Du lait néo-zélandais venant de 20.000 km et moins cher que le lait français bientôt dans nos rayons?

Par Nathalie Dieul
7 décembre 2023 11:15 Mis à jour: 7 décembre 2023 15:54

Importer des pommes, de la viande, du fromage, du miel ou du lait depuis la Nouvelle-Zélande, pratiquement sans droit de douane, sera bientôt possible grâce à un accord de libre-échange qui crée la polémique. Quelles seront les conséquences environnementales et les conséquences sur les agriculteurs français de ce texte validé le 22 novembre 2023 ?

Malheureusement pour les agriculteurs français, l’accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande a été validé et entrera en vigueur « d’ici la mi-2024 », contrairement à celui avec l’Australie qui a été abandonné un mois plus tôt.

La quasi-totalité des droits de douane européens (98,5%) sur les importations néo-zélandaises seront supprimés dans sept ans. La Nouvelle-Zélande pourra donc exporter sans problème ses produits : kiwis, pommes, poisson, vin, oignons, miel ainsi que des quantités limitées de fromage, lait, viande ovine et bovine, précise Le Figaro. Ces denrées viendront par bateau et parcourront 20.000 km pour parvenir jusque dans les rayons de nos supermarchés.

« Les producteurs qui nous nourrissent tous les jours ont du mal à survivre », s’inquiète Nicolas Chabanne, fondateur de la marque ‘C’est qui le patron’, en entrevue à BFMTV. « Et là ils apprennent dans un moment de grande fragilité — vous les voyez manifester partout en France — que des produits moins chers pour les consommateurs (…) vont arriver en rayon alors qu’ils ne s’en sortent pas. »

La Nouvelle-Zélande étant le premier producteur mondial de lait, les producteurs français sont particulièrement inquiets de cette concurrence déloyale. À terme, il est prévu d’importer 15.000 tonnes de lait, 25.000 tonnes de fromage et de beurre, le tout à très bas prix. Le lait importé sera du lait en poudre.

« On ne pourra jamais les concurrencer sur les coûts de production », remarque un éleveur laitier, Martin Babé, découragé.

Nicolas Chabanne rappelle que 100.000 exploitations agricoles ont fermé leurs portes en France dans les dix dernières années, soit 27 par jour, 200 par semaine. « Si on n’a plus ces producteurs près de chez nous pour nous nourrir et nourrir nos enfants, faire le pari du bateau du bout du monde qui arrivera à Paris après 20.000 km de mer, dans un contexte géopolitique en plus un peu compliqué, je me demande si c’est très raisonnable. »

Même réaction chez Thierry Coste, lobbyiste et auteur du livre Le Plan secret de nos élites contre le monde rural, qui dénonce qu’ « on continue de massacrer nos économies ». Il s’emporte sur RMC : « On doit produire localement, assumer localement et d’un coup, l’Union européenne avec ses technocrates, balaie tout ça et se f*** des États membres. »

Préoccupations environnementales

L’autre inquiétude derrière ce texte se situe au niveau environnemental. Pour que l’accord avec la Nouvelle-Zélande soit accepté par l’UE, le pays du sud-ouest du Pacifique doit appliquer l’accord de Paris sur le climat comme unique condition. Or, le lait et les autres produits néo-zélandais importés devront parcourir une longue distance en bateau et arriver 40 jours plus tard dans l’Hexagone, ce qui n’est pas logique à cause du bilan carbone généré par ces voyages.

Quant au miel français, « à peu près trois fois plus cher » selon Nicolas Chabanne, cette concurrence déloyale risque d’avoir bien d’autres effets indésirables aux conséquences désastreuses sur notre territoire : les abeilles. L’entrepreneur a rencontré des apiculteurs lors d’une manifestation à Paris le 30 novembre dernier. Ils l’ont averti d’une sérieuse menace si l’on arrêtait de produire du miel français. « Ces abeilles qui pollinisent, qui permettent de générer 30% de notre nourriture, 80% des fleurs et des végétaux (…) seront en grand danger », rapporte-t-il.

Les normes différentes dans l’archipel de l’Océanie et chez nous sont une autre source de préoccupation puisqu’en Nouvelle-Zélande, certains pesticides utilisés dans les prairies sont interdits d’utilisation en Europe. « On impose aux agriculteurs français des normes très strictes en matière environnementale, quand on importe, on sait très bien que les contrôles sont très très souples », assure Thierry Coste.

Pour la députée européenne Nathalie Loiseau, qui a avoué au micro de Sud Radio avoir voté pour le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, le texte permettra avant tout à la France d’ « exporter davantage de vin, de spiritueux, de fromages ». Quant aux importations, elles se feront désormais avec des règles. « On a le choix avec un commerce qui existe mais qui n’est pas régulé, et un accord qui met des règles sur ce commerce », propose-t-elle. Il y a déjà des échanges bilatéraux pour une valeur de 9,1 milliards d’euros en 2022. Les exportations de l’UE vers la Nouvelle-Zélande pourraient augmenter de 4,5 milliards d’euros par an.

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