Des « corps avec un vagin » : la déshumanisation des femmes par le mouvement woke

Par Wesley J. Smith
8 octobre 2021 22:09 Mis à jour: 8 octobre 2021 22:09

Dans la série de romans de science-fiction Dune, des biotechnologues fabriquent des clones dans des appareils de reproduction appelés « cuves Axlotl ». Les lecteurs finissent par apprendre que ces « cuves » sont des utérus de femmes lobotomisées inconscientes – la maternité est réduite au statut de reservoirs de gestation, les femmes victimes de ce despotisme sont mécanisées dans une terminologie qui élude leur humanité.

Heureusement, au jour d’aujourd’hui, nous comprenons que le fait de déployer un tel vocabulaire pour décrire les femmes est immoral. Ou du moins, je le croyais, jusqu’à ce que de nombreuses personnalités intellectuelles et culturelles deviennent « woke ». Tout à coup, après des décennies de progrès – alors qu’il est désormais considéré comme misogyne d’utiliser des termes autrefois courants comme « poulettes » ou « meufs » – les femmes sont grossièrement identifiées à l’aune de certaines parties de leur corps ou fonctions biologiques.

L’exemple le plus récent est apparu dans les pages de la plus ancienne revue médicale, The Lancet. Dans un article consacré à l’exposition d’un musée intitulée « Une brève histoire des règles », l’auteur s’en réfère aux femmes comme des « corps avec un vagin ».

Des « corps avec un vagin » ? Peut-on être plus misogyne ? Si Donald Trump avait qualifié les femmes d’une manière aussi sexiste et dégradante, il aurait provoqué un tollé médiatique sans précédent.

Au lieu de cela, c’est le silence complet. Ou entend-on quelques applaudissements ? Que se passe-t-il ? Voilà le résultat des revendications transgenres. Selon ce courant de pensée, puisqu’un faible pourcentage de filles et de femmes savent en leur for intérieur qu’elles sont en réalité des hommes et que certains garçons et hommes s’identifient pour leur part comme des femmes, au nom de l’équité et de l’inclusion, notre lexique doit reconnaître que toutes les femmes n’ont pas forcément d’organes génitaux féminins – quand certains hommes en ont.

Et dans cette redéfinition, nous ne pouvons pas simplement appeler les femmes des « femmes ». C’est odieux ! Ce n’est pas inclusif ! C’est transphobe ! Il faut donc employer une dénomination commune qui permettra de décrire les personnes nées biologiquement femmes sans faire référence à leur sexe de naissance, d’où une définition qui doit dissocier le genre de l’organe reproducteur.

Voici un autre exemple. Lorsque le JAMA Pediatrics plaide en faveur de l’autorisation des mastectomies pour les adolescentes diagnostiquées comme souffrant de dysphorie de genre, l’article fait référence à l’anxiété des filles face au développement des seins comme à une « dysphorie de la poitrine ». Les mastectomies qui permettront de solutionner ce trouble, sont une « chirurgie de la poitrine ». L’idée est de valider l’aversion de la patiente pour les caractéristiques sexuelles secondaires de la femme. À noter qu’on ne s’attarde pas à expliquer en détail les différentes étapes du remède, ni ses implications.

Il n’y a pas que les revues médicales. Il y a quelques années, un article paru dans The Atlantic s’en référait à l’allaitement d’un nourrisson comme d’une « alimentation par la poitrine ». L’histoire concernait un « homme » transgenre qui avait accouché et était capable d’allaiter malgré une mastectomie, qui avait supprimé le tissu mammaire extérieur.

L’administration Biden s’est engagée dans cette même réduction terminologique. Récemment, une proposition de subvention faisait référence aux mères en tant que « personnes qui accouchent ». De même, comme l’a noté Maggie Hroncich, il y a peu, dans une chronique publiée dans The Federalist, des membres démocrates du Congrès ont fait référence à des mères afro-américaines par le qualificatif de « personnes noires qui accouchent », le tout justifié par l’organisation prétendument féministe NARAL.

