« Instrumentalisation » ou « honneur » : les députés partagés après le discours de Volodymyr Zelensky à l’Assemblée

« L'Europe n'est plus un continent de paix », a déclaré le président ukrainien à la tribune de l'Assemblée nationale à Paris le 7 juin 2024.
Photo: JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images
Les députés se sont divisés après l’allocution du Président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’Assemblée nationale vendredi, certains soulignant un « honneur » et « un discours extrêmement fort », quand d’autres ont dénoncé une « instrumentalisation » à l’approche des européennes ou critiqué le ton du discours.
« L’Europe n’est plus un continent de paix », a déclaré le président ukrainien à la tribune, arguant que la guerre menée par la Russie aurait fait revenir « le nazisme » en Europe. « De nouveau en Europe, les villes sont entièrement détruites et des villages sont incendiés. De nouveau en Europe apparaissent des camps de filtration, des déportations et la haine », a-t-il énuméré, qualifiant le Président russe Vladimir Poutine « d’ennemi commun » de son pays et de l’Europe.
Le président ukrainien, qui a remercié la France pour son soutien militaire et diplomatique, a été applaudi à plusieurs reprises par l’hémicycle qui n’avait pas fait le plein.
« C’est un honneur fort qui est fait aux députés de la République de pouvoir accueillir le Président Zelensky. Il a pu faire un discours extrêmement fort d’amitié envers la France et du soutien dont il a besoin », a déclaré à l’AFP Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance.
« Un magnifique moment parlementaire »
« C’était un discours grave, extrêmement fort qui nous rappelle à nos responsabilités », a également jugé la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain. Côté LFI, Arnaud Le Gall a regretté un discours « qui n’est pas le bienvenu deux jours avant les élections » européennes dimanche « sans débat » à l’Assemblée. « Ce n’est pas le bon jour, il y a une instrumentalisation du conflit », a abondé Bastien Lachaud (LFI).
À l’antenne de Sud Radio mercredi dernier, Marine Le Pen avait déclaré que Volodymyr Zelensky « est toujours le bienvenu mais (cela intervient) le vendredi, quelques heures avant la fin de la campagne, le dernier jour de campagne électorale utile, au dernier moment ». « Emmanuel Macron a instrumentalisé l’Ukraine depuis deux ans. Il l’a fait pendant la campagne présidentielle, il continue à le faire presque jusqu’à la nausée », a-t-elle ajouté.
Pierre Henri Dumont (LR) se veut plus mesuré. « Je préfère ne pas voir de malice dedans, explique le député LR. La question de la résistance héroïque des Ukrainiens face à l’agression russe est beaucoup trop importante pour en faire un simple argument électoral pour gagner 0,3 point dans les sondages », rapporte franceinfo.
« C’est vraiment pinailler et faire des polémiques à deux balles si vous me pardonnez cette expression », a rétorqué la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) face à la presse. « Je trouve que c’est un magnifique moment parlementaire », a déclaré la titulaire du perchoir, se disant « fière » de recevoir le président ukrainien.
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a critiqué les annonces faites jeudi par Emmanuel Macron, notamment sur la cession de Mirage 2000-5 à l’Ukraine. « Nous demandons a minima un débat au Parlement avec un vote », a-t-il insisté. « Je suis très à l’aise avec ça, il faut leur donner les capacités de se défendre et de pouvoir attaquer des cibles », a estimé au contraire Sylvain Maillard.





