Les conséquences du Brexit pour la Chine

28 juin 2016 07:54 Mis à jour: 9 juillet 2016 00:08

Le résultat du référendum au Royaume-Uni qui s’est prononcé en faveur de la sortie de l’Union européenne (EU), a secoué les marchés financiers mondiaux. Même s’il faudra des mois, voire des années, pour évaluer l’impact du Brexit, ses conséquences ne seront pas ressenties uniquement à l’intérieur du Royaume-Uni et de l’UE.

Le Brexit aura une incidence sur les aspirations commerciales globales de la Chine et sur la croissance de ses investissements à l’étranger.

Au cours des mois précédant le vote du 23 juin dernier, des hauts responsables à Pékin ont exprimé leurs inquiétudes quant à la perspective d’une sortie britannique de l’UE. Ces préoccupations ont amplifié la crainte de voir le Brexit endommager les intérêts chinois en Europe et changerait le paradigme d’engagement de l’empire du Milieu dans le commerce mondial.

L’acccord de partenariat transatlantique en difficulté

Les négociations sur le TTIP seront suspendues jusqu’à ce que les 27 pays de l’UE établissent des nouvelles relations commerciales avec le Royaume-Uni.

Le Royaume-Uni a été le principal partisan de l’accord avec les États-Unis. Sans son soutien, les négociations du TTIP pourraient devenir encore plus difficiles, car le reste de l’UE est moins susceptible de céder sur certaines questions clés, en particulier celles liées à la réglementation de la sécurité alimentaire et à l’influence des multinationales américaines.

Comment cela affecte-t-il la Chine ?

D’une part, les États-Unis ont toujours considéré le TTIP comme un accord d’accompagnement de l’Accord de partenariat transatlantique (TPP). Si le TTIP est retardé ou sabordé, alors la mise en œuvre du TPP sera loin d’être assurée.

Le TPP – qui pour le moment exclut ostensiblement la Chine – fait partie du plan du président Obama de fortifier les relations commerciales des États-Unis avec les pays asiatiques et du Pacifique. La Chine travaille sur son propre accord commercial avec les pays d’Asie-Pacifique, appelé Partenariat régional global économique (RCEP), qui exclut les États-Unis.

Si le TPP trébuche suite à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, la Chine sera moins sous pression pour libéraliser ses politiques commerciales nationales et internationales, car les règlements américains seront relativement plus tournés vers l’intérieur du pays dans les domaines du travail, de l’environnement et de la propriété intellectuelle. Le poids et l’influence commerciale de la Chine parmi les pays asiatiques pourraient augmenter.

La perte d’un allié ?

D’un seul coup, le Brexit a changé les règles d’engagement de la Chine avec l’UE. À l’heure actuelle, l’UE est le principal partenaire commercial de la Chine (les États-Unis sont n° 2). Le commerce bilatéral avec le Royaume-Uni représente 10 à 15% des échanges commerciaux de la Chine avec l’UE.

La sortie du Royaume-Uni de l’UE pourra inciter les entreprises chinoises à réévaluer leurs investissements et échanges commerciaux avec le Royaume-Uni et le reste de l’Europe jusqu’à ce que les questions clés soient clarifiées. Quel sera le statut de Londres en tant que centre financier mondial ? Quels seront les futurs accords commerciaux entre le Royaume-Uni et le reste de l’UE ? Comment cela affectera-t-il la stabilité de la livre sterling (et de l’euro) en tant qu’importante monnaie mondiale ? Le Brexit, va-t-il inspirer des référendums similaires dans d’autres pays de l’UE ?

Le Royaume-Uni a joué un rôle important en tant que grand ami de la Chine. Le gouvernement conservateur et le Premier ministre David Cameron considéraient le domaine du commerce et des investissements avec la Chine comme une priorité absolue.

Les supporters du vote en faveur du « Sortir » participent à un rassemblement ténu à Manchester avec le maire de Londres Boris Johnson. (Christopher Furlong / Getty Images)
Les supporters du vote en faveur du « Sortir » participent à un rassemblement ténu à Manchester avec le maire de Londres Boris Johnson. (Christopher Furlong / Getty Images)

David Cameron a été le premier chef d’État de l’UE à faire pression pour la conclusion d’un accord de libre-échange entre Pékin et l’Union européenne. Il a également appuyé la demande d’octroi à la Chine du statut d’économie de marché (MES, pour Market Economy Status) au sein de l’UE, ce qui aurait rendu plus difficile pour les pays de l’UE d’imposer les droits de douane sur les importations bon marché. Le Royaume-Uni est également devenu le premier pays européen à rejoindre la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, l’institution chinoise rivale de la Banque mondiale.

L’enthousiasme du Royaume-Uni envers la Chine était souvent en conflit avec Washington et même avec ses propres intérêts. Malgré les problèmes bien documentés de l’industrie sidérurgique britannique entre les mains des Chinois, Downing Street a bloqué de nombreuses propositions de la Commission européenne qui voulait augmenter les tarifs douaniers sur les importations bon marché de l’acier chinois.

À l’avenir, la Chine devra négocier un accord commercial bilatéral avec le Royaume-Uni. A priori, ni l’Allemagne ni la France ne désireront défendre les intérêts de la Chine au sein de l’UE. L’Allemagne critique fréquemment la Chine sur son piètre bilan des droits de l’homme et la France a longtemps été contre l’octroi du statut de MES à la Chine.

Compte tenu de la future volatilité économique au sein de l’UE, qui exercera une pression négative sur l’euro, les exportations chinoises vers l’Europe pourraient diminuer d’une façon légère à modérée.

La destination d’investissements

Indépendamment du statut de Londres en tant que centre financier mondial, le Royaume-Uni a été la destination principale des investissements provenant de la Chine.

Selon un rapport conjoint du Rhodium Groupe et de l’Institut Mercator d’études de la Chine à Berlin, les investissements étrangers directs de la Chine au Royaume-Uni s’élevaient entre 2000 et 2015 à 15,1 milliards d’euros – les plus importants dans toute l’Europe – et représentaient 25% de tous les investissements chinois dans l’UE.

Wang Jianlin, l’homme le plus riche de Chine et président de la société de promotion immobilière Dalian Wanda, prévenait des risques de retrait des entreprises chinoises du Royaume-Uni en cas de Brexit.

Suite au Brexit, les relations incertaines du Royaume-Uni avec l’Europe continentale remettent en question l’efficacité des investissements chinois. Une situation post-Brexit qui limite l’accès du Royaume-Uni au reste de l’UE aurait un effet dévastateur pour les multinationales chinoises qui cherchaient à pénétrer l’Europe via le Royaume-Uni.

Version anglaise : What ‘Brexit’ Means for China

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