Le régime chinois condamne un journaliste dissident à 12 ans d’emprisonnement

Par Nicole Hao
31 juillet 2019 20:44 Mis à jour: 3 août 2019 03:05

Le régime chinois a condamné à 12 ans de prison un dissident qui dirigeait un média web faisant état de violations des droits de l’homme.

Huang Qi, journaliste citoyen, a été condamné le 29 juillet pour avoir divulgué des secrets d’État. Il avait déjà été détenu pendant deux ans.

Sa sentence est l’une des plus sévères prononcées contre un dissident depuis l’arrivée au pouvoir en 2012 de Xi Jinping. Son cas rappelle celui de Gao Zhisheng, enlevé illégalement par les autorités et porté disparu actuellement.

L’homme de 56 ans a été reconnu coupable d’avoir « divulgué des secrets d’État » et « fourni des secrets d’État à des entités étrangères », selon une déclaration du tribunal populaire intermédiaire de Mianyang dans la province du Sichuan, au sud-ouest de la Chine.

Sur son site Internet, 64 Tianwang, Huang Qi faisait état des violations concernant les droits de l’homme visant des groupes ciblés par le régime, notamment les dissidents, les pétitionnaires, les pratiquants de Falun Gong et des groupes religieux opprimés dans le pays. Son site Internet est actuellement censuré en Chine.

Au cours des deux dernières années, des responsables étrangers et des organisations internationales de défense des droits humains ont exhorté Pékin à libérer cet éminent militant.

La mère de Huang, Pu Wenqing, 85 ans, a également insisté à plusieurs reprises pour qu’il soit libéré, ce qui lui a valu d’être à son tour réprimée par le gouvernement local et la police. Selon elle, la santé de son fils s’est détériorée en prison et il souffre de graves problèmes rénaux.

« Cette sentence équivaut à une condamnation à mort compte tenu de l’état de santé catastrophique de Huang Qi, qui a déjà passé plus de dix années de sa vie en détention », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), le 29 juillet.

M. Deloire a exhorté le dirigeant chinois Xi Jinping à « faire preuve d’humanité en exerçant son droit de grâce, afin que le journaliste soit libéré avant qu’il ne soit trop tard ».

Activisme

Huang Qi, ingénieur diplômé de l’université du Sichuan, a fondé à la fin des années 1990 une organisation appelée 64 Tianwang. Celle-ci avait pour but de suivre les cas de maltraitements en publiant des informations sur les personnes disparues.

Son site Internet, qui publiait des articles politiques non censurés et des reportages sur des sujets sensibles tels que les victimes du massacre de la place Tiananmen, a suscité la colère des autorités.

En 2000, le régime chinois a fermé 64 Tianwang, bien que Huang l’ait rapidement rouvert en utilisant un hébergeur web américain.

Huang Qi a été arrêté le 3 juin 2000, un jour avant l’anniversaire du massacre de la place Tiananmen. Il a ensuite été condamné en 2003 à cinq ans de prison pour « incitation à la subversion envers le pouvoir de l’État ».

Après sa libération, Huang a continué d’afficher des informations en ligne sur les questions relatives aux droits de la personne. En 2006, son organisation est devenue la première du genre en Chine à promouvoir la défense des droits civiques : China Tianwang Human Rights Service.

Après le tremblement de terre de 2008 au Sichuan, qui a coûté la vie à plus de 87 000 personnes, dont au moins 5 300 élèves, Huang a commencé à enquêter sur la construction bâclée des bâtiments scolaires.

Il a été de nouveau détenu en 2008 après avoir fait campagne pour les parents qui ont perdu leurs enfants dans le tremblement de terre, et a été condamné un an plus tard à trois ans de prison pour avoir « obtenu illégalement des secrets d’État ».

Après sa libération en 2011, il a poursuivi son plaidoyer jusqu’à ce qu’il soit à nouveau détenu en novembre 2016.

Huang a déclaré à son avocat, Liu Zhengqing, en avril 2018, qu’il avait été arrêté en raison des messages qu’il avait publiés sur WeChat, une application populaire de médias sociaux chinois.

Au cours des deux dernières décennies, M. Huang a reçu de nombreux prix pour son travail, notamment le Prix de la liberté de la presse de RSF en 2004 et 2016, et les Hellman-Hammett Grants en 2007.

Dans une lettre ouverte adressée en août 2018 au tribunal populaire de Mianyang, Pu Wenqing a déclaré que son fils était innocent, ajoutant que sa maladie du foie le ferait « mourir en prison » s’il n’était pas traité rapidement.

Mme Pu est actuellement surveillée par la police après avoir rencontré des diplomates de différents pays pour demander la libération de Huang au début du mois de février.

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