Cuba est accusée d’utiliser des systèmes technologiques chinois pour bloquer l’accès à l’internet dans un contexte de protestations

Par Mimi Nguyen-ly
14 juillet 2021 21:05 Mis à jour: 14 juillet 2021 21:05

La république de Cuba est accusée d’avoir adopté des systèmes technologiques fabriqués en Chine pour contrôler et bloquer l’accès à Internet, alors que des rapports indiquent que les applications de messagerie et le service internet des Cubains sont bloqués dans le pays sous domination communiste, après que des milliers de citoyens sont descendus dans la rue le 11 juillet pour protester contre le manque de liberté et la détérioration des conditions économiques.

Dans un communiqué publié le 11 juillet sur Twitter, le sénateur Marco Rubio (Parti républicain, Floride) a prévenu que le régime cubain « bloquerait bientôt les services Internet et de téléphonie mobile pour empêcher que des vidéos sur ce qui se passe soient diffusées dans le monde ».

Plus tard dans la journée, il a écrit : « J’ai lancé un avertissement à ce sujet plus tôt dans la journée. C’est en cours, et cela va continuer. […] Au fait, ils utilisent un système fabriqué, vendu et installé par la #Chine pour contrôler et bloquer l’accès à Internet à #Cuba. »

Le Parti communiste chinois est un proche allié et soutien du régime cubain.

Le 11 juillet, des milliers de citoyens cubains sont descendus dans la rue dans plusieurs villes de l’île communiste des Caraïbes, réclamant plus de libertés et la fin de la dictature communiste. Ils ont également protesté contre les pénuries alimentaires et les prix élevés des denrées alimentaires, dans un contexte de dégradation des conditions économiques du pays, aggravée par la pandémie.

Selon l’Associated Press, les manifestants se sont rassemblés aux points de ralliement partagés sur des plateformes de médias sociaux populaires comme Twitter et Facebook. Les autorités ont ensuite commencé à fermer les services internet dans certaines villes dans l’après-midi du 11 juillet pour empêcher les dissidents de diffuser les manifestations en direct, rapporte l’agence de presse.

L’Open Observatory of Network Interference (OONI), un organisme mondial de surveillance de la censure sur Internet, a indiqué le 12 juillet que Cuba avait commencé à bloquer les applications de messagerie WhatsApp, Telegram et Signal dans le cadre des manifestations.

Alp Toker, directeur de Netblocks, une société de surveillance d’Internet basée à Londres, a déclaré à l’Associated Press que Facebook, WhatsApp, Instagram et Telegram avaient été bloqués. Twitter ne semblait pas être bloqué, mais Alp Toker a déclaré que le régime pourrait le couper s’il le souhaitait.

L’accès à Internet a toujours été limité et est coûteux à Cuba. Le régime communiste a annoncé en 2017 qu’il allait progressivement étendre les services internet à domicile. Ce n’est qu’en 2019 que les foyers et les entreprises ont été autorisés à utiliser des réseaux Wi-Fi privés. Les Cubains n’ont également obtenu un accès complet à l’Internet mobile qu’en décembre 2018 via l’entreprise publique de télécommunications ETECSA – la seule entreprise à fournir un accès à Internet dans le pays.

Mais de ce fait, elle exerce un contrôle étendu sur les communications. Selon Human Rights Watch, le régime cubain étouffe régulièrement les voix qui publient des informations critiques à l’égard du gouvernement en les soumettant à « des harcèlements, des violences, des campagnes de dénigrement, des restrictions de voyage, des coupures d’internet, du harcèlement en ligne, des descentes à leur domicile et à leur bureau, des confiscations de matériel de travail et des arrestations arbitraires », ainsi qu’en les détenant au secret.

 

Freedom House considère que Cuba n’est « pas libre » en matière de liberté d’Internet, avec une note de 22 sur 100.

Le régime chinois avait déjà été mis en cause auparavant par divers groupes comme étant susceptible de fournir au régime cubain des technologies utilisées dans le cadre de sa censure.

En décembre 2020, l’Institute for War and Peace a signalé que les principaux fournisseurs de technologie d’ETECSA sont trois entreprises chinoises – Huawei, TP-Link et ZTE.

L’OONI a signalé en 2017 que le géant chinois des télécommunications Huawei a été « pris en train de soutenir l’infrastructure Internet de Cuba ».

« L’en-tête du serveur des sites bloqués, par exemple, pointait vers des équipements Huawei », peut-on lire dans le rapport. « S’il est clair que Cuba utilise les points d’accès de Huawei, il reste difficile de savoir si et dans quelle mesure l’entreprise met réellement en œuvre la censure de l’internet dans le pays. »

Le groupe a également déclaré avoir trouvé des codes chinois utilisés pour les portails d’accès Wi-Fi à Cuba, notant que le portail de connexion de l’entreprise publique ETECSA contient dans son code source des « commentaires écrits en chinois ». Le rapport indique que cela « indique qu’ETECSA a probablement engagé des développeurs chinois pour mettre en œuvre le portail ».

Le rapport note également que l’en-tête HTTP du serveur contenait « V2R2C00-IAE/1.0 », qui « semble être associé à un équipement Huawei appelé eSight », un système de gestion de réseau.

Cette observation a également été relevée par l’organisation non gouvernementale Qurium Media Foundation, basée en Suède, dans un rapport de juin 2020.

« La présence de l’en-tête V2R2C00-IAE dans certaines réponses de ‘Web Filtering’ suggère la présence d’un produit NIP (Huawei Intrusion Detection System) qui se trouve en ligne dans le réseau », peut-on lire dans le rapport.

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