« Lorsque nous parlons des personnes qui accouchent, nous sommes inclusifs », écrit l’organisation sur Twitter. « Nous utilisons un langage neutre en termes de genre lorsque nous parlons de grossesse, car il n’y a pas que les femmes cisgenres qui peuvent tomber enceintes et donner naissance. La liberté reproductive est pour toutes les personnes. »

Mais selon Maggie Hroncich : « La terminologie de la gauche ne vise pas seulement à éradiquer certains mots, mais finalement à effacer le caractère unique de l’expérience de la maternité. »

Et en quoi cela prive les femmes de ce qu’elles sont essentiellement ? Un article paru dans le Journal of Medical Ethics a mis au point une dénomination des genres basée sur les chromosomes. L’article défendait le droit fondamental des hommes biologiques à recevoir des greffes d’utérus et l’auteur décrivait les femmes nées avec un utérus comme des « femmes XX » et les hommes qui s’identifient comme des femmes comme des « femmes XY ». Au moins, l’auteur aura préservé le mot « femmes ».

L’exemple le plus extravagant de cette déconstruction terminologique déshumanisante a été produit par le groupe de défense des droits des homosexuels Human Rights Campaign, dans sa brochure intitulée « Safer Sex for Trans Bodies » (pdf). Tout d’abord, la brochure efface le mot « vagin » comme étant inapproprié pour désigner l’organe sexuel d’une femme biologique et le remplace par « trou de devant ». C’est aussi grossier et misogyne que puéril, une description que produirait un enfant en bas âge.

Ensuite, le guide fait preuve d’un complet surréalisme en affirmant que les vrais vagins sont ceux qui sont fabriqués chirurgicalement lors de la chirurgie de transition de l’homme vers la femme : « VAGIN : nous utilisons ce mot pour parler des organes génitaux des femmes trans qui ont subi une chirurgie du bas. » Donc une femme biologique n’a pas de vagin. Mais un homme biologique qui s’identifie comme une femme et qui a été modifié chirurgicalement pour refléter cette conviction en a un. Une dialectique ahurissante.

La dégradation (pour ainsi dire) des qualificatifs féminins n’est pas l’apanage des seuls défenseurs de l’idéologie transgenre. L’industrie de la fécondation déploie maintenant un verbiage qui rappelle étrangement la cuve Axlotl.

Avec la fécondation in vitro, il est assez fréquent que les femmes portent des bébés qui ne sont pas leur progéniture biologique. Autrefois, on les appelait « mères biologiques ». Quoi que l’on pense de cette pratique, le terme reconnaissait au moins une dépendance physique du bébé à la femme qui le portait. Plus tard, ces femmes ont été appelées « mères porteuses », ce qui est moins personnel et omet le processus d’« accouchement », mais on reconnaît toujours le fait essentiel qu’une femme porte cet enfant.

Aujourd’hui, le langage de l’industrie de la fertilité désigne ces femmes par le terme impersonnel de « gestatrice », un terme déshumanisant qui prive la femme qui donne naissance à la fois de son humanité et de sa maternité. Comme dans la cuve Axlotl, elle n’est que la somme de ses fonctions gestationnelles.

Quel est l’enjeu de ces changements lexicaux ? Les mots que nous utilisons pour nous décrire et décrire nos relations interpersonnelles influencent profondément notre façon de penser. En rendant le langage froid et neutre, en réduisant les femmes à de simples parties ou fonctions du corps, nous privons nos mères, nos filles, nos épouses et nos sœurs de l’aspect féminin essentiel de leur personnalité. Non seulement cela fait des femmes et des filles des objets, mais cela nous mène également droit vers l’anarchie sociale.

Il ne s’agit en aucun cas de dénigrer les personnes transgenres, ou de les rabaisser. Nous méritons tous le même respect en tant qu’êtres humains. Mais nous ne devons pas céder le langage à des envahisseurs culturels irrationnels qui brandissent un lexique de la déconstruction pour modeler la société à leur image tordue.


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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