La conférence de Hong Kong sur les transplantations laisse un arrière-goût amer

27 août 2016 19:38 Mis à jour: 28 août 2016 17:06

HONG KONG — Ce qui devait être la célébration d’une réforme sur les transplantations d’organes en Chine s’est transformé en des conflits et contentieux.

Alors que les autorités chinoises avaient promis de remanier leur système de transplantation d’organes à compter du premier janvier 2015 – date à partir de laquelle plus aucun prisonnier exécuté n’était supposé être utilisé pour ses organes – les officiels mondiaux de la transplantation ont tenu leur conférence biennale à Hong Kong, comme pour affirmer l’engagement de la Chine envers l’éthique et la transparence.

Mais alors qu’il est devenu de plus en plus clair qu’aucun changement dans la politique chinoise, tant au niveau des lois que des pratiques, n’était prévu au programme, les dirigeants de la Société de Transplantation ont commencé à retirer leur soutien.

Lors d’une conférence de presse le 19 août, Philip O’Connell, président de la Société de Transplantation (TTS), l’organisme mondial de la profession qui accueillait la conférence, ainsi que Jeremy Chapman, président du comité du programme scientifique, ont publiquement rejeté l’idée qu’une réforme soit effectivement en cours en Chine.

« Je dois vous dire qu’il reste, dans de nombreux domaines, un profond sens de méfiance envers vos programmes de transplantation », a dit O’Connell, lisant les commentaires qui avaient déjà été présentés aux autorités chinoises. « Il est important que vous compreniez que la communauté internationale est consternée par la pratique à laquelle vous avez adhéré par le passé. »

« Beaucoup de personnes dans la communauté internationale ne sont pas convaincues que la Chine ait changé », a-t-il ajouté.

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Pourtant la veille, les média chinois rapportaient avec enthousiasme que les réformes menées par la Chine avaient été bien accueillies. « Les intellectuels pensent que le fait d’avoir une réunion exceptionnelle pour la transplantation d’organes en Chine démontre que le monde de la transplantation chinoise à véritablement été accepté par la société internationale de transplantation », écrit Ta Kung Pao, un journal pro-communiste de Hong Kong.

« Ils peuvent bien le dire, mais ça ne reflète pas la vérité », a répondu O’Connell à la conférence de presse, après qu’un journaliste ait cité ce passage.

Le premier indice annonciateur de la controverse s’est fait sentir la veille, le 18 août, durant un « séminaire » fermé à la presse internationale. Les plus important chirurgiens chinois s’étaient réunis pour disserter sur les réformes allégées supposées prendre place en Chine, déclarant qu’une « nouvelle ère de la transplantation » était en marche.

C’est ce séminaire qui a servi de support aux médias chinois pour prouver que le système chinois avait été accepté.

Cependant, ce qui s’y est réellement passé différait notablement de ces comptes reluisants.

Selon un participant, la bannière de bienvenue avait été décrochée par un chirurgien spécialiste du foie particulièrement critique, Zheng Shusen. Ce dernier figurait au départ sur le programme pour intervenir sur le sujet d’«  une nouvelle ère de la transplantation hépatique » en Chine. Mais pendant la réunion, un autre chirurgien, Sun Shiyong, a été appelé pour parler à sa place.

Zheng, cependant, s’est levé quand même et est monté sur l’estrade, selon un participant. Cinq minutes après s’être rassis, il est sorti précipitamment de l’auditorium.

Quand tous les discours ont été terminés, Jeremy Chapman s’est exprimé avec colère : « Parmi les présentation aujourd’hui, quelqu’un a présenté des recherches qui incluent des données venant de prisonniers exécutés. Nous le dénonceront au gouvernement chinois, il ne participera plus jamais à une conférence de La Société de Transplantation (TTS). La TTS est très sérieuse sur ce point », a-t-il dit, selon un participant.

La question de savoir pourquoi précisément Zheng s’est mis en porte-à-faux avec les dirigeants de la TTS reste posée. Chapman n’a pas donné de réponse claire lorsque celle-ci lui a été posée par un journaliste, lors de la conférence de presse du lendemain.

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Néanmoins, il se pourrait que cela ait à voir avec la double identité de Zheng Shusen en Chine, portée à l’attention des dirigeants de TTS par Epoch Times dans le courant de la semaine avant la conférence.

Zheng est le président de l’ « Association anti-culte de Chine » de la province de Zhejiang, une organisation dirigée par le Parti. Sa tâche est de diaboliser le Falun Gong, la discipline spirituelle chinoise dont les pratiquants, selon les enquêteurs, ont été tués en nombre important pour leurs organes.

Zheng est également le signataire d’un papier scientifique spécifiant la possibilité de trouver un foie correspondant sous 24 heures, une preuve clé indiquant qu’il y a une banque de donneurs répertoriés attendant d’être prélevés. Cela discrédite à la base les explications officielles sur l’origine des organes par les autorités chinoises, qui prétendent que les transplantations proviennent traditionnellement des prisonniers condamnés à mort.

Étant donnée l’absence de recoupement naturel entre les transplantations de foies et le département de propagande anti-Falun Gong, les enquêteurs ont mis en évidence les connections de Zheng Shusen comme un autre signe des liens entre la persécution du Falun Gong et l’industrie de la transplantation d’organes.

Lors de la conférence de presse, Jeremy Chapman a également qualifié de « grossier » un rapport récent d’Epoch Times qui attirait l’attention sur les liens précédemment non-divulgués entre son propre établissement, l’hôpital Westmead à Sydney, et le Troisième hôpital Xiangya de Changsha en Chine. Chapman a annoncé que les liens entre les deux hôpitaux avaient en effet été déclaré officiellement.

Un membre du comité éthique de TTS et le président de la Société de Transplantation d’Israel, le docteur Jacob Lavee, ont écrit en réponse aux remarques défencives de Chapman :

« En tant que membre du Comité éthique de TTS, je suis offensé que ni lui, ni le docteur Phillip O’Connell, président de TTS, n’aient jamais ressenti le besoin éthique le plus basique de partager l’information sur cette coopération de long terme entre leur hôpital et l’hôpital de Changsha, dans lequel la pratique d’utilisation d’organes prélevés sur des prisonniers exécutés est connue parmi les membres du Comité éthique de TTS. »

Les autorités chinoises ont adopté leur propres posture défensive le même jour.

Au matin du 19 août, Ta Kung Pao, le journal principal en lien avec le Parti communiste chinois à Hong Kong, a publié un article pleine page déclarant que les allégations de prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong emprisonnés, un groupe de pratiquant persécutés en Chine, étaient « ridicules ».

Wen Wei Po un autre journal pro-Parti, a publié un article similaire, usant par endroit d’un langage identique. Cette copie du journal était distribuée gratuitement à la sortie de certaines station de métro de Hong Kong – un moyen de distribution inhabituel pour ce journal.

Le fait que les prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong soit une allégation « ridicule » n’a pas été répété que dans la presse, mais sur nombre d’affiches et de bannières accrochées sur les barrières métalliques autour de l’entrée du Centre des Congrès et des Expositions de Hong Kong.

Ils ont été placés par un groupe ayant des liens documentés avec les organisations du Parti communiste de Chine continentale, impliquées dans la campagne anti-Falun Gong.

Version anglaise : Acrimony Mars Transplant Conference in Hong Kong

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