La Chine échoue à contrôler les exportations de métaux

Par Anders Corr
9 juillet 2023 16:43 Mis à jour: 9 juillet 2023 16:43

Dernière rupture en date entre la Chine et les États-Unis, Pékin a imposé des contrôles à l’exportation sur le gallium et le germanium. Ces deux minéraux, que Pékin prévoit de restreindre à partir du 1er août, sont essentiels pour les produits de haute technologie tels que les puces informatiques ultrarapides, les véhicules électriques, les radars, les dispositifs de vision nocturne, la défense antimissile, les fibres optiques, les diodes électroluminescentes (DEL) et l’imagerie par satellite.

La Chine produit environ 60% du germanium au niveau mondial et plus de 90% du gallium, ce qui lui permet d’exercer une influence sur les utilisateurs des produits finis.

Ces contrôles sont largement considérés comme des représailles aux restrictions imposées par les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et les Pays-Bas sur les puces et les équipements complexes nécessaires à leur fabrication. Selon des experts cités par les médias de Hong Kong, ces mesures pourraient également protéger les ressources qui s’amenuisent en Chine.

Selon Reuters, d’autres métaux, comme l’indium, seront également soumis à ces nouveaux contrôles. L’indium ferait l’objet de moins de restrictions.

Le moment choisi pour cette annonce, quelques jours avant le voyage en Chine de la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen, donnerait à Pékin une monnaie d’échange dans sa tentative de mettre un terme aux restrictions américaines, y compris potentiellement sur le cloud computing (informatique dématérialisée).

La secrétaire au Trésor américain Janet Yellen arrive à l’aéroport international de Beijing Capital, à Beijing, le 6 juillet 2023. (Mark Schiefelbein/Pool/AFP via Getty Images)

En mai, Pékin a interdit l’accès des puces Micron Technology à ses infrastructures critiques, notamment les infrastructures d’information utilisées par les grandes banques et les entreprises de télécommunications.

Mais si Pékin pensait que ses nouveaux contrôles pouvaient constituer une monnaie d’échange efficace, il aurait dû comprendre que Washington possède d’autres options. Le 6 juillet, le Pentagone a annoncé qu’il disposait de réserves stratégiques de germanium (mais pas de gallium).

Le 5 juillet, un porte-parole du ministère du commerce a déclaré que les nouveaux contrôles de Pékin « soulignaient la nécessité de diversifier les chaînes d’approvisionnement. Les États-Unis s’engageront avec leurs alliés et partenaires pour résoudre ce problème et renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement vitales ».

Le vice-ministre taïwanais des affaires étrangères a déclaré : « Le contrôle des exportations (…) est un accélérateur qui permet à des pays comme Taïwan, la Corée du Sud et le Japon de réduire leur dépendance à l’égard de la Chine pour ce qui est de l’approvisionnement en matériaux indispensables ».

La Corée du Sud, l’un des principaux fabricants de puces, a déclaré que même l’impact à court terme des nouvelles mesures de contrôle adoptées par la Chine serait limité.

L’ancien vice-ministre chinois du commerce a toutefois déclaré que ces contrôles n’étaient qu’un début et qu’ils pourraient être élargis si l’Occident continuait à faire pression sur la Chine.

Le ministre allemand de l’économie a déclaré que tout élargissement, par exemple au lithium utilisé dans les batteries, serait « problématique ». Les restrictions sur les exportations de graphite chinoises toucheraient particulièrement les constructeurs automobiles mondiaux.

D’autres ressources en gallium et en germanium peuvent être exploitées en Alaska, dans le Tennessee et dans l’État de Washington, et à partir du recyclage de déchets.

Les métaux peuvent également être achetés au Canada, au Japon, en Corée du Sud, en Australie, en Allemagne et en Belgique.

Selon une source industrielle, l’accélération des processus de raffinage dans ces pays pourrait prendre quelques années pour que les importations en provenance de Chine soient entièrement remplacées.

Cette mesure aurait pour effet d’augmenter le prix des puces informatiques à court terme, mais de diversifier les chaînes d’approvisionnement à long terme.

La société néerlandaise Nyrstar a annoncé le 4 juillet qu’elle chercherait à produire du gallium et du germanium aux États-Unis, en Europe et en Australie.

Certains affirment que les restrictions sur le gallium et le germanium sont sans conséquence au regard du graphite ou du lithium, et qu’il s’agit donc d’un coup d’épée dans l’eau. Néanmoins, elles semblent peu judicieuses, même du point de vue de Pékin, car elles alertent les États-Unis et leurs alliés et incitent à une désolidarisation préventive des chaînes d’approvisionnement stratégiques chinoises. Les conseillers de Xi Jinping lui disent probablement ce qu’il veut entendre, ce qui conduit à une erreur stratégique majeure.

Les restrictions imposées par le PCC au Japon en 2010 sur les terres rares (REE) se sont également retournées contre lui. Tokyo a trouvé assez facilement d’autres sources d’approvisionnement, notamment en investissant dans une entreprise australienne de production de terres rares et en identifiant des sites d’exploitation minière sous-marins dans les eaux territoriales japonaises. Les interdictions ont nui à la réputation des fournisseurs chinois.

Aujourd’hui, la Chine représente environ 70% de la production minière mondiale de terres rares et 85% de leur traitement de raffinage. La domination de la Chine dans ce secteur, qui produit beaucoup de déchets toxiques, est en partie due à des lois environnementales laxistes.

Les États-Unis, l’Australie, la Thaïlande et le Myanmar extraient ou raffinent également des terres rares, mais dans une bien moindre mesure. Le Viêt Nam, la Russie, le Brésil et l’Inde possèdent d’importantes réserves de terres rares. La Russie et la République démocratique du Congo ont toutes deux déclaré qu’elles pourraient augmenter la production de ces métaux.

La dépendance des États-Unis vis-à-vis de la Chine pour les importations de terres rares a diminué, passant d’environ 80% entre 2014 et 2017 à environ 74% aujourd’hui. Les restrictions imposées au gallium et au germanium accéléreront cette tendance sur l’ensemble des chaînes d’approvisionnement indispensables.

Les tentatives maladroites déployées par Pékin pour tirer parti de son industrie métallurgique contre les États-Unis et ses alliés ne font qu’isoler davantage le pays sur le plan économique et technologique.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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