En Ecosse, les pêcheurs désespèrent face à la disparition des saumons sauvages

Par Epoch Times avec AFP
25 septembre 2022 14:45 Mis à jour: 25 septembre 2022 14:51

Au milieu des rapides de la Spey, un bruissement métallique se fait entendre: Ian Gordon lance sa ligne, puis attend qu’un poisson morde à l’hameçon. En vain: les rivières écossaises se dépeuplent de leurs fameux saumons sauvages.

Pêcheurs et associations écologique tirent la sonnette d’alarme face aux effets du réchauffement climatique, de la déforestation et de la prolifération de parasites.

Davie Brand tient le premier poisson pêché le jour de l’ouverture de la saison du saumon à la rivière Spey le 11 février 2016 à Aberlour, en Écosse. Photo de Jeff J. Mitchell/Getty Images.

« J’ai commencé à pêcher ici dans les années 1970, quand j’étais gamin », explique à l’AFP Ian Gordon. « Et à l’époque, pas besoin d’attendre longtemps pour remonter un beau saumon! »

 Des centaines de milliers de jeunes saumoneaux voyageaient  à travers les fleuves écossais

Le nombre de « poissons a commencé à diminuer entre le milieu des années 1980 et la fin des années 1990 », affirme-t-il, « aujourd’hui il ne reste qu’environ 20% des poissons » présents à l’époque.

Auparavant, des centaines de milliers de jeunes saumoneaux atlantiques voyageaient chaque année à travers les fleuves écossaises pour rejoindre l’océan. Un quart d’entre eux revenait ensuite pondre dans leurs eaux natales, contre seulement 4% aujourd’hui, selon le Comité de pêche de la Spey.

Pour l’ensemble de l’Ecosse, où les pêcheurs à la ligne sont obligés par un code de la protection de l’environnement de relâcher leurs trophées, 35.693 prises ont été comptabilisées en 2021, soit le plus bas chiffre depuis le début de ces tristes records.

Un bilan « cohérent avec le déclin général du nombre de saumons revenant en Ecosse », a estimé en juin un rapport du gouvernement écossais.

Pour les pêcheurs comme Ian Gordon, cela tient en partie à la surpêche du hareng, espèce sur laquelle repose « tout un écosystème » au Royaume-Uni. Faute de hareng, c’est désormais le saumon arrivant dans l’océan qui devient la proie des plus gros que lui.

« On a un vrai problème dans l’océan. Et le changement climatique est bien entendu le premier facteur », ajoute Andrew Graham-Stewart, directeur de l’association Wildfish Scotland. « On ne peut pas faire grand chose », soupire-t-il, sondant depuis un pont aux abords de Bonar Bridge les profondeurs de la Spey.

Planter plus de 200.000 arbres le long de la rivière depuis 2013

« Quand les poissons arrivent dans la mer, ils ne trouvent clairement pas toute la nourriture dont ils ont besoin », ajoute-t-il. Selon lui, c’est notamment dû au manque d’arbres en amont des rivières écossaises, l’Ecosse ayant perdu « sans doute 95% » de ses forêts ces derniers siècles à cause des guerres, de l’industrialisation et de l’agriculture.

Les pêcheurs assistent à la journée d’ouverture de la saison du saumon sur la rivière Spey le 11 février 2016 à Aberlour, en Écosse. Photo de Jeff J. Mitchell/Getty Images.

Les forêts contribuent à apporter de l’ombre aux espèces marines et ralentissent le ruissellement des eaux de montagne, assurant un flux plus constant tout au long de l’année. Le tout permet à l’eau de rester « relativement froide, et les saumons ont besoin de fraicheur pour survivre et se développer », explique M. Graham-Stewart.

Certaines organisations ont décidé d’agir. La Fondation du fleuve Dee et le Comité de pêche du district de Dee ont ainsi planté depuis 2013 plus de 200.000 arbres le long de la rivière, visant même un million d’ici 2035.

En 2016, des groupes locaux ont enlevé de la rivière Carron un barrage en béton vieux d’un siècle, permettant ainsi à l’eau de s’écouler et de faciliter le chemin aux saumons.

Mais cela ne règle pas tout pour Andrew Graham-Stewart, qui accuse aussi les élevages intensifs des îles écossaises et des Highlands de jouer un rôle « énorme » dans la disparition du saumon sauvage, en propageant notamment les poux de mer.

Les saumons bon indicateur de l’état de la mer

La concentration de millions de poissons dans de petits bassins favorise en effet le développement des parasites, explique-t-il. Le poux de mer se propage ensuite aux saumons sauvages, qui finissent mangés vivants par le parasite.

Les fermes piscicoles réfutent ces accusations, affirmant que protéger l’environnement et veiller à la santé des poissons est fondamental dans leurs activités.

Après une longue session à jeter ses hameçons dans la Spey, Ian Gordon repart bredouille. Retirant ses bottes imperméables et fixant sa canne à pêche sur le toit de sa voiture, il estime que les saumons « donnent un bon indicateur pour savoir si la mer est en bon état ou non »: « Là maintenant, ils nous disent +Attendez une minute les gars… Quelque chose ne tourne pas rond!+ ». 

 

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