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« Mon cerveau fonctionne différemment de celui d’une personne normale » : Térence Atmane, le tennisman au grand potentiel, se révèle à Cincinnati

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Le tennisman français Térence Atmane.

Photo: Jess Rapfogel/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Le Français Térence Atmane, jusqu’alors cantonné aux marges du tennis professionnel, dévoile son immense potentiel au Masters 1000 de Cincinnati, où cette personnalité atypique brille avec son jeu spectaculaire.
Après être sorti des qualifications et avoir dominé deux membres du Top 10, Atmane (23 ans) défie samedi le n°1 mondial Jannik Sinner en demi-finale.
« Je suis un grand fan de Térence »
« Je suis un grand fan de Térence », assurait au printemps à Roland-Garros Ivan Ljubicic, directeur technique national chargé du haut niveau à la Fédération française de tennis.
« Je pense qu’il a tous les outils pour jouer à un niveau très intéressant. Quand je parle de très intéressant, je pense Top 30. Il est explosif, physiquement, il est fort. Techniquement, il y a tout », louait alors l’ancien champion croate, pourtant déçu par la prestation et l’attitude médiocre du joueur, invité par la FFT, lors d’une défaite au premier tour contre Richard Gasquet.
« J’ai parlé avec Richard (Gasquet). Il m’a dit qu’il y a Rafa (Nadal), mais après, personne d’autre n’a ce coup droit, lourd, comme ça », ajoutait encore Ljubicic, persuadé du potentiel de ce gaucher au coup droit lifté.

Le Français Térence Atmane lors de son match de simple messieurs contre le Français Richard Gasquet au tournoi de tennis de Roland-Garros, le 26 mai 2025. (DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images)

Une gestion difficile des émotions
L’ancien coach de Roger Federer pointait alors parmi les limites d’Atmane le besoin de temps pour « comprendre comment utiliser tout cela », gérer « un niveau de dépense énergétique, mentale » important, et sa relation au public, lui qui avait heurté une spectatrice avec une balle envoyée dans les tribunes par frustration en 2024 à Roland-Garros.
La difficile gestion des émotions peut s’expliquer par une particularité du joueur, diagnostiqué « haut potentiel intellectuel » après un test de QI à 15 ans.
« Mon cerveau fonctionne différemment de celui d’une personne normale », indiquait-il dans un podcast de L’Équipe l’an passé.
« Ca explique pourquoi je m’ennuyais beaucoup à l’école. L’école ça me semblait beaucoup trop simple. »
« J’essaie d’être plus positif désormais »
« J’ai un esprit très instinctif. C’est impossible de me parler tactique. Si un mec me dit de jouer là je vais faire l’opposé. En étant HPI j’arrive à créer des effets de surprise », dit encore cet avide collectionneur de cartes Pokémon.
Pendant ses jeunes années, Atmane se distingue par son mauvais comportement sur les courts, reçoit des dizaines d’avertissement, finissant par être suspendu quatre mois par la fédération internationale.
« C’étaient des pétages de plomb, je voulais tout le temps bien jouer. Je pouvais péter des câbles tous les trois points, je m’en prenais souvent aux arbitres. Et j’étais négatif envers moi-même, j’essaie d’être plus positif désormais. »
Hors du système fédéral à l’adolescence, le Boulonnais d’origine se construit avec un entraîneur privé. Exilé dans le Var, il vit seul dans un appartement dès ses 15 ans, mais est victime de dépression entre 2020 et 2021 et subi une lourde blessure à une cheville, « un nouveau départ » qui « déclenche » sa progression.
« Travail, travail, travail »
Atmane s’est totalement révélé à Cincinnati, où, débarqué sans aucun sponsor à part pour ses raquettes, sa nouvelle dimension l’a mené au studio du diffuseur américain Tennis Channel mercredi soir.
« Travail, travail, travail, il n’y a pas de secret, on fait un bon boulot avec mes entraîneurs, j’ai une très bonne équipe, très positive », a-t-il expliqué lors de l’interview.

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Le gaucher est entraîné par le costaud et tatoué Guillaume Peyre, qui a coaché dans le passé Marcos Baghdatis et Richard Gasquet, et qui a accueilli Atmane dans une académie dont il s’occupe en Chine.
Atmane explique avoir « connu des semaines difficiles après Roland-Garros », « je ne gagnais pas beaucoup de matches, je n’avais pas confiance », dit-il, encore battu par le 689e mondial il y a trois semaines.
« Quand je suis arrivé ici en qualifications je me cherchais encore », ajoute celui qui a le cuir tanné par les mois passés sur le circuit secondaire, où « le niveau est très élevé, et tous les joueurs sont affamés ».
Le Français y avait remporté deux tournois au printemps (Busan et Guangzhou).
Les portes de tous les grands tournois vont s’ouvrir à lui
Désormais assuré d’être au pire autour de la 70e place mondiale, les portes de tous les grands tournois, notamment le prochain US Open, vont s’ouvrir à lui.
Armé de son jeu spectaculaire, Atmane a réussi à séduire les locaux, flattés par ses t-shirts des Reds de Cincinnati, l’équipe locale de baseball, dont il « ne connaît pas les règles ».
Énigmatique, il a signé jeudi la caméra en écrivant « le paradoxe de Fermi », l’interrogation du célèbre physicien italien sur l’absence de trace de vie extraterrestre, malgré l’immense probabilité de son existence.