La production de lithium voulue par Biden est aussi néfaste pour l’environnement que les combustibles fossiles, déclarent les spécialistes

Par Autumn Spredemann
22 août 2022 22:58 Mis à jour: 23 août 2022 05:20

L’augmentation de la production nationale de lithium joue un rôle crucial dans le plan énergétique vert du président Joe Biden, car l’année 2021 a marqué le plus grand développement de batteries solaires, éoliennes et électriques de l’histoire des États‑Unis.

Bien que cela ne génère aucune polémique, dans cette course effrénée pour l’abandon des combustibles fossiles, l’exploitation du lithium se révèle être une source importante de pollution environnementale.

Le 2 mai, l’administration Biden a annoncé son intention d’investir plus de 3 milliards de dollars pour fabriquer davantage de batteries au lithium et de composants qui leur sont nécessaires. Cette initiative est essentielle pour atteindre l’objectif du président : au moins la moitié des véhicules vendus aux États‑Unis doivent être électriques d’ici 2030.

Actuellement, il existe deux principaux moyens d’obtenir du lithium : le minerai de roche dure et l’extraction de saumure.

Plateforme de forage de la compagnie Controlled Thermal Resources à Calipatria, en Californie. Des réserves de lithium ont été découvertes à proximité, dans la mer de Salton, le 15 décembre 2021. (Robyn Beck/AFP via Getty Images)

Si une grande partie du carbone émis par l’exploitation minière dépend de la roche dont elle est extraite, cette technique produit tout de même au moins 15 tonnes de CO2 par tonne de lithium extraite.

D’une manière générale, l’exploitation minière est une activité polluante. Les extractions minérales comme le lithium et le charbon (combustible fossile) entrent dans cette catégorie. L’industrie minière génère globalement entre 1,9 et 5,1 gigatonnes d’émissions de carbone par an.

L’autre moyen de trouver du lithium consiste à extraire du métal à partir de la saumure présente dans les zones salines. Cependant, cette approche nécessite, en moyenne, environ 130.000 litres pour une seule tonne de lithium. Bien qu’il s’agisse d’un processus à moindre intensité de carbone, l’extraction de la saumure produit des dizaines de milliers de litres d’eaux usées hautement toxiques qui doivent être stockées ou éliminées de manière appropriée.

Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg concernant la fabrication menée en arrière‑plan pour produire de l’énergie verte.

Des éléments comme le cobalt et le nickel sont également indispensables aux technologies renouvelables, comme les batteries des voitures électriques (une alternative très polluante).

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La méthode prévue pour Thacker Pass, la plus grande réserve de lithium des États‑Unis : l’extraction à ciel ouvert à partir de la roche dure.

Les batteries utilisées pour les éoliennes, les panneaux solaires et les voitures électriques dépendent du métal le plus léger du monde pour fonctionner.

Entretemps, certains spécialistes lancent l’alerte sur la réalité pas si verte des énergies renouvelables.

« Si les batteries lithium‑ion sont légères et pratiques pour l’électronique moderne, leur production émet non seulement une grande quantité de dioxyde de carbone, mais elle puise également dans les précieuses réserves d’eau », explique Matthieu Vegreville, directeur de l’exploitation de Greenly, à Epoch Times.

Selon M. Vegreville, l’empreinte carbone résultant de l’extraction du lithium est généralement plus élevée que celle produite par l’extraction d’autres combustibles fossiles comme le charbon et le pétrole. En effet, les produits à base de lithium, comme les batteries, nécessitent un processus plus exigeant en ressources.

« Et comme la demande de matériaux pour les batteries augmente, le processus ne s’en trouve pas simplifié », ajoute‑t‑il.

Le président de l’Association minière nationale, Rich Nolan, a signalé, dans un communiqué de presse, que la volonté de Biden d’accroître la production nationale de lithium rendra les États‑Unis plus indépendants sur le plan énergétique. Entretemps, le pays continue de s’éloigner des combustibles fossiles.

Les États‑Unis, a ajouté M. Nolan, doivent s’appuyer sur cet élan écologique et approuver de nouvelles mines de roche dure, ou affronter les conséquences d’une dépendance géopolitique à l’égard des minéraux « complètement dominée par la Chine ».

Chaine de production de l’usine de batteries pour véhicules électriques de la société Xinwangda, le 12 mars 2021. (STR/AFP via Getty Images)

La secrétaire d’État à l’énergie, Jennifer Granholm, a affirmé dans un communiqué de presse publié le 2 mai que l’investissement historique consenti par Joe Biden pour la production et le recyclage des batteries électriques donnerait aux États‑Unis « le coup de pouce dont ils ont besoin pour devenir plus sûrs et moins dépendants des autres nations ».

