Un magnat chinois connu pour ses coups de pub à New York, fait l’objet d’un examen

30 septembre 2016 10:24 Mis à jour: 30 septembre 2016 21:25

Analyse des informations

En 2014, le magnat du recyclage chinois Chen Guangbiao, s’est rendu à New York, sans manquer de provoquer des émois, usant de la même comédie qui l’a rendu célèbre en Chine.

Lors d’une conférence de presse (en janvier 2014 ) dans les quartiers chics de Manhattan, Chen s’est vanté de ses plans d’acheter le New York Times, a chanté en karaoké, puis sans le vouloir, a révélé ses affiliations politiques en présentant au public deux femmes défigurées par des brûlures, promettant de payer pour leur reconstruction faciale.

En juin de la même année, Chen a attiré plus de 200 sans-abris de New York dans une brasserie de Central Park, en promettant de leur donner 300 dollars. Il les a divertis en chantonnant une chanson communiste et en faisant quelques tours de passe-passe, puis il a disparu après avoir à peine rempli ses promesses financières.

Aujourd’hui, Caixin, une publication économique chinoise respectée, accuse Chen Guangbiao d’escroquerie. De nombreux posts publiés sur les sites chinois se moquent également de sa récente incursion dans le secteur des compléments alimentaires pour la perte de poids.

Mais l’attention portée au soi-disant philanthrope semble être liée plus aux connexions politiques de Chen qu’à sa bouffonnerie. En tenant compte des affiliations de Caixin, il est probable que l’exposé de Chen fasse partie des efforts de l’actuel dirigeant du Parti communiste chinois Xi Jinping à affaiblir sa faction rivale, dirigée par l’ancien dirigeant Jiang Zemin.

Démasquer le « Premier de la Chine »

Chen Guangbiao, âgé de 48 ans, s’est fait connaître en Chine suite au tremblement de terre survenu dans le Sichuan en 2008, quand il s’est personnellement impliqué dans les opérations de secours. Il est également connu pour distribuer ses cartes de visite avec des titres extravagants comme « Philanthrope éminent de Chine » et « Premier de la Chine ».

La plupart des actes de charité de Chen semblent être des tentatives exagérées de promotion de sa propre image – il a distribué des grandes quantités d’argent liquide aux pauvres dans le sud de la Chine et une fois, il a dansé dans un costume vert sur des voitures qu’il avait données.

Toutefois, certains des actes de générosité de Chen ne sont pas sans éveiller des soupçons.

Le 20 septembre dernier, Caixin a publié un long rapport d’enquête intitulé « Chen Guangbiao : ’un grand philanthrope’ ou ‘ un grand escroc’ ? » dans lequel elle dénonçait l’homme d’affaires et ses actions.

Selon Caixin, le 30 mars dernier, la police a perquisitionné Jiangsu Huangpu Recycling Resources Company, l’entreprise de construction et de recyclage des déchets appartenant à Chen. Les policiers ont trouvé au moins 170 sceaux contrefaits d’organisations caritatives liées à l’État.

Chen a contesté ces informations en affirmant le lendemain à Caixin que son entreprise n’avait pas été perquisitionnée, mais plutôt que c’était son adjoint qui répandait des rumeurs. Cependant Caixin a affirmé que plusieurs sources internes avaient confirmé que la compagnie de Chen était bien tombée sous l’enquête.

L’article de Caixin mentionnait également que Chen n’est pas très charitable pour un philanthrope. Par exemple, Chen a affirmé qu’il avait fait don d’argent à plusieurs écoles élémentaires dans le Jiangsu à travers des fondations, mais Caixin a trouvé que ces organisations n’ont en réalité pas reçu un seul centime. Pour se défendre, Chen affirme qu’il ne garde aucune trace de ses dons, généralement effectués en espèces.

Une autre action douteuse de Chen est son affirmation que l’académie des sciences de l’Etat a développé sa nouvelle gamme de suppléments de perte de poids. L’Académie chinoise des sciences a informé Caixin qu’elle n’a « aucun lien » avec les produits de Chen.

