Guerre Israël-Hamas: les pays se positionnent

Par Antonio Graceffo
6 novembre 2023 17:54 Mis à jour: 13 novembre 2023 18:07

Du Moyen-Orient à l’Amérique latine en passant par l’Europe, les pays prennent parti dans la guerre entre Israël et le Hamas, modifiant ainsi l’équilibre mondial des pouvoirs.

Après l’annonce de l’explosion dans un hôpital à Gaza, le président palestinien Mahmoud Abbas a annulé sa rencontre avec le président américain Joe Biden, tout comme le roi Abdallah II de Jordanie et d’autres dirigeants arabes. Le Brésil a proposé une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour condamner les représailles d’Israël contre le Hamas. Cependant, douze des quinze pays membres du Conseil ont voté contre cette résolution, le Royaume-Uni et la Russie s’étant abstenus. Cela montre à quel point le conflit oblige les nations à se positionner.

Même les membres de l’OTAN se retrouvent dans des camps opposés. Le président turc Erdogan a condamné les États-Unis pour avoir envoyé des navires de guerre en Méditerranée orientale. En même temps, l’Iran a menacé « l’axe de la résistance » d’intervenir. Israël a accusé la Turquie de soutenir le Hamas, alors que l’Iran est le sponsor officiel non seulement du Hamas, mais aussi du Hezbollah et de divers groupes terroristes dans toute la région.

Les gouvernements de gauche en Amérique latine, comme Cuba, se sont historiquement rangés du côté de la Palestine, ce qui les rapproche encore plus de la Chine et de la Russie. Le président colombien Gustavo Petro a déclaré que les attaques israéliennes contre Gaza s’apparentaient à ce que les nazis avaient fait aux Juifs. Jérusalem a réagi en interrompant ses exportations de matériel de défense vers la Colombie, notamment des avions de chasse Kfir, des équipements de surveillance et des fusils d’assaut. La Colombie a alors menacé de rompre ses relations diplomatiques.

Le Chili a condamné Israël, tandis que le Belize a appelé à une solution à deux États. Le président bolivien Evo Morales a exprimé son soutien à la Palestine, tout comme le Venezuela. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Luiz Iecker Vieira, s’est dit consterné par les représailles israéliennes. De l’autre côté du conflit, l’Argentine et le Salvador soutiennent Israël.

En Asie, l’Indonésie a blâmé Israël, tout comme la Malaisie. Ni l’Indonésie ni la Malaisie n’entretiennent de relations diplomatiques avec Israël. Le Pakistan, État client de la Chine, a condamné les frappes aériennes israéliennes. L’Union européenne a annoncé qu’Israël avait le droit de se défendre, mais qu’elle continuait à fournir de l’aide à Gaza. L’Irlande a déclaré qu’Israël avait violé les droits de l’homme en coupant l’eau et l’électricité à Gaza. La Norvège a également critiqué le blocus israélien de Gaza. L’Afrique du Sud, membre des BRICS, a pris le parti des Palestiniens.

Le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping se sont tous deux efforcés d’approfondir les liens avec les pays du Sud afin de contrer l’ordre international libéral. Ni Poutine ni Xi Jinping n’ont condamné le Hamas. Le ministre allemand de la Défense s’est engagé à soutenir Israël, tandis que le chancelier Olaf Scholz a critiqué la réaction de Poutine à la guerre qu’il a qualifiée de « cynique ».

Pékin a laissé entendre que les actions d’Israël allaient au-delà de l’autodéfense, et Moscou a blâmé les États-Unis pour le nombre croissant de morts à Gaza. La télévision d’État chinoise met l’accent sur les souffrances des Palestiniens tout en montrant que l’Amérique et Israël perpétuent le conflit.

Toutefois, presque aucun des pays exprimant leur soutien à la Palestine n’a accepté d’accueillir des réfugiés palestiniens. L’Égypte s’est montrée disposée à collaborer avec les États-Unis pour faciliter l’acheminement de l’aide à Gaza par le point de passage de Rafah. Du côté égyptien, les préparatifs de l’aide sont supervisés par les Nations unies. L’Égypte et la Jordanie ont toutes deux refusé d’accueillir des réfugiés. L’Égypte accueille déjà 300.000 réfugiés soudanais et il serait donc difficile, du point de vue logistique, d’en accepter davantage. Par ailleurs, Le Caire fait valoir qu’en acceptant des réfugiés palestiniens, il aiderait Israël à chasser les Palestiniens de Gaza. L’Égypte et la Jordanie deviendraient alors des cibles pour les extrémistes ou une base d’opérations pour les extrémistes lançant des attaques contre Israël, ce qui perturberait la paix régionale.

Depuis le début du conflit, les attaques contre les bases américaines en Syrie et en Irak se sont multipliées. Un navire de guerre de la marine américaine patrouillant près du Yémen a intercepté trois missiles et plusieurs drones lancés par les rebelles houthis soutenus par l’Iran. En outre, le Hezbollah a lancé plusieurs missiles sur Israël, ce qui a conduit les autorités israéliennes à conseiller à leurs citoyens d’évacuer les zones situées le long de la frontière libanaise. Il est important de noter que le Hezbollah est considéré comme un adversaire plus redoutable que le Hamas. Si le Hezbollah lance une invasion ou une attaque importante contre Israël, le conflit pourrait rapidement s’aggraver, ce qui pourrait potentiellement impliquer l’intervention des États-Unis. Également, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu que l’implication de l’Iran pourrait entraîner une extension du conflit à d’autres pays.

Lors du forum du titanesque programme chinois Initiative Ceinture et Route (ICR) qui s’est tenu les 17 et 18 octobre à Pékin, Xi Jinping et Poutine ont fait part de leurs préoccupations concernant la situation en Palestine et ont appelé à une solution à deux États. Toutefois, ils n’ont pas présenté de plan concret pour résoudre le conflit ou fournir une assistance à la Palestine. La présence des talibans au forum de l’ICR a suscité l’inquiétude de l’Occident qui a accusé les combattants talibans d’avoir l’intention de rejoindre le Hamas sur le champ de bataille. Il semble que les intérêts de Moscou et de Pékin vis-à-vis la situation en Palestine soient davantage axés sur la constitution d’alliances opposées à l’Occident que sur la résolution pacifique de la guerre entre Israël et le Hamas.

Cette guerre a ramené l’Amérique au Moyen-Orient – une région dont elle espérait se désengager. Le regain d’intérêt pour le Moyen-Orient détourne l’attention d’autres problèmes critiques, notamment de la guerre en Ukraine ainsi que des plans expansionnistes de la Chine communiste dans la région indo-pacifique. On craint de plus en plus que ces conflits ne se fondent dans un conflit plus large et interconnecté. Les pays s’alignent par rapport à ces trois conflits, estompant ainsi les anciennes lignes de démarcation entre eux.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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