Les manifestants de Hong Kong, révoltés par le décès d’un étudiant, se heurtent à nouveau aux forces de l’ordre

Par Frank Fang
12 novembre 2019 05:03 Mis à jour: 20 novembre 2019 13:59

À Hong Kong, les manifestants se sont de nouveau heurtés à la police le 10 novembre, le lendemain d’un samedi calme qui a vu environ 100 000 personnes organiser une veillée funèbre à la chandelle pour commémorer le décès d’un étudiant d’université lié à une action policière.

Le 8 novembre, Alex Chow Tsz-lok, 22 ans, étudiant en informatique à l’Université des sciences et technologies de Hong Kong (HKUST), est décédé d’un arrêt cardiaque.

Quelques jours auparavant, soit le 3 novembre, le jeune Alex Chow est tombé d’un parking à étages dans la région de Tseung Kwan O, à l’Est de Hong Kong, subissant de graves lésions cérébrales.

Avant sa chute, la police hongkongaise avait tiré des gaz lacrymogènes sur le parking, apparemment en réaction à des manifestants qui avaient lancé des bouteilles et des briques depuis le bâtiment. Les forces de l’ordre ont clamé qu’elles n’avaient rien à voir avec son décès et que les images en circuit fermé montraient le jeune Chow marchant seul peu avant sa chute.

Le service d’incendie a déclaré qu’une ambulance affectée au chevet d’Alex Chow Tsz-lok s’est vue coincée dans un embouteillage causant un retard sur les lieux. Lorsque l’ambulance s’est approchée de la zone en question, les ambulanciers paramédicaux ont dû marcher à pied pour se rendre aux côtés de M. Chow car une route près du parking était bloquée, selon les médias locaux. On ne sait pas pourquoi la route semblait bloquée, alors que la police a nié toute responsabilité dans le retard de l’aide médicale au jeune Chow.

Wei Shyy, président de HKUST, a appelé à une « enquête approfondie et indépendante » sur le décès d’Alex Chow, même si la police a recommandé qu’un tribunal du coroner enquête sur sa mort.

Bien que les circonstances de la chute de M. Chow restent incertaines, son décès est devenu un nouveau cri de ralliement pour les manifestants de Hong Kong, en colère contre ce qu’ils considèrent comme les tactiques violentes et autoritaires de la police dans la gestion des manifestations depuis juin.

Samedi soir, une veillée aux chandelles a eu lieu au Tamar Park, situé à proximité des bureaux du gouvernement. La population locale a également rendu hommage au jeune étudiant Chow en déposant des fleurs blanches et en installant des grues en papier sur les murs du parking où il est tombé.

Les personnes en deuil présentent leurs hommages à côté de fleurs et d’une banderole sur laquelle on peut lire « De nous tous – Dieu bénisse Chow Tsz-Lok » sur le site où l’étudiant Alex Chow, 22 ans, est tombé lors d’une récente manifestation du côté Kowloon de Hong Kong le 8 novembre 2019. (Anthony Wallace/AFP via Getty Images)

Protestations du dimanche

Le 10 novembre, de multiples manifestations ont éclaté dans plusieurs districts, dont Tsuen Wan, Sha Tin et Causeway Bay, à l’intérieur et autour des centres commerciaux, après un appel à l’action en ligne pour « faire du shopping ».

Vers 15 h 30, heure locale, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur un viaduc à Tsuen Wan, blessant une journaliste travaillant pour le média local Now TV.

Une heure plus tard, au centre commercial Citywalk, également à Tsuen Wan, les forces de l’ordre ont tiré du gaz poivré sur les manifestants en réponse aux parapluies et aux bouteilles qui leur tombaient dessus.

La police en civil a également procédé à plusieurs arrestations à l’intérieur du centre commercial Festival Walk situé à Kowloon Tong, selon les médias de Hong Kong, où les manifestants s’étaient réunis pour scander des slogans.

Les manifestants ont commencé à se bagarrer avec les policiers en civil, et au moins un des leurs a été blessé.

Finalement, la police anti-émeute est arrivée tirant du gaz poivré pour disperser les manifestants.

 

Au moins cinq arrestations ont également eu lieu dans le quartier résidentiel de logements sociaux Jat Min Chuen, situé à Sha Tin, alors que la police cherchait des manifestants qui s’étaient auparavant rassemblés dans un parc voisin.

