Une journaliste chinoise démissionne d’un organe officiel et du Parti communiste

9 juin 2016 04:44 Mis à jour: 9 juin 2016 04:44

SYDNEY – Les enquêtes de corruption non publiées réalisées par les médias officiels en Chine sont utilisées pour faire chanter les sujets d’enquête, selon une ex-journaliste de People’s Net – la version en ligne de l’organe officiel le Quotidien du peuple – qui a démissionné récemment.

Lorsque Wu Junmei est arrivée en Australie pour des vacances en février dernier, l’ex-journaliste a poursuivi sa réflexion sur la situation en Chine. Une semaine après son arrivée, elle a démissionné du Parti communiste chinois. Quelques mois plus tard, elle a démissionné de son poste et il est improbable qu’elle retourne en Chine.

Dans une entrevue exclusive avec Epoch Times, Mme Wu a discuté de sa carrière, des pratiques illicites de People’s Net et de sa décision de rompre avec son ex-employeur et le régime.

Pratiques obscures

En plus de la propagande habituelle, depuis longtemps, les journalistes dans les organes du Parti communiste chinois (PCC) doivent mener des enquêtes sur les pratiques malhonnêtes et les abus de pouvoir dans le monde des affaires, le gouvernement et la société. Toutefois, contrairement aux médias normaux, ces enquêtes ne sont pas toujours publiées.

Pendant des années, ces reportages étaient plutôt reclassifiés comme documents de « référence à l’interne » et ils étaient seulement distribués aux hauts dirigeants du Parti. Récemment, ils ont commencé à servir à une autre activité préférée des responsables : faire de l’argent.

C’est cette pratique que Mme Wu a trouvée des plus injustes et frustrantes.

Mme Wu travaillait dans le passé pour une chaîne de télévision provinciale avant de se joindre à la branche de la province du Hebei de People’s Net en 2012. Elle avait passé la majorité de son temps au sein du bureau de l’opinion publique, enquêtant les plaintes de gens vivant sur les rives du fleuve Yangtsé au sujet des entreprises qui polluent le plus long cours d’eau en Chine.

Elle a compris rapidement que l’organe du régime n’était pas du côté de la population.

« Un média normal aurait rapporté les faits, puis ensuite critiqué et dénoncé le phénomène découvert. Il serait même allé aux autorités afin qu’elles protègent les intérêts des gens », explique Mme Wu. « Mais People’s Net ne faisait pas cela. »

People’s Net utilisait plutôt les enregistrements des entrevues et les photos que Mme Wu avait recueillis pour prouver que les entreprises polluantes brisaient la loi pour ensuite faire chanter ces entreprises.

« Ils concluaient des accords avec les entreprises pour faire des profits illicites », raconte-t-elle. Mme Wu s’est sentie « profondément attristée et inconfortable » de témoigner de ces transactions durant les deux dernières années.

Dégoûtée par le travail qu’elle devait faire, elle s’est tournée vers la religion pour du réconfort. Lorsque ses patrons ont découvert cela, ils l’ont réprimandée d’avoir foi en d’autre chose que le marxisme.

Lettre de démission de Wu Junmei (Gracieuseté de Wu Junmei)
Lettre de démission de Wu Junmei (Gracieuseté de Wu Junmei)

Démissionner du Parti

Mme Wu a finalement décidé de démissionner de son emploi et du Parti après avoir lu des informations non censurées en Australie en février dernier.

En faisant des recherches sur Google, elle est tombée sur une tonne d’informations sur le massacre de la place Tiananmen, sur la persécution de la discipline spirituelle Falun Gong et sur de nombreuses autres violations des droits de la personne en Chine.

Elle a par la suite découvert les Neuf commentaires sur le Parti communiste, une série éditoriale publiée par Epoch Times en 2004.

« Après avoir lu les Neuf commentaires d’un bout à l’autre […] Je crois vraiment que nous pouvons les décrire comme un rayon-X sur le Parti. Leur analyse du Parti est très approfondie », indique-t-elle.

Une semaine après être arrivée en Australie, Mme Wu a démissionné du Parti par l’entremise du Centre Tuidang, une ONG qui recueille et compile les démissions des Chinois.

Wu Junmei espère que ses collègues journalistes en Chine vont réfléchir et apprendre de ses expériences.

Frank Fang et Larry Ong ont contribué à cet article.

Version originale : Why a Chinese Journalist Quit the Party Mouthpiece, and the Chinese Communist Party Itself

 

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.