La Chine acquiert 96 ports dans le monde, les experts mettent en garde contre les ambitions stratégiques de Pékin

Par Jenny Li
19 octobre 2022 16:26 Mis à jour: 19 octobre 2022 16:26

Après que les sociétés de médias chinoises ont été désignées comme des « missions étrangères » aux États-Unis et que les Instituts Confucius fermaient leurs portes les uns après les autres dans plusieurs pays, l’exportation de l’idéologie du Parti communiste chinois (PCC) a subi un revers. En même temps, l’État-parti chinois a acquis près de 100 ports d’importance stratégique dans le monde, ce qui rend évidents ses plans et ses ambitions de domination mondiale.

À ce jour, China Ocean Shipping (COSCO) et d’autres sociétés chinoises ont acquis des participations dans 96 ports dans le monde. Il y en a cinq aux États-Unis, notamment à Miami, à Houston, à Long Beach, à Los Angeles et à Seattle.

En Allemagne, China Logistics Group a obtenu un bail de 99 ans pour construire un centre logistique dans un nouveau port commercial de Wilhelmshaven. À seulement 5 kilomètres de ce port se trouve Heppenser Groden, la plus grande base navale et logistique d’Allemagne – le port où les navires de la Marine allemande sont construits et réparés, où les sous-marins se rendent et où l’OTAN effectue des exercices conjoints.

Le PCC vise maintenant sa 97e cible, en cherchant à acquérir une part de 35% des opérations du Container Terminal Tollerort à Hambourg, en Allemagne.

« Il est vrai que le Container Terminal Tollerort ne représente qu’une petite partie de l’ensemble du port de Hambourg mais, grâce à cette partie, la Chine peut influencer le commerce et la direction politique du port de Hambourg », a déclaré Robert Habeck, le ministre allemand de l’Économie.

Jan Ninnemann, professeur de logistique à l’école d’administration des affaires de Hambourg, a expliqué à Newsweek : « La prise de participation dans un terminal revêt une dimension stratégique importante », notamment parce que la Chine a son mot à dire sur les allées et venues des navires, sur le chargement et le déchargement des marchandises et sur leur destination.

Newsweek avertit également que d’autres experts s’inquiètent du fait que les opérateurs portuaires et logistiques traitent de grandes quantités de données relatives aux entreprises, aux transports et aux personnes dans des chaînes d’approvisionnement de plus en plus numérisées. La Chine pourrait installer des systèmes de communication Internet de fabrication chinoise pour traiter ces données, ce qui pourrait permettre au PCC d’accéder aux administrations gouvernementales locales.

Domination stratégique et programme militaire

Selon un article publié en 2021 par Liam Fox, l’ancien ministre britannique du Commerce international, et Robert McFarlane, l’ancien conseiller américain à la Sécurité nationale, le régime chinois possède des intérêts dans 96 ports du monde entier, dont certains sont situés dans des endroits clés pour le commerce maritime. Cela permet à Pékin d’acquérir une domination stratégique sans devoir déployer un seul soldat, navire ou arme.

En 2013, le dirigeant chinois Xi Jinping a proposé l’idée stratégique de la « Route de la soie maritime du XXIe siècle » – une tentative de relier à la Chine les ports de différents pays, de la côte chinoise jusqu’à l’océan Indien, le Pacifique Sud et même l’Europe.

Depuis lors, Xi Jinping a visité un port presque chaque année : notamment, en mars 2020, le port de Ningbo-Zhoushan, dans la province chinoise du Zhejiang, et le port grec du Pirée en 2019.

Le PCC a acquis le Pirée, situé sur la mer Égée et connu comme « le port des trois continents ». Il se trouve au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique.

Au Panama, au sud d’Amérique centrale, la Chine détient des parts dans trois des quatre principaux ports. Le canal de Panama relie les océans Atlantique et Pacifique.

COSCO Shipping a également acquis une participation de 60% dans le port de Chancay, au Pérou, et a pris une participation dans 61 ports dans 30 pays africains.

Au Moyen-Orient, l’État-parti chinois possède désormais des ports au Maroc, en Égypte, en Arabie saoudite, en Irak, aux Émirats arabes unis, à Oman et même en Israël.

