Le Sommet des infirmiers contre le prélèvement forcé d’organes: un coup de projecteur sur les pratiques du PCC

Par Kelly Song
14 novembre 2022 16:45 Mis à jour: 14 novembre 2022 16:45

Le tout premier Sommet infirmier pour prévenir et lutter contre les prélèvements forcés d’organes s’est tenu en ligne le 1er novembre. Il a été organisé conjointement avec l’Academy of Forensic Nursing (AFN) et l’association Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH).

DAFOH est une ONG internationale fondée par des médecins qui se consacre depuis 2006 informer le public sur le prélèvement forcé d’organes. L’AFN est une association professionnelle d’infirmiers dont la mission est de faire progresser les soins aux personnes évoluant dans des environnements violents.

« L’AFN s’est associée à DAFOH parce que nous partageons une vision commune de la protection et de la promotion des pratiques éthiques, médicales et infirmières dans le monde entier », rappelle Jennifer Johnson, présidente de l’AFN et titulaire d’un doctorat en pratique infirmière, lors du Sommet. « Il est crucial que tous les professionnels de la santé soient conscients des prélèvements forcés d’organes. »

La cofondatrice de l’AFN, Kathleen Thimsen, professeur agrégé soins infirmiers à l’Université du Nevada à Las Vegas et titulaire d’un doctorat en pratique infirmière, animait la discussion réunissant dix éminents spécialistes en soins infirmiers, en médecine légale, en éthique, en droits de l’homme, en droit et en journalisme.

Kathleen Thimsen (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Le groupe comprenait également deux témoins de Chine, l’un ayant survécu à des tortures inhumaines dans un camp de travail chinois et l’autre ayant perdu son père vraisemblablement en raison de prélèvements d’organes forcés.

Deborah Collins‑Perrica, en charge des questions relatives aux soins infirmiers pour DAFOH a participé au Sommet. Elle a déclaré pour Epoch Times : « Par le biais de ce sommet, nous souhaitons informer et inspirer les infirmiers et le public. Le problème apparemment ‘lointain’ des prélèvements forcés d’organes par le régime chinois est très ‘proche pour nous’, et nous, en tant qu’infirmiers, avons les connaissances et la responsabilité de nous y opposer. »

Bénéfice annuel d’un milliard de dollars pour le régime chinois

Deborah Collins‑Perrica a fait un exposé complet pour mettre en lumière le prélèvement forcé d’organes, qui consiste à prélever des organes sur des donneurs non consentants.

« En Chine, la pratique [du prélèvement forcé d’organes] est approuvée et parrainée par le gouvernement… gérée par la police et sous la surveillance de l’armée. » Avec le tourisme de transplantation, a‑t‑elle expliqué, le commerce de transplantation d’organes en Chine est devenu « l’une des industries les plus rentables » au monde, générant un milliard de dollars par an pour le régime.

Deborah Collins-Perrica (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Mme Collins‑Pierces a également évoqué le China Tribunal, ce tribunal indépendant à Londres dont l’enquête a confirmé que les pratiquants de Falun Gong persécutés étaient la principale source d’organes.

« Je suis infirmière psychiatrique depuis 30 ans », a déclaré Mme Collins‑Perrica. « En ce qui concerne les prélèvements d’organes forcés, après en avoir entendu parler, avoir rencontré des victimes et entendu leurs histoires, je me suis engagée… Je ne peux pas rester silencieuse. » Elle encourage ses collègues à faire ce qu’ils peuvent pour informer, éduquer et mettre fin à ce crime contre l’humanité.

Les infirmiers, « un élément crucial » de l’éthique médicale

Ethan Gutmann est journaliste d’investigation. Il a passé des années à parcourir le monde pour interviewer des survivants des camps de travail et des prisons chinoises. Il a beaucoup écrit sur le prélèvement forcé d’organes en Chine, qui dure depuis plus de vingt ans.

Ethan Gutmann  (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Lors du sommet, Ethan Gutmann a expliqué que le prélèvement d’organes tel qu’orchestré par le Parti communiste chinois (PCC) s’étend désormais aux Ouïghours et peut‑être à d’autres groupes. Concernant la récente réforme du système de don et de transplantation du PCC, saluée par certains médecins occidentaux, il estime qu’elle « comprend des astuces sémantiques et que les chiffres des dons volontaires sont basés sur une équation ».

M. Gutmann a évoqué un article à comité de lecture publié dans la revue BMC Medical Ethics montrant que les chiffres officiels de la Chine en matière de dons d’organes sont basés sur une équation unique qui produit une courbe parabolique.

« C’était et c’est toujours un désastre en matière de droits de l’homme. Tout résulte de décisions prises à Pékin », a-t-il expliqué, « mais c’est continuellement favorisé par une poignée de chirurgiens occidentaux qui pensent pouvoir chevaucher le dragon chinois et revenir chez eux comme si de rien n’était ».

« Les soins infirmiers sont clairement au cœur de la culture médicale occidentale… Le prélèvement d’organes sur des dissidents vivants politiques et religieux va à l’encontre de tous les aspects du serment [d’infirmier] et de ce code d’éthique », a‑t‑il ajouté.