Certains spécialistes de l’environnement estiment toutefois qu’en matière d’extraction de lithium, la fin ne justifie pas les moyens.

« Notre position est la suivante : l’exploitation minière est très destructrice pour l’environnement et les populations. Elle doit être envisagée de manière judicieuse », explique John Hadder, directeur de la société Great Basin Resource Watch, pour Epoch Times.

John Hadder s’est battu pour que le Nevada s’attaque aux oublis de réglementation et aux répercussions environnementales du projet controversé de Thacker Pass. Selon lui, il existe des moyens moins coûteux, plus rapides et plus faciles à mettre en œuvre pour réduire les gaz à effet de serre.

« Si vous voulez réduire rapidement les gaz à effet de serre, nous pouvons le faire en modifiant l’utilisation actuelle de l’énergie et des transports publics. Nous savons déjà que c’est possible. Nous l’avons fait pendant le Covid. »

Les écologistes ont opposé une résistance considérable au projet Thacker Pass.

Au mois de mars, l’organisation de M. Hadder a déposé un recours auprès de la Commission environnementale de l’État du Nevada, contestant le permis de contrôle de la pollution de l’eau délivré par l’État mais l’appel a été rejeté le 28 juin.

Cependant, en raison des inquiétudes concernant la contamination des eaux souterraines, le gouvernement du Nevada n’a approuvé le forage de Thacker Pass qu’au‑dessus de la nappe phréatique.

John Hadder précise que l’extraction du minerai de lithium se fera au moyen d’un procédé appelé « acid‑leech », qui requiert de l’acide sulfurique.

Ironiquement, la majeure partie du soufre nécessaire à cette opération proviendra de l’industrie pétrolière et gazière. C’est en effet le moyen le plus économique de se procurer ce produit chimique.

À cela s’ajoute l’absence d’une analyse des fuites dans le projet, ce qui, selon M. Hadder, crée un « baril de poudre environnemental ».

« Combien de temps cela va‑t‑il suinter et à quoi ressemblera la gestion à l’avenir ? Cette question n’a pas été abordée de manière adéquate. »

Selon M. Vegreville, le problème de l’extraction du lithium est similaire à celui du plastique : « Une fois qu’il est créé, il ne peut être détruit. »

En novembre 2021, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré : « Nous creusons nos propres tombes » avec l’exploitation minière, le forage et le brûlage lors d’un sommet des dirigeants mondiaux sur le changement climatique.

Quoi qu’il en soit, les données et les impacts résultant de la production de lithium ont été ignorés au profit d’un changement de nom des mêmes industries très polluantes sous le label « énergie verte ».

Le problème des batteries

De l’autre côté du problème : les batteries électriques usagées. Les batteries au lithium jetées de manière inadéquate sont très instables et pendant des années elles sont en mesure de provoquer des incendies dans les décharges. Les produits chimiques toxiques libérés dans l’air peuvent également avoir un impact sur la qualité de l’air et les émissions de carbone.

Les batteries peuvent être recyclées, explique Matthieu Vegreville, mais les unités lithium‑ion sont particulièrement dangereuses en raison des risques d’incendie.

« Le moyen le plus écologique de se débarrasser d’une batterie lithium‑ion est de la démanteler », explique‑t‑il.

La demande de batteries au lithium devrait représenter 116 milliards de dollars d’ici à 2030, mais certains spécialistes craignent que la production ne dépasse la capacité du secteur à traiter correctement les déchets en aval.

L’Agence américaine de protection de l’environnement admet que des installations spéciales de recyclage et de traitement des déchets dangereux sont nécessaires pour faire face à l’afflux des batteries électriques. Une batterie de voiture électrique standard pèse en moyenne plus de 450 kg.

En d’autres termes, le recyclage doit devenir une industrie à part entière, hautement réglementée et représentant plusieurs millions de dollars, afin de réduire la pollution et les risques d’incendie.

Par ailleurs, M. Hadder estime que la demande politique de lithium pourrait, à long terme, déboucher sur des projets plus toxiques et non durables. Et s’il est favorable à une transition vers les énergies renouvelables en général, la mentalité actuelle de ruée vers l’or pour le lithium est tout sauf verte.

« Ce que nous voyons maintenant, est une répétition des schémas et des pratiques du passé », affirme‑t‑il.

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