Des scientifiques chinois implantent des gènes du cerveau humain chez des singes

Par Daniel Holl
15 avril 2019 19:27 Mis à jour: 27 septembre 2019 19:30

Des scientifiques chinois ont implanté des gènes du cerveau humain à des singes, faisant ainsi un pas de plus vers ce qui a été décrit comme le « cauchemar éthique » de la manipulation génétique.

Dans une étude publiée le mois dernier dans la National Science Review de Pékin, la revue de l’Académie chinoise des sciences, les scientifiques ont inséré le gène humain MCPH1, qui a été lié au développement du cerveau, dans 11 embryons de singes via un virus qui a transmis le gène dans le cerveau des singes.

Sur les 11 macaques rhésus utilisés dans l’expérience, 6 sont morts. Des expériences ont été menées sur les 5 autres.

« L’utilisation de singes transgéniques pour étudier les gènes humains liés à l’évolution du cerveau est une voie très risquée », a déclaré James Sikela, un généticien qui travaille avec des primates à l’Université du Colorado, à la revue en ligne MIT Technology Review.

« Il est troublant que ce domaine fasse l’objet d’autant d’abus. »

Science abstraite ?

L’expérience, selon l’équipe scientifique en Chine, était une tentative de comprendre le processus évolutif qui a conduit à l’intelligence humaine. Les chercheurs croient que le gène MCPH1 pourrait fournir une partie de la réponse.

Les scientifiques ont effectué une série de tests sur les singes transgéniques, y compris des IRM et des tests de mémoire, qui ont montré que les singes avaient une meilleure mémoire à court terme et des temps de réaction plus rapides que le groupe témoin. Leur cerveau a également mis plus de temps à se développer, comme c’est le cas chez l’homme.

Bien que l’équipe chinoise affirme que ses conclusions sont importantes, d’autres scientifiques demeurent très sceptiques.

Un singe rhésus porte son bébé sur son dos au parc national de Hlawga, à Mingaladon. (Ye Aung Thu/AFP/Getty Images)

Martin Styner, un informaticien de l’Université de Caroline du Nord, qui est co-auteur de l’étude, a déclaré au MIT Technology Review qu’il envisageait de retirer son nom du journal. Le rôle du professeur Styner se limitait à enseigner aux étudiants chinois comment utiliser les données de l’IRM pour recueillir des données sur le volume du cerveau, dit-il.

« Quand nous faisons des expériences, nous devons bien comprendre ce que nous essayons d’apprendre, pour aider la société, et ce n’est pas le cas ici », a dit le Pr Styner au MIT Technology Review.

« Je ne pense pas que ce soit une bonne direction.

« Ils essaient de comprendre le développement du cerveau. Et je ne pense pas qu’ils y arriveront. »

ZHENGZHOU, CHINE – 27 JANVIER : Des singes rhésus s’enlacent dans la neige au zoo de Zhengzhou le 27 janvier 2018 à Zhengzhou, province du Henan en Chine. (Photo par VCG/VCG via Getty Images)

Barbara J. King, professeure émérite d’anthropologie au College of William and Mary, dans une entrevue par courriel avec Vox, a déclaré que la justification de l’expérience était erronée.

« Il y a plus de singes génétiquement modifiés qui sont morts – six – qu’il y en a qui ont survécu, si bien que dès le début, nous constatons que l’intervention est souvent mortelle », a dit la professeure King.

Ce genre d’expérience est « un cauchemar éthique », a-t-elle ajouté.

« Les coûts sont terriblement élevés et il n’y a pratiquement aucun avantage pour l’humanité ; on reconnaît de plus en plus que les modèles animaux ne fonctionnent tout simplement pas bien pour étudier les processus humains complexes », a dit la Pre King.

« De quel droit soumettons-nous ces primates à de telles procédures grotesques ? »

Une autre affaire impliquant des singes

La Chine a été à l’avant-garde des progrès scientifiques douteux. En janvier, des scientifiques chinois ont cloné des singes porteurs de gènes qui leur a attribué une maladie congénitale débilitante. Ils ont déclaré que l’intention de ces modifications était d’utiliser ces singes comme modèles pour créer différentes maladies génétiques.

Les scientifiques ont modifié leurs gènes de manière à perturber les cycles naturels du sommeil des singes, ou rythmes circadiens. On s’attend à ce que les singes aient une vie remplie d’anxiété, de dépression et de schizophrénie.

En Chine, une industrie massive d’élevage de singes s’est développée ces dernières années pour répondre à la demande croissante des scientifiques pour des sujets d’essai, selon le magazine mensuel américain The Atlantic. Ces installations élèvent des macaques pour la recherche nationale ou, surtout, pour l’exportation vers des chercheurs à l’étranger. Le prix d’un seul singe est beaucoup plus bas en Chine qu’aux États-Unis, où il n’est que de 1 300 € (2 000 $ CA ou 1 500 $ US), contre 5 300 € (8 000 $ CA ou 6 000 $ US) aux États-Unis.

The Atlantic a rapporté que de nombreux scientifiques américains se rendent en Chine pour effectuer des expériences qui sont inacceptables sur le plan éthique aux États-Unis. Entre-temps, le régime chinois a également augmenté le financement de ces projets de recherche au fil des ans.

En novembre dernier, un chercheur chinois a provoqué un scandale dans la communauté scientifique après avoir prétendu avoir modifié l’ADN d’un groupe de jumelles humaines, en éditant les gènes embryonnaires de ces fillettes, soi-disant pour augmenter leur immunité contre le virus VIH. Bien que le scientifique, He Jiankui, a été publiquement réprimandé et renvoyé de son poste universitaire, d’autres soupçonnaient qu’il avait reçu le soutien de l’État.

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