« Par votre présence ici, en considérant ce que moi et tant d’autres chercheurs avons établi, en considérant l’action collective sous toutes ses formes, vous devenez une cheville ouvrière cruciale. »

M. Gutmann a fait quelques suggestions sur ce que les infirmières peuvent entreprendre : « Vous n’avez pas besoin d’inventer quoi que ce soit de nouveau ici, le précédent est clair : abolir tout contact occidental avec l’industrie de transplantation en Chine continentale ; aucun chirurgien ou infirmier chinois spécialisé dans la transplantation, en l’occurrence, dans nos revues médicales, nos universités, nos conférences et nos hôpitaux ; et un gel de toutes les ventes de matériel chirurgical, du développement pharmaceutique et de tests en Chine. »

Les grands problèmes d’éthique en Chine

Arthur L. Caplan, titulaire d’un doctorat en histoire et philosophie des sciences,  est professeur Mitty de bioéthique au Langone Medical Center de l’université de New York et directeur fondateur de la Division d’éthique médicale. Avant de rejoindre l’université de New York, il a fondé le Centre de bioéthique et le département d’Éthique médicale de l’université de Pennsylvanie. Il a également été coprésident d’un important groupe de travail des Nations unies et de l’Union européenne sur le trafic d’organes.

Le Dr Arthur Caplan (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Le Dr Caplan a commencé son discours en définissant les trois piliers du cadre moral de la transplantation d’organes, à savoir la règle du donneur mort, le don altruiste et la distribution équitable des organes.

« C’est triste à dire, mais je crois toujours qu’il y a des problèmes majeurs » en Chine. « Il y a un écart énorme entre le nombre de transplantations que la Chine dit faire chaque année et les chiffres communiqués concernant les dons d’organes. »

Selon le Dr Caplan, pour obtenir des organes, le régime chinois se tourne vers ses prisonniers. Il peut s’agir de prisonniers politiques, de pratiquants de Falun Gong ou de personnes appartenant à un certain groupe ethnique – des personnes qui peuvent être « injustement emprisonnées ».

« Je pense que les infirmiers ont l’obligation de se méfier de ce qui se passe en Chine en ce moment en matière de transplantations, d’essayer de faire pression sur le gouvernement pour qu’il améliore et modifie les pratiques qui impliquent particulièrement les prisonniers, d’essayer de protester également si des informations sont publiées dans des revues… qui viennent de Chine au sujet de la transplantation, à moins que la provenance des organes dont il est question soit claire. »

« Et nous ne devrions en aucun cas recommander aux patients de se rendre en Chine pour y subir une transplantation. »

Tenir les patients pleinement informés

Ecoee Rooney, présidente de l’Association des infirmières de l’État de Louisiane et présidente du comité d’éthique de l’AFN, a abordé les considérations éthiques liées au prélèvement d’organes.

Ecoee Rooney (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Le Dr Rooney, qui est titulaire d’un doctorat en pratique infirmière, a souligné l’importance de tenir les patients informés.

« Il est de notre devoir d’aider [nos patients] à comprendre les risques et les avantages potentiels de toutes leurs décisions en matière de soins de santé. … Donc, dans la lignée de ce dont nous avons parlé aujourd’hui, le fait de tenir les patients pleinement informés des réalités qui se produisent actuellement en Chine en matière de transplantation … suffirait à clarifier leur décision. C’est certainement une des choses qu’en tant qu’infirmiers, nous sommes tenus de faire : veiller à ce que les personnes que nous servons soient claires et informées des décisions qu’elles prennent. »

Former les étudiants

Rose Constantino, titulaire d’un doctorat et d’un diplôme de droit, enseigne à l’école infirmière de l’université de Pittsburgh depuis 1971. Elle possède une vaste expérience des questions éthiques et juridiques dans la pratique infirmière. Elle a exhorté la communauté scientifique à rejeter les publications provenant de pays pratiquant le trafic et le prélèvement forcé d’organes.

Rose Constantino (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

En outre, le Dr Constantino pense que le sommet pourrait être un bon moyen de sensibiliser les étudiants. Le séminaire de quatre heures est la meilleure façon de vraiment comprendre le problème, selon elle. S’il pouvait y avoir de tels séminaires « destinés à tous les étudiants, ce serait un moyen très efficace … pour les informer. Parce que personne n’a vraiment entendu ni vu ce que nous avons abordé aujourd’hui. »

Campagne mondiale pour renforcer les législations

Theresa Chu, avocate des droits de l’homme à Taïwan, a présenté la Déclaration universelle sur la prévention et la lutte contre le prélèvement forcé d’organes (UDCPFOH), elle assure la présidence du comité directeur établi pour faire valoir cette déclaration. L’UDCPFOH a été lancée conjointement en 2021 par cinq ONG, notamment DAFOH aux États‑Unis et d’autres associations en Europe, Taïwan, Corée du Sud et au Japon.