Les doutes émis par Caixin ne sont pas quelque chose de nouveau. En 2011, les autorités de Taiwan avaient hésité à délivrer un visa d’une semaine à Chen, parce qu’elles craignaient que ce dernier puisse promouvoir l’agenda politique du régime communiste chinois. Cependant, Chen a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’a rien à voir avec les autorités chinoises.

Toutefois, il semble être étroitement lié à certains éléments du système politique chinois.

Les deux victimes défigurées par des brûlures que Chen a amenées avec lui lors de sa visite à New York en 2014, en est un exemple. Les deux femmes étaient censées être victimes de l’incident des auto-immolations de la place Tiananmen, survenu en 2001. L’incident a été reconnu plus tard comme une mise en scène de style hollywoodien, organisée par les autorités chinoises. Lors de cet incident, quelques Chinois ont tenté de s’immoler par le feu, puis ont déclaré qu’ils étaient pratiquants de Falun Gong, une discipline de méditation traditionnelle qui est, depuis 1999, victime d’une campagne de persécution visant à l’éradiquer. Cette campagne avait été considérée comme assez confuse et inutile, mais la vague de propagande qui a suivi l’incident des auto-immolations a permis aux autorités du Parti de renouveler leur permis de tuer.

C’est à deux participantes de cet incident que Chen a promis de payer la chirurgie esthétique.

Les commanditaires

Les analystes experts du système politique chinois se posent la question de savoir comment Chen Guangbiao a pu approcher ces deux femmes, puis les amener à l’extérieur du pays.

Comme on pouvait s’y attendre, le reportage de Caixin a constaté que Chen est associé à au moins deux anciens haut responsables.

Le premier est Ling Jihua, l’ancien chef du Bureau général du Département du travail du Front uni du Comité central du Pari communiste chinois. Caixin soupçonne que Ling est derrière les actions philanthropiques de Chen.

Le second est Li Dongsheng, ancien directeur adjoint de la Télévision Centrale de Chine (CCTV) gérée par l’État. Avant d’être démis de ses fonctions en 2013, il était chef du « Bureau 610 », une organisation de type Gestapo chargée de superviser la persécution du Falun Gong. Caixin note que Chen et Li « se sont rencontrés » après que Li ait quitté son poste à la CCTV et suggère que les deux hommes avaient des liens d’affaires.

Les analystes pensent que l’article de Caixin ne cible pas seulement Chen, mais qu’il pourrait être aussi une tentative d’attaquer ses commanditaires dans les coulisses.

Heng He, analyste de la Chine et commentateur, pense que l’article de Caixin vise à faire sortir de l’ombre les agents du Bureau 610 qui ont aidé Chen à organiser son show à New York avec les « victimes des auto-immolations de la place Tiananmen ».

Étant donné la nature très « sensible » de tout ce qui est lié au Falun Gong en Chine, il est très probable que Chen ait eu un soutien au « plus haut niveau », c’est-à-dire de l’ancien dirigeant du Parti Jiang Zemin, ou de ses collaborateurs les plus proches.

Lors d’un talk-show de la chaine de télévision en langue chinoise New Tang Dynasty Television, l’analyste de la situation en Chine Chen Pokong a déclaré que la parution de l’article de Caixin signifie que Chen Guangbiao « sera certainement arrêté » dans un avenir proche.

« Caixin est lié à la Commission centrale d’inspection de la discipline », a expliqué Chen Pokong. « L’information de Hu Shuli provient probablement de cette organisation. »

Bien que Caixin ne soit pas une publication appartenant à l’État, sa rédactrice en chef, Hu Shuli, est une associée de longue date de Wang Qishan, chef de l’agence de la lutte anti-corruption du PCC. Caixin a dénoncé d’une façon régulière les fonctionnaires corrompus soumis à la purge lors de la campagne anti-corruption de Xi Jinping, et la publication est considérée comme porteuse des messages de Xi Jinping et de Wang Qishan.

Version anglaise : Chinese Tycoon, Known for New York Publicity Stunts, Meets With Scrutiny

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