Les gorilles pleurent leurs morts et leur font des funérailles tout comme les humains

20 décembre 2019 SCIENCE

Les gorilles pleurent leurs morts et font des rites funéraires comme les humains, selon les scientifiques.

Leurs rituels funéraires ont fait l’objet d’une étude qui a été publiée le 2 avril 2019, car les experts craignent que le fait de fouiller et de lécher les cadavres ne favorise la propagation de maladies comme le virus Ebola.

Les humains étaient autrefois considérés comme les seuls à donner des soins aux morts et à comprendre le concept de la mort. Mais une équipe de chercheurs a observé des groupes de gorilles après trois décès et a découvert qu’ils se rassemblaient autour des corps et procédaient à leur toilettage.

Un jeune gorille de montagne inspecte le corps de sa mère pendant plusieurs heures après sa mort dans le parc national des Volcans, au Rwanda. (©SWNS)

Des chercheurs au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC) ont observé et filmé le comportement des gorilles de montagne autour des cadavres de Titus, un mâle adulte dominant de 35 ans, et de Tuck, une femelle adulte dominante de 38 ans vivant dans le parc national des Volcans, au Rwanda.

L’équipe a également étudié le comportement d’un groupe de gorilles de Grauer qui a trouvé un mâle adulte mort qui ne semblait pas leur être apparenté dans le parc national de Kahuzi-Biega, en République démocratique du Congo.

Ils présumaient que les gorilles s’impliqueraient davantage avec les morts de leur propre groupe, comme au Rwanda. Contrairement aux gorilles de la République démocratique du Congo qui avaient trouvé le corps d’un gorille n’appartenant pas à leur groupe social.

Cependant, à la surprise du chercheur, les réponses envers tous les cadavres étaient remarquablement similaires. Dans les trois cas, les animaux étaient assis près du corps et le fixaient, le reniflaient, le tapotaient, le toilettaient et le léchaient.

Les gorilles pleurent leurs morts et font des rites funéraires. (©SWNS)

Dans les deux cas de gorilles de montagne, ceux qui avaient eu des relations sociales étroites avec le défunt ont passé plus de temps auprès du cadavre.

Un jeune mâle, qui avait noué des liens particuliers avec le mâle plus âgé, Titus, après le départ de sa mère six mois plus tôt, est resté près de son corps pendant deux jours et a même dormi à côté de lui.

Pendant ce temps, Segasira, le jeune fils de la femelle Tuck, a toiletté le cadavre de sa mère et a essayé de la téter malgré le fait qu’il était déjà sevré – un comportement qui pourrait indiquer qu’il était en détresse.

« L’allaitement de confort » peut stimuler la libération d’ocytocine, une hormone qui a des effets inhibiteurs sur le stress, selon les scientifiques. On l’a également observé allongé et assis sur son cadavre, fixant son visage et essayant doucement de bouger sa tête avec ses mains.

Urwibutso, l’autre fils, a fait des bruits de hululement et a frappé sa poitrine sur le cadavre de la femelle morte.

Le comportement agressif envers les cadavres laisse penser que les gorilles sont frustrés de ne pas pouvoir réveiller leur parent mort, selon l’équipe.

Lorsque le groupe de gorilles de Grauer a rencontré un cadavre sans lien de parenté en RDC, ils se sont rassemblés autour de lui pour le fixer, le renifler et le lécher pendant 17 minutes sous différents angles. Ils ont également léché leurs doigts après l’avoir touché. L’un des groupes a été observé en train de toiletter le cadavre un long moment.

Un groupe de gorilles de Grauer se rassemble autour du corps d’un gorille mâle rencontré dans la forêt du parc national de Kahuzi-Biega. (©SWNS)

Après quelques heures, un des gorilles de la RDC a poussé dans une pente le corps qui a roulé plus loin. Les chercheurs ont observé qu’après cela, moins de gorilles se sont rassemblés autour du cadavre.

Plusieurs explications de ces comportements ont été proposées, allant de la curiosité à la compassion et au chagrin. Cependant, l’étude ne donne pas seulement un aperçu sur la façon dont les animaux perçoivent et traitent la mort, mais les chercheurs affirment qu’elle a également des implications importantes pour la conservation.

Les cadavres présentent un risque sérieux de transmission de maladies et leur inspection minutieuse pourrait jouer un rôle critique dans l’apparition de maladies chez les gorilles.

Le virus Ebola a tué des milliers de gorilles, et les grands singes africains sont très sensibles à ce virus. Le taux de mortalité chez les gorilles peut atteindre 95 % après avoir été en contact avec la maladie.

L’équipe du Dian Fossey Gorilla Fund International, l’université de Californie Davis, l’université d’Uppsala et l’Institut Congolais pour la conservation de la nature ont publié leurs conclusions dans la revue scientifique en ligne PeerJ.

La scientifique du Dian Fossey Gorilla Fund International, le Dr Amy Porter, a déclaré « Nos observations ont été surprenantes car non seulement presque tous les individus du groupe de gorilles de Grauer se sont approchés du cadavre au dos argenté, mais leurs réactions comportementales étaient étonnamment similaires à celles des gorilles de montagne autour des cadavres des membres du groupe établi. »

« Dans les trois cas, les individus s’asseyaient près du corps et le fixaient. »

« Ils ont aussi touché, léché, reniflé et toiletté le cadavre. »

« Les comportements peuvent être partiellement expliqués par une curiosité générale envers la mort. »

Les gorilles pleurent leurs morts et font des rites funéraires. (©SWNS)

« On a supposé que l’agressivité envers les cadavres reflète une tentative pour réveiller l’individu mort, car l’information sensorielle initiale provenant du cadavre n’est pas toujours suffisante pour que les animaux réalisent qu’il s’agit d’un changement permanent et irréversible.

« L’agressivité envers les cadavres peut également être un signe de frustration face à l’échec des tentatives de réveiller l’individu mort.

« Chez les primates, en particulier les grands singes, les réactions comportementales et physiologiques à la mort montrent clairement qu’ils sont en deuil.

« Des observations peuvent suggérer que les humains ne sont pas les seuls à pouvoir faire leur deuil.

« Étant donné les risques sanitaires graves qui peuvent accompagner l’inspection minutieuse des cadavres, il serait intéressant de savoir pourquoi ce comportement est si répandu chez les animaux, en particulier chez les primates.

« Il reste à savoir si les comportements que nous avons observés autour des cadavres dans ces trois cas sont une réaction commune à tous les gorilles. »

Regardez la vidéo :