Contre-plainte d’Elon Musk: le milliardaire accuse Twitter de fraude

Par Zachary Stieber
7 août 2022 19:11 Mis à jour: 7 août 2022 20:15

Dans une contre‑plainte, Elon Musk accuse les cadres de Twitter d’avoir voulu le frauder en dissimulant le nombre réel de comptes robots (dits « bots »), qui sont de faux utilisateurs.

En juillet, Twitter a décidé de poursuivre Elon Musk pour avoir renoncé à vouloir acquérir la plateforme pour 44 milliards de dollars. Twitter a accusé le milliardaire d’avoir violé son accord de rachat.

Le dossier de la plainte visant à contrer cette poursuite (contre‑plainte) a été enregistré le mois dernier et obtenu par Epoch Times le 5 août. Dans le dossier, Musk affirme s’être appuyé sur les déclarations que Twitter a fait auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) concernant certains éléments essentiels de l’entreprise. Il s’agit notamment du pourcentage de faux comptes et de comptes spam, ainsi que des pratiques de modération.

Mais une fois que Musk a conclu l’accord, il a constaté que l’entreprise technologique refusait de lui donner accès aux livres et registres comptables pour vérifier les informations.

« Plus Twitter se dérobait à de simples requêtes, plus les représentants de Musk soupçonnaient Twitter de les avoir induits en erreur », peut‑on lire dans la contre‑plainte.

Un chiffre clé : 238 millions d’utilisateurs actifs quotidiens monétisables (utilisateurs qui regardent effectivement des publicités sur la plateforme et seraient donc considérés comme rapportant de l’argent). Mais ce chiffre est surestimé parce qu’il y a plus de faux comptes et de comptes spam sur la plateforme que Twitter ne l’affirme, affirme le dossier.

Il n’y a que 173 millions d’utilisateurs monétisables et la plupart des publicités sont diffusées à moins de 16 millions d’entre eux.

Twitter affirme que moins de 5% de ses utilisateurs sont des bots.

Lors d’une réunion tenue au mois de mai entre le milliardaire et les cadres de Twitter, Musk a tenté de comprendre comment Twitter avait atteint ce pourcentage. Selon la plainte, il a finalement été « stupéfait en comprenant à quel point les procédés de Twitter étaient déplorables ». Musk a appris que ceux en charge d’évaluer les faux comptes chez Twitter travaillaient sur un échantillon de 100 comptes seulement. Les cadres de Twitter n’étaient pas même en mesure de dire sur quels critères ces 100 comptes avaient été choisis.

« Contrairement à d’autres plateformes, Twitter n’envoie pas de courriel, de sms ou d’autres notifications aux utilisateurs pour vérifier leur identité. Musk s’est rendu compte que, au mieux, la confiance que Twitter accordait à son système et la façon dont il le vantait étaient imprudentes ; au pire, qu’elles étaient intentionnellement trompeuses », peut‑on lire dans la plainte. « Depuis lors, les informations divulguées par Twitter se sont lentement effilochées, Twitter fermant frénétiquement la porte aux informations dans une tentative désespérée d’empêcher les représentants de Musk de découvrir la fraude. »

D’après les données fournies par Twitter, analysées à l’aide d’un algorithme, un tiers des comptes visibles au mois de juillet pourraient être des faux ou des spams.

Les déclarations de Twitter au gouvernement contenaient « de nombreuses fausses déclarations ou omissions matérielles qui ont faussé le calcul de la valeur de Twitter et incité les représentants de Musk à accepter de racheter la société à un prix exagéré », poursuit le dossier.

La poursuite initiale de Twitter est décrite comme « rien de plus qu’une tentative de détourner l’attention de ces fausses déclarations ».

Musk demande au tribunal de rejeter l’action en justice de Twitter, de lui indemniser les frais et dépenses, et d’accorder toute réparation supplémentaire qui sera jugée appropriée.

L’accord

En avril, Musk a proposé d’acheter Twitter pour 54,20 dollars par action. Au mois de mai, il a mis l’opération en attente en raison de préoccupations concernant la proportion de comptes de spam. Le PDG de Twitter, Parag Agarwal, a répondu en déclarant que les estimations internes des quatre derniers trimestres montraient que les bots représentaient moins de 5% de l’ensemble des comptes Twitter.

Mais Musk a exprimé son scepticisme face à ces chiffres. « Vous ne pouvez pas payer le même prix pour quelque chose qui est bien plus mauvais qu’ils ne l’ont prétendu. … Plus je pose de questions, plus je suis inquiet », a déclaré Musk, lors d’un appel vidéo, à l’occasion d’un événement organisé par The All‑In Podcast au mois de mai.

En juillet, Musk s’est retiré de l’accord, refusant de payer les frais de résiliation d’un milliard de dollars.

En août, Twitter a adressé des citations à comparaître aux investisseurs, aux cabinets d’avocats et aux banques qui avaient soutenu l’offre publique d’achat de Musk. Dans le même temps, ce dernier a cité à comparaître JP Morgan et Goldman Sachs, les deux banques qui ont conseillé Twitter. Le procès doit commencer le 17 octobre.

Réponse de Twitter

Dans sa propre déclaration, en réponse aux demandes formulées dans la contre‑attaque, Twitter a déclaré que Musk avait passé des mois à « chercher une excuse pour se dégager du contrat » et a qualifié les demandes reconventionnelles de « conte fabriqué pour les besoins du litige contredit par les preuves et le bon sens ».

Même si l’entreprise ne comptait pas correctement le nombre de bots, Musk n’a pas le droit de se retirer de cet accord, affirme Twitter.

« Lorsque Musk a proposé de racheter Twitter, il n’a rien demandé et Twitter n’a fait aucune déclaration concernant le nombre de faux comptes ou de comptes de spam. L’accord de fusion ne contient pas une seule référence aux comptes faux ou spam. Musk n’a pas non plus sollicité d’informations auprès de Twitter pour ‘vérifier’ le nombre de comptes faux ou de comptes de spam avant de conclure l’accord de fusion », indique la réponse.

« Au contraire, Musk a renoncé à toute diligence raisonnable en donnant à Twitter vingt‑quatre heures pour accepter son offre à prendre ou à laisser avant de la présenter directement aux actionnaires de Twitter. »

La société californienne nie avoir fait des déclarations fausses ou trompeuses dans les documents déposés auprès de la SEC, notant avoir indiqué dans un de ces documents que son estimation du nombre de bots « peut ne pas représenter exactement le nombre réel de ces comptes, et le nombre réel de faux comptes ou de comptes spam pourrait être plus élevé que ce que nous avons estimé. »

« Nous attendons avec impatience le procès devant la Cour de la chancellerie du Delaware », a déclaré Bret Taylor, président du conseil d’administration de Twitter, dans un communiqué.

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