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Le recul de l’investissement en Chine s’accentue en novembre sur fond d’appels à réformer
Alors que la crise persistante du secteur immobilier pèse sur la consommation, les ventes au détail ont progressé le mois dernier au rythme le plus faible depuis trois ans.

Bâtiments en construction à Hangzhou, dans la province du Zhejiang, en Chine, le 15 septembre 2025.
Photo: AFP via Getty Images
L’investissement en Chine a de nouveau ralenti en novembre, tandis que les ventes au détail ont enregistré leur plus faible croissance depuis la levée par le régime chinois des strictes restrictions liées à la pandémie de Covid‑19, selon des données officielles publiées le 15 décembre, qui mettent en lumière les défis auxquels Pékin est confronté pour réformer son modèle de croissance.
La production industrielle a progressé de 4,8 % sur un an en novembre, un rythme légèrement inférieur aux 4,9 % enregistrés en octobre, d’après les chiffres du Bureau national des statistiques. Elle est restée en deçà de la prévision de 5 % formulée par les économistes et a marqué sa plus faible expansion depuis août 2024.
Les ventes au détail, indicateur clé de la consommation, ont augmenté de 1,3 % sur un an, contre 2,9 % en octobre. Il s’agit de leur pire performance depuis décembre 2022, lorsque la deuxième économie mondiale a levé ses draconiennes mesures sanitaires liées au Covid‑19. Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur une hausse de 2,8 %.
« Les données de novembre témoignent d’un affaiblissement généralisé de l’activité intérieure, en grande partie en raison d’un retrait des dépenses budgétaires », a déclaré Huang Zichun, économiste spécialiste de la Chine chez Capital Economics, dans une note. « Le soutien des politiques publiques devrait favoriser un rebond partiel dans les mois à venir, mais cela ne suffira probablement pas à empêcher la croissance chinoise de rester molle sur l’ensemble de 2026. »
Sur les onze premiers mois de l’année, l’investissement dans les équipements, les bâtiments et autres immobilisations, hors ménages ruraux, s’est contracté de 2,6 % par rapport à la même période de l’an dernier, contre un recul de 1,7 % pour la période de janvier à octobre.
Fu Linghui, porte‑parole du Bureau national des statistiques, a indiqué lors d’une conférence de presse à Pékin que cette baisse de 2,6 % de l’investissement en immobilisations sur onze mois s’expliquait en grande partie par le ralentissement de l’investissement immobilier.
D’autres données publiées le 15 décembre montrent ainsi que l’investissement dans l’immobilier a chuté de 15,9 % sur la même période, contre un repli de 14,7 % au cours des dix premiers mois.
Le secteur immobilier, qui pesait autrefois près d’un quart du produit intérieur brut chinois, est enlisé dans une crise depuis la mi‑2021, érodant la richesse des ménages et pesant lourdement sur la consommation.
Vanke, géant immobilier soutenu par l’État, prévoit de convoquer cette semaine une deuxième réunion de porteurs d’obligations dans le but d’éviter un défaut de paiement, selon un document déposé auprès de la Shanghai Clearing House, alors que les investisseurs ont déjà rejeté son plan visant à reporter d’un an le remboursement.
La crise immobilière s’est encore aggravée en novembre, les prix des logements dans les 70 principales villes du pays poursuivant leur baisse, ont indiqué les statistiques officielles le 15 décembre.
Les ventes de logements neufs, exprimées en valeur, ont reculé de 11,2 % entre janvier et novembre, contre une baisse de 9,4 % sur la période de janvier à octobre.
« La poursuite de la descente du marché immobilier demeure l’un des risques les plus importants pour les efforts de la Chine visant à passer à un modèle de croissance tiré par la demande intérieure », a écrit Lynn Song, chef économiste pour la Grande Chine à la banque ING, dans une note.
« La vague de soutien déployée en 2024 avait montré quelques signes d’amélioration, avec une stabilisation des prix au début de 2025. Cependant, cela pourrait exiger des efforts soutenus et coordonnés, car la tendance baissière a repris après quelques mois d’inertie politique. »
« Il n’existe toujours pas de solution simple pour mettre un terme à cette crise. »
Des appels à la réforme
Les exportations sont devenues un moteur essentiel de l’économie chinoise dans un contexte de marasme immobilier. Les expéditions de biens en provenance du pays ont progressé de 5,9 % en novembre par rapport à la même période de 2024, selon les données des douanes publiées.
Le Fonds monétaire international (FMI) estime que les exportations nettes ont contribué à hauteur de 1,1 point de pourcentage à la croissance de 5 % enregistrée cette année par la Chine.
Mais les analystes expriment des inquiétudes quant à la capacité de cette demande extérieure à se maintenir dans les années à venir, alors qu’un nombre croissant de pays cherchent à limiter les importations chinoises, de peur qu’un afflux de produits à bas prix ne ravage leurs industries manufacturières locales.
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a appelé Pékin à réduire sa dépendance à un modèle d’exportations soutenues par l’endettement et à privilégier une croissance tirée par la consommation.
« La Chine est tout simplement trop grande pour générer une croissance significative à partir des seules exportations », a‑t‑elle déclaré dans son allocution d’ouverture lors d’un point de presse le 10 décembre, à l’issue de la revue annuelle de l’économie chinoise par le Fonds. « Continuer à dépendre d’un modèle de croissance tiré par les exportations risque en outre d’alimenter de nouvelles tensions commerciales. »
Parmi ses recommandations figurent l’adoption d’un vaste ensemble de mesures macroéconomiques axées sur un soutien budgétaire accru et un nouvel assouplissement de la politique monétaire.
La cheffe du FMI a également exhorté Pékin à prendre des mesures « plus résolues » et « plus décisives » pour mettre fin à la crise persistante du secteur immobilier.
« Nous demandons depuis un certain temps que l’on accorde davantage d’attention à la résolution de ce dossier », a‑t‑elle expliqué devant des journalistes. « Nous appelons ces entreprises, comme vous le savez sans doute, des “sociétés zombies” ; il faut laisser les zombies disparaître. »
Selon les estimations du FMI, remettre sur pied le secteur immobilier chinois au cours des trois prochaines années coûterait l’équivalent de 5 % du produit intérieur brut.
Avec Reuters

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