtes montent. En août, la bergère les suit jusqu’au vallon d’Aygues Tortes, à 2.100 mètres. Pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de réseau pour son téléphone: « C’est la douche qui me manque le plus! »
Les randonneurs sont friands de ses conseils. Et sa cabane leur sert de refuge. Seule une petite pièce lui est réservée. Ce n’est pas de tout repos pour Alisson, première partie, dernière rentrée. « Souvent, je n’ai pas envie de parler. Mais il arrive qu’on fasse de belles rencontres », confie-t-elle, un agneau sur les épaules.

La bergère française Alisson Carrere-Sastre, 23 ans, ouvre la clôture pour laisser passer le troupeau de moutons, dans la vallée de la Soula, dans les Pyrénées françaises le 14 septembre 2022. Photo Valentine CHAPUIS / AFP via Getty Images.

Chaleur et pluie alternent. Quand l’orage s’en mêle, le vallon devient dangereux, les rochers glissants. Un coup de tonnerre sème la panique: une agnelle dévisse, s’écrase 20 mètres plus bas. Les vautours plongent sur la dépouille. Dans la bousculade, une brebis s’est brisée une patte. Il faut plâtrer. Il est 21H15.
Alisson mène alors le troupeau à la « couchade », passer la nuit gardé par Miss, impressionnante chienne des Pyrénées. A la lueur de sa lampe frontale, la bergère regagne sa cabane.
L’été finissant, les brebis descendent jusqu’à la transhumance de retour. Pieds endoloris, visage brûlé par le soleil, Alisson mettra quelques jours à se réadapter. « Je vais aller au supermarché voir des gens », sourit- elle.