Brandt
La fin de Brandt : 700 emplois sacrifiés à la veille de Noël
Le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe Brandt, mettant fin à plus d'un siècle d'histoire industrielle française. Cette décision condamne près de 700 salariés au chômage, quelques jours seulement avant les fêtes de fin d'année.

Des employés se tiennent à côté d'un feu et d'une pancarte indiquant « 93 employés licenciés à Noël » à l'usine Brandt, à Vendôme, dans le centre de la France, le 11 décembre 2025, à la suite du verdict du tribunal.
Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP via Getty Images
La nouvelle a provoqué une onde de choc dans le secteur industriel. François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire, n’a pas caché son émotion : « C’est une terrible nouvelle, un choc et un coup très dur porté à l’industrie française ». Le responsable régional a également exprimé son « incompréhension » face à cette issue fatale, parlant d’un véritable « traumatisme ».
Du côté du gouvernement, Bercy a fait part de sa « profonde tristesse » après la disparition de ce « fleuron français ».
Quatre millions d’euros manquants
La colère gronde particulièrement à Orléans, où l’usine principale emploie 350 personnes. Serge Grouard, président de la métropole orléanaise, a pointé du doigt le montant qui aurait pu tout changer : « Il nous manquait quatre millions » pour éviter que la marque disparaisse au profit « des produits chinois ». L’élu a dénoncé un « manque de temps » pour convaincre les établissements bancaires de la viabilité du projet de sauvetage.
François Bonneau, accompagné de la préfète Sophie Brocas et de Serge Grouard, s’est rendu sur place pour rencontrer des salariés qu’il décrit comme « déterminés » et « laissés pour compte ». Les autorités ont promis de les accompagner dans cette transition difficile.
Des salariés sous le choc
À Vendôme, dans le Loir-et-Cher, où 93 employés travaillent dans la seconde usine du groupe, la détresse était palpable toute la matinée. Une soixantaine de salariés ont allumé des braseros et brûlé des documents administratifs en signe d’adieu à leur entreprise.
« C’est une décision très choquante. On a tout fait, mais ça n’a pas marché, on était bien ici, on est tous sous le choc. Les fêtes de Noël seront tristes », a confié Célia Pinto à l’AFP.
Le secrétaire CGT Melkonyan Khachatur a exprimé la rage de ses collègues : « C’est de la rage, de la colère, de l’incompréhension. On se sera battus jusqu’au bout », évoquant avec amertume « un beau cadeau de Noël ».
Une Scop qui n’a pas convaincu
Un projet de société coopérative et participative (Scop), soutenu par le groupe Revive, devait pourtant sauver au moins 370 emplois. Cette offre de la dernière chance avait reçu un large soutien des pouvoirs publics et d’une majorité de salariés.
Le financement nécessaire s’élevait à 20-25 millions d’euros. Les pouvoirs publics avaient mobilisé au moins 20 millions, le gouvernement et les collectivités multipliant les annonces de soutien. Mais cela n’a pas suffi.
Roland Lescure, ministre de l’Économie et des Finances, et Sébastien Martin, ministre de l’Industrie, ont regretté que « malgré cela, les autres acteurs indispensables n’ont pas souhaité se positionner pour sauver Brandt ». Une formulation qui semble viser les banques, sans les nommer explicitement.
Quatre marques françaises disparaissent
Avec la liquidation de Brandt, ce sont quatre marques historiques de l’électroménager français qui s’éteignent : Brandt, Vedette, Sauter et De Dietrich. Le groupe possédait deux usines en Centre-Val de Loire, un centre de service après-vente à Saint-Ouen-L’Aumône (Val-d’Oise) et son siège social à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
Propriété du groupe algérien Cevital depuis 2014, Brandt réalisait 260 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’entreprise a subi de plein fouet les difficultés du secteur du gros électroménager, pénalisé par le ralentissement du marché immobilier. Les ventes ont reculé de 3,9 % l’an dernier, après une baisse déjà enregistrée en 2023.
Les salaires ne seront plus versés après le 15 décembre, laissant 700 familles dans l’incertitude à quelques jours de Noël.
Avec AFP

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