« La France va manquer de vin cette année » : comment le réchauffement climatique met en danger nos vignerons

30 octobre 2017 11:39 Mis à jour: 30 octobre 2017 15:09

Avec ses voisins européens de l’Ouest, la France suit actuellement une pente descendante avec une chute de 36,7 millions d’hectolitres, soit 19% par rapport à l’année précédente. La production espagnole a pour sa part baissé de 15%, et l’Italie de 23%. Certains vignerons ont beaucoup souffert : dans le Bordelais, près de la moitié des vignes ont été perdues. Le Languedoc, le Jura, l’Alsace et la Vallée du Rhône ont également souffert.

Vin rosé (coteroanaise.fr)

« On va déjà manquer de vin cette année. La situation est critique, mais elle n’est pas dramatique », déclarait à L’Express Georges Haushalter, président de la commission économique du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). Le négociant en vin n’est pas optimiste sur la situation des vignerons : « Localement, il y a déjà beaucoup de tension. En Bourgogne par exemple, où il y a eu trois années difficiles à cause du gel, on m’a dit que des vignerons de Pommard étaient au bord de la faillite. On parle quand même de Pommard ! »

Cause de cette chute : les aléas climatiques. Les gelées tardives ont gravement touché les cépages ; certains vignobles de l’appellation Sauterne ont été gelés à 80%. Le Muscadet a perdu 70% de sa production. Vient ensuite la sécheresse estivale, qui a eu un fort impact sur le rendement des vignes.

La bonne dynamique de la demande et les stocks existants permettent de limiter le problème, au moins à court terme. L’année prochaine sera très importante pour savoir si ces pertes, qui s’élèvent à près d’un milliard pour le vignoble bordelais, seront ou non absorbées. « Le problème c’est que l’on risque de manquer de vin et que cela freine la consommation. Nous n’avons pas peur de perdre des parts de marché, mais plutôt de perdre des marchés », conclut-il.

Le réchauffement climatique

Malgré une production mondiale en baisse, certains pays tels que l’Australie ou l’Afrique du Sud ont été relativement épargnés.

Les dérèglements du climat ont toujours existé pour les vignobles ou autres cultures maraîchères. Cependant, pour la première fois, le secteur relie la problématique du réchauffement avec ces incidents. Jean-Marie Aurand, directeur général de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin, reconnaît qu’« il y a toujours eu des accidents climatiques ». « En revanche, ce qui a changé avec le réchauffement c’est l’ampleur et la fréquence des problèmes de cet ordre » », estime-t-il.

Un vignoble d’Amérique du Sud. (vacancesameriquedusud)

Les pays d’Amérique du Sud, acteurs émergents du secteur, connaissent ainsi une croissance aléatoire. D’après les statistiques, en 2016, le phénomène climatique El Nino et le surplus d’humidité ont en effet eu un impact négatif sur la production en Argentine, au Chili et au Brésil, qui a vu sa production chuter de 55%.

Les températures plus douces ont aussi donné des idées à des régions nordiques. La Bretagne, qui comptait 1 000 ha de vignes au début du XXe siècle, pourrait ainsi relancer sa culture viticole. « Si le réchauffement climatique continue, il y aura certainement des commerciaux en vin dans notre région dans quelques années », remarque Gilles, expert en vin et écrivain.

Hervé Quenol, directeur de recherches au CNRS, étudie la culture vignoble et se projette dans l’avenir. D’après le scientifique, il est difficile de mesurer les effets réels du changement climatique, ce qui rend frileux toute prise de position des experts sur la question.

Vin breton. (construirelabretagne.bzh)

« Il y a encore une dizaine d’années, après une période froide ou des épisodes de gel, certains médias ou une partie de l’opinion publique et des viticulteurs se seraient interrogés sur l’existence du changement climatique », explique t-il dans Rue89lyon. 

D’après lui, l’évolution de cette pensée suit son cours au sein de la communauté scientifique. « Nous avions du mal à expliquer que des périodes de froid ou une année plus froide ne voulaient pas dire qu’il n’y a pas de changement climatique. Cette fois-ci, nous avons eu très peu de commentaire de ce type ce qui semble montrer que l’existence du changement climatique est plus claire. »

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