L’une des raisons de l’obsession du rédime chinois à acquérir des ports dans divers pays est le fait qu’ils pourraient servir à ses fins stratégiques et militaires.

Des recherches menées par Isaac Carton, expert maritime au Naval War College de Rhode Island, montrent que les navires de la marine chinoise ont fait des escales ou des « arrêts techniques » dans 32 ports où des sociétés chinoises ont acquis des infrastructures commerciales.

Eyal Pinko, un ancien officier des services de renseignement israéliens, a expliqué, dans une interview accordée à Voice of America, que les ports peuvent facilement être utilisés pour collecter des renseignements navals.

« Vous pouvez localiser l’endroit où se trouve tel ou tel navire et suivre leurs communications. Une fois que vous possédez et exploitez le site portuaire, ces opérations sont très faciles à réaliser. Vous pouvez faire ce que vous voulez. Vous êtes le propriétaire du site », a-t-il précisé.

Des « forteresses » mobiles

Pékin considère les navires marchands chinois comme son « territoire mobile » et ses « forteresses de guerre ».

Bien que COSCO Shipping affirme être un partenaire commercial moderne lorsqu’il coopère avec des entités étrangères, Xu Lirong, ancien président et secrétaire du PCC à COSCO Shipping, a déclaré que la société « navigue pour la mère patrie » avec « le drapeau du Parti comme notre drapeau et la direction du Parti comme notre direction ».

Selon un rapport publié en octobre dernier par le journal chinois Guangming Daily, COSCO Shipping a été créée en 2016 conformément à « la stratégie de mise en œuvre des grandes décisions du Comité central du PCC » et elle a été l’une des premières entreprises à inclure les exigences de la direction et des directives du PCC dans les statuts de la société. COSCO Shipping compte 205 comités du Parti et ses 144 succursales locales, affirmant que ses navires sont la « patrie flottante » et que le PCC est son âme.

« Avec une succursale locale du Parti à bord, chaque navire est devenu une solide forteresse de guerre », affirme la société.

Selon une liste obtenue par Epoch Times, au moins 40 bureaux de COSCO ont des succursales locales du PCC qui dirigent de nombreux membres du Parti qui y travaillent – par exemple, COSCO Houston, COSCO New York, COSCO France, COSCO Hollande et COSCO Pirée.

Acheter des terrains près des bases militaires

En plus de l’acquisition de ports dans différents pays, le PCC cherche à acheter des terrains près des bases militaires des pays occidentaux.

Par exemple, aux États-Unis, Fufeng Group – le leader chinois de la transformation alimentaire – a acquis, en 2021, 370 acres de terres agricoles au nord de Grand Forks, dans le Dakota du Nord. Cet endroit se trouve à moins de 30 km de la base aérienne de Grand Forks, connue pour sa technologie de drones top secret.

Ce n’est pas une coïncidence si, depuis 2016, GH American Energy, succursale de la société chinoise GH Energy, a acheté de grandes étendues de terrain au Texas pour construire des centrales éoliennes, dont l’une se trouve à moins de 30 km de la base aérienne de Laughlin. Le propriétaire de GH Energy, Sun Guangxin, est « l’homme le plus riche du Xinjiang », il a servi dans l’armée chinoise pendant près de 10 ans.

En 2017, le régime chinois a proposé de dépenser 100 millions de dollars pour construire un jardin chinois orné, comprenant une pagode, au National Arboretum à Washington, capitale des États-Unis. Toutefois, les experts du contre-espionnage américain ont remarqué que la pagode devait être construite à l’un des points les plus élevés de Washington, à seulement 3 kilomètres du Capitole américain. C’était un endroit idéal pour recueillir des renseignements électromagnétiques, a révélé le reportage de CNN du 23 juillet dernier.

Une autre acquisition importante de terrain a été faite par Huawei, le géant de télécommunications d’État chinois. Le FBI a découvert que ses tours de téléphonie mobile étaient situées près de bases militaires dans le Midwest rural américain. Le FBI a également constaté que l’équipement de Huawei au sommet des tours pouvait capter et perturber les communications du ministère de la Défense, notamment celles du Strategic Command qui supervise les armes nucléaires américaines.

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