Theresa Chu (Avec l’aimable autorisation du DAFOH)

La Déclaration universelle exhorte le monde à sauvegarder les droits inaliénables de l’humanité, à maintenir les plus hautes valeurs de justice et à mettre fin à une des atrocités les plus flagrantes de ce siècle : le prélèvement forcé d’organes sur des donneurs non consentants dans un but lucratif.

« Nous menons actuellement une campagne pour renforcer la législation de lutte et de prévention contre le prélèvement forcé d’organes à travers l’Europe, l’Amérique et l’Asie. Cette campagne vise à punir sévèrement et à prévenir les atrocités du prélèvement forcé d’organes par le biais du droit pénal de différents pays », a expliqué Me Chu, qui défend les victimes du Falun Gong depuis 20 ans.

Par des procédés législatifs, Taïwan a ouvert la voie en protégeant ses citoyens contre la complicité dans le crime de prélèvement d’organes forcé. Depuis 2015, Taïwan oblige les patients se rendant à l’étranger pour une transplantation à enregistrer le pays, l’hôpital et le médecin concernés, sous peine de se voir retirer la couverture d’assurance pour les médicaments antirejet. Le pays tient également une liste noire des chirurgiens de Chine continentale impliqués dans les prélèvements d’organes. Ces chirurgiens sont interdit d’accès sur l’île.

Me Chu a invité les professionnels des soins infirmiers à signer la déclaration.

Selon la présidente de l’AFN, le Dr Johnson, « l’AFN s’est engagée à soutenir la Déclaration universelle. Nous savons que le prélèvement forcé d’organes est une violation des droits de l’homme, et que les éléments à l’œuvre sont la force, la fraude, la coercition, voire l’enlèvement. »

Jennifer Johnson (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Debra Holbrook, présidente désignée de l’AFN et directrice des soins infirmiers médico‑légaux au Mercy Medical Center de Baltimore, dans le Maryland, a déclaré : « La pratique du prélèvement forcé d’organes est une forme de traite des êtres humains des plus extrêmes, et nous, en tant qu’infirmiers médico‑légaux, avons non seulement la responsabilité, mais aussi l’obligation, de soutenir tous les efforts visant à abolir ces actes, quel que soit le lieu où ils sont pratiqués. »

Debra Holbrook (Avec l’aimable autorisation de DAFOH)

Debra Holbrook informe qu’elle aimerait mettre au défi l’AFN de créer un « groupe de travail composé de personnes – infirmières, médecins, éthiciens – qui veulent vraiment aborder [le prélèvement d’organes forcé] dans l’arène juridique. Nous unissons nos voix pour mettre en avant toute la documentation que [DAFOH] a élaborée pour sensibiliser les gens ».

« Nous sommes ici ensemble pour esquisser éventuellement une législation, ou pour recruter des législateurs qui nous aideront à la rédiger. Voilà pourquoi je suis très motivée pour faire partie de ce groupe », a‑t‑elle ajouté, encourageant les spectateurs du sommet à se rendre à l’AFN.

Expériences personnelles partagées

Deux pratiquants de Falun Gong de Chine ont également parlé de leurs expériences dans les camps de travail et les prisons chinoises, notamment de la torture, des fréquentes prises de sang et des examens médicaux dont sont victimes les pratiquants. Le père d’une pratiquante est mort en prison du fait des persécutions. Celle-ci a raconté comment sa famille avait été privé du droit d’autopsier le corps. Elle a ensuite expliqué pourquoi elle soupçonnait que ses organes avaient été prélevés.

Le Falun Gong est une discipline du corps et de l’esprit dont les enseignements moraux sont axés sur la vérité, la compassion et la tolérance. Cette pratique est devenue très populaire en Chine, avec plus de 70 millions de pratiquants en 1999, selon les données officielles chinoises. Le Parti communiste chinois (PCC) a toutefois considéré la popularité du Falun Gong comme une menace et a lancé une persécution brutale qui se poursuit encore aujourd’hui. C’est probablement par millions que les pratiquants de Falun Gong ont été incarcérés. Soumis à la torture et au travail forcé, ils sont devenus, contre leur gré, une « banque de donneurs » qui alimente l’industrie chinoise de transplantation. (Suivre la persécution ici)

Feuille de route

Le sommet s’est conclu par une séance de questions‑réponses.

« Le sommet nous a donné une feuille de route des actions que nous pouvons maintenant entreprendre, notamment dans les domaines de l’éducation et du droit », a précisé Mme Collins‑Perrica à Epoch Times. « C’est la première fois que des infirmiers et des médecins collaborent publiquement sur la question du prélèvement forcé d’organes. Nous avons une vision unifiée pour qu’il y soit rapidement mis fin, et nous sommes impatients de travailler ensemble. »

Après avoir assisté au sommet, une infirmière de Virginie a écrit : « Le Sommet des infirmiers pour le CPFOH [Combatting and Preventing Forced Organ Harvesting] était très bien, les intervenants étaient formidables. Le fait de voir les survivants de la persécution en Chine s’exprimer a fait que ce sujet me touche vraiment désormais. »

Un autre spectateur a écrit : « Merci à tous les intervenants d’avoir sensibilisé le public aux crimes du prélèvement d’organes. Nous apprécions votre courage et votre persévérance. »

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