La Chine a changé sa politique de «zéro Covid» à celle de «zéro sans Covid»

Par Nathan Su
2 janvier 2023 15:45 Mis à jour: 3 janvier 2023 10:54

« Zéro sans Covid » – c’est le nom que les Chinois donnent désormais à la nouvelle politique de gestion de la pandémie par le régime. Le Parti communiste chinois (PCC) a agressivement poussé l’ensemble du pays vers un état de « tout le monde positif au Covid » – et ce, sans la moindre préparation dans le domaine de formation de personnel médical additionnel ou d’approvisionnement adéquat en médicaments.

L’Assemblée nationale populaire, la législature fantoche du régime, tient généralement sa session annuelle au mois de mars. On s’attend à ce que sa prochaine session se concentre sur le sauvetage de l’économie chinoise, qui est au bord de l’effondrement après trois ans de politique de « zéro Covid ».

Le chef du parti, Xi Jinping, est clairement prêt à payer n’importe quel prix pour redresser l’économie du pays.

Les employés du gouvernement de la municipalité de Chongqing et de la province du Zhejiang ont reçu des directives leur demandant de retourner au bureau pour travailler même s’ils ont été testés positifs au Covid-19, tant que leurs symptômes sont légers.

La population de la municipalité de Chongqing est de plus de 31 millions d’habitants et celle de la province du Zhejiang de plus de 57 millions.

Des commentaires diffusés sur l’Internet chinois indiquent que les gouvernements locaux de Chongqing et du Zhejiang ont été critiqués par Pékin parce que ces régions étaient trop lentes à atteindre un pourcentage élevé de patients positifs au Covid.

Le 27 décembre, un responsable de Shanghai qui souhaitait garder l’anonymat, a confié à Epoch Times que son bureau avait reçu des instructions à faire le maximum pour pousser la ville à atteindre le pic du Covid. « Que ceux qui sont censés devenir positifs le deviennent et que ceux qui sont censés mourir meurent », a-t-il commenté.

Alors que les médias d’État restent muets sur la situation actuelle dans le pays, les rapports des différentes agences gouvernementales sont bien contradictoires.

Le 25 décembre, les autorités de la province du Zhejiang ont enregistré un million de nouveaux cas du Covid, alors que les centres chinois de prévention et de contrôle des maladies n’ont signalé que 2983 nouveaux cas dans tout le pays pour le même jour.

Le régime a annoncé que la Chine rouvrira totalement les voyages à l’intérieur et à l’extérieur du pays à partir du 8 janvier 2023, ce qui a suscité des inquiétudes dans de nombreux pays du monde entier. Le 28 décembre, les autorités italiennes ont signalé que près de 50% des passagers de deux vols en provenance de Chine avaient été testés positifs au Covid.

Des voyageurs chinois quittent le hall d’arrivée de l’aéroport international de Rome Fiumicino, près de Rome, après avoir subi un test de dépistage au Covid-19, le 29 décembre 2022. (Filippo Monteforte/AFP via Getty Images)

La Chine – un pays de plus de 1,4 milliard d’habitants qui sont en manque d’immunité au virus après avoir été strictement confinés pendant plus de deux ans – est passée en un mois de la politique de « zéro Covid » à celle de « zéro sans Covid ». Ce changement soudain a laissé les experts de la santé du monde entier dans l’incertitude, car l’explosion des cas du Covid en Chine pourrait conduire le monde à l’exposition de nouveaux variants du virus.

Les médias occidentaux ont largement attribué ce changement soudain d’attitude du PCC aux manifestations tenues fin novembre en Chine contre la politique de zéro Covid. Cependant, selon le Dr Michael Ryan, directeur exécutif chargé de la gestion des situations d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pic du Covid en Chine n’est pas attribuable à la levée des restrictions imposées par l’État-parti.

Avant le changement de politique, « la maladie se propageait déjà de manière intensive parce que, je pense, les mesures de contrôle en elles-mêmes n’arrêtaient pas la maladie. Et je crois que la Chine a décidé, d’un point de vue stratégique, que ce n’était plus la meilleure option », a-t-il déclaré.

Toutefois, le passage du régime de la politique de « zéro Covid » à celui de « zéro sans Covid » a été assez prévisible.

Dès la fin de septembre, de nombreux médias d’État chinois ont ouvertement évoqué la question qu’il ne fallait pas aller trop loin dans l’application de la politique du zéro Covid.

Le 30 septembre, Xi Jinping et tous les hauts dirigeants du PCC se sont rendus sur la place Tiananmen à Pékin pour une cérémonie commémorative. Ils ont déposé des fleurs au monument aux Héros du peuple, érigé en souvenir de ceux qui sont morts pour le Parti. Les photos de la cérémonie montrent des centaines de personnes présentes qui ne portent pas de masque.

Pour un pays qui a strictement appliqué le port du masque dans le cadre du « zéro Covid », l’événement a été le premier signe bien clair de l’imminent changement de politique du régime.

Le 28 octobre, lors de son bref séjour dans la province du Henan, Xi Jinping a proclamé : « Le système socialiste chinois a été établi au prix du sacrifice de vies humaines. » Il a ajouté que ce sacrifice est également nécessaire dans l’ère moderne. Xi Jinping a visité la province après le XXe Congrès du PCC au début du mois, au cours duquel il a été réélu pour un troisième mandat de cinq ans à la tête du PCC.

Le 24  novembre, un incendie s’est déclenché dans un gratte-ciel confiné dans la ville d’Urumqi, faisant de nombreux morts et blessés à cause du blocage des voies de secours d’accès à l’immeuble. L’incident a provoqué des manifestations généralisées dans de nombreuses villes chinoises. Le 7 décembre, Pékin a officiellement levé sa politique de zéro Covid qui durait depuis presque trois ans.

Il est évident que le PCC a commencé à discrètement changer sa politique dès la fin septembre. Les manifestations de masse qui ont suivi l’incendie d’Urumqi du 24 novembre sont devenues une excuse parfaite pour que l’État-parti adopte ouvertement une nouvelle tactique.

La raison du changement de politique du régime est claire : préserver son règne au prix de la vie des Chinois.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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