Au cours de la nuit, les policiers confrontés par les manifestants rassemblés dans les rues de Tsuen Wan ont vite tiré de multiples balles de gaz lacrymogène, selon le RTHK

Vers 20 h 45, heure locale, les policiers responsables ont déployé un véhicule à canon à eau pour disperser les manifestants qui ont pris les rues de Mong Kok.

Approfondir la crise

Alors que les protestations se poursuivaient, le législateur du Parti démocrate Lam Cheuk-ting s’est retranché dans le bâtiment du conseil législatif de la ville (LegCo), refusant de se rendre volontairement à la police.

Lam Cheuk-ting faisait partie des sept législateurs pro-démocratie accusés d’avoir violé l’article 19 de l’ordonnance du Conseil législatif, qui traite des voies de fait et de l’obstruction contre les membres du Conseil législatif (LegCo). La police a procédé à des arrestations à la suite d’un incident survenu le 11 mai, lorsque plusieurs législateurs se sont livrés à une bagarre alors qu’ils débattaient du projet de loi sur l’extradition, retiré depuis, qui a déclenché les manifestations.

Le législateur Eddie Chu a été arrêté par la police vendredi, tandis que cinq autres – Au Nok-hin, Raymond Chan, Gary Fan, Kwok Ka-ki et Leung Yiu-chung – se sont présentés volontairement aux commissariats de police samedi après avoir été informés de l’émission des mandats d’arrestation.

Au moins trois d’entre eux, MM. Kwok, Leung et Fan, doivent comparaître devant le tribunal de première instance de l’Est le 11 novembre.

Tanya Chan, organisatrice du camp pro-démocratie du Conseil législatif (LegCo), a accusé le gouvernement de Hong Kong d’utiliser les arrestations comme un moyen d’attiser la colère du public, afin que les prochaines élections des conseils de district du 24 novembre soient annulées.

Le secrétaire aux affaires constitutionnelles et continentales de Hong Kong, Patrick Nip, a répondu que les arrestations n’avaient rien à voir avec les élections.

Le législateur américain s’est également dit préoccupé par ces arrestations.

« Il semble que le gouvernement du #CCP[Parti communiste chinois] et la RASHK[région administrative spéciale de Hong Kong] préféreraient renverser les élections à Hong Kong plutôt que de tenir leurs promesses », a écrit le sénateur Marco Rubio (R-Floride) sur Twitter.

De nouveaux signes indiquent que Pékin pourrait resserrer son emprise sur Hong Kong, à la suite d’un récent conclave du PCC où de hauts responsables de Pékin ont discuté de la nécessité de « perfectionner » le « système juridique et le mécanisme d’application des lois » de Hong Kong, selon le communiqué.

Un long article écrit par Zhang Xiaoming, directeur du Bureau des affaires de Hong Kong et de Macao au sein du Conseil d’État, a récemment été publié dans une série de livres sur le conclave. Le site Web officiel du Bureau a également publié l’article samedi.

Dans cet article, le directeur Zhang affirme que le fait que le gouvernement hongkongais n’ait pas promulgué une loi controversée, appelée article 23, est la principale raison pour laquelle « l’indépendance de Hong Kong et les forces séparatistes radicales locales » se sont intensifiées ces dernières années. Le régime chinois n’a cessé de répéter que la dissidence actuelle de la ville est fomentée par les pays occidentaux qui encouragent la population locale à défendre l’indépendance de Hong Kong.

L’article 23, une loi antisubversion dont beaucoup craignaient qu’elle n’empiète sur les libertés civiles, a été abrogé à la suite d’une manifestation massive en 2003. Bien que certains responsables pro-pékinois à Hong Kong se soient portés garants de la réintroduction du projet de loi, cela ne s’est pas encore produit.

M. Zhang a ajouté que le renforcement du « pouvoir d’application de la loi » de Hong Kong était une tâche urgente pour le gouvernement de Hong Kong.

S’exprimant à la radio dimanche, Tam Yiuu-chung, seul représentant de Hong Kong auprès d’un comité qui dirige l’assemblée législative chinoise, a nié que Pékin faisait pression sur le gouvernement de Hong Kong pour faire adopter l’article 23, selon RTHK.

Toutefois, Tam Yiuu-chung a ajouté que si la nécessité oblige l’adoption de l’article 23, alors il doit être mis en place.

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