Le mur de Berlin – ou l’emprisonnement du communisme

8 novembre 2018 20:42 Mis à jour: 11 novembre 2019 06:31

Du 13 août 1961 au 9 novembre 1989, Berlin-Est est séparée de Berlin-Ouest par le mur de Berlin.

Pendant près de 30 ans, le mur de Berlin a symbolisé la lutte entre la démocratie occidentale et la tyrannie communiste. Le 9 novembre 2018, près de 30 ans se seront écoulés depuis que les Berlinois de l’Ouest et de l’Est ont investi le mur de Berlin en 1989, avec la détermination de faire tomber cette barrière à la liberté humaine.

Le mur de Berlin symbolisait la différence frappante entre une société libre dans laquelle les gens étaient libres d’aller et venir paisiblement comme ils l’entendaient et une société tyrannique dans laquelle le régime totalitaire imposé par les Soviétiques craignait tellement le désir de son propre peuple de partir qu’il faisait tout son possible pour le garder prisonnier dans les frontières de l’État marxiste.

À cet égard, il n’est pas inutile de rappeler comment et pourquoi le mur de Berlin a été construit et ce qu’il a signifié dans la grande lutte entre liberté et tyrannie dans le courant des événements politiques du XXe siècle.

Sceller les gens derrière un mur de tyrannie

Le 10 août 1961, Nikita S. Khrouchtchev, Premier ministre de l’Union soviétique, assiste à la fête d’anniversaire de Sergei S. Verentsov, à Moscou, le maréchal soviétique chargé du programme de missiles de l’Union des républiques socialistes soviétiques. Nikita Khrouchtchev informe alors l’assemblée des dignitaires militaires et politiques soviétiques que quelque chose d’important est sur le point de se produire.

« Nous allons fermer Berlin », annonce Nikita Khrouchtchev. « On va installer du fil barbelé serpentin et l’Ouest restera là muet comme des moutons. Et pendant qu’ils seront là, on va ériger un mur. » La foule est en liesse, applaudissant avec enthousiasme.

La ville de Berlin est découpée en 4 zones d’occupation par les Alliées à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. La moitié orientale de la ville était la zone soviétique. La moitié occidentale était divisée en zones américaine, britannique et française, entourée par la zone d’occupation soviétique en Allemagne de l’Est.

La zone d’occupation britannique ou américaine la plus proche dans l’ouest de l’Allemagne se trouvait à 177 km à l’ouest. Les Soviétiques ayant établi une « république populaire » dans leur zone – la République démocratique allemande, avec Berlin-Est comme capitale.

Entre la fin des années 1940 et 1961, plus de 4 millions d’Allemands de l’Est et de Berlinois de l’Est ont profité de la relative facilité de passer de la zone soviétique à Berlin à l’une des zones occidentales pour « voter avec leurs pieds » et quitter le « paradis des travailleurs » que Moscou leur avait imposé. Cet exode massif fut un énorme embarras pour les gouvernements soviétique et est-allemand. Elle a également représenté une perte énorme en main-d’œuvre qualifiée et ce, au sein de nombreux postes professionnels.

Les Soviétiques avaient presque entièrement réussi à garder le secret sur le fait que Berlin-Ouest devait être scellée. Le samedi 12 août 1961, 1 573 Est-Allemands ont franchi la ligne séparant Berlin-Est et Berlin-Ouest et se sont inscrits comme réfugiés désireux de vivre à l’Ouest. Ils ont été le dernier groupe à être autorisé à partir librement. Les Soviétiques ont tendu des barbelés à travers la Porte de Brandebourg, ancien symbole de la division de la ville, face aux zones occidentales au centre de la ville. Et à 2 h 30, le matin du 13 août, la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest était fermée.

La porte de Brandebourg de nuit (Berlin, Allemagne). Crédit : Pixabay

Les victoires et les défaites du Mur

Deux jours plus tard, le 15 août, les travaux sur le mur de Berlin ont commencé. Fait de briques et de béton, il allait devenir un vrai complexe comportant deux murs d’une longueur de 140 kilomètres et de 3,6 mètres de haut avec des barbelés au sommet dressés vers le ciel. Les gardes allemands de l’Est armés de mitrailleuses tiraient sur tous ceux qui tentaient de le franchir. Il y avait aussi un chemin de ronde de 182 mètres (200 verges) menant au mur, couverte de mines terrestres et patrouillé par des chiens policiers. Il a fallu 2 ans pour achever les travaux.

Pourtant, malgré cela, au cours des 28 années d’existence du Mur, entre 1961 et 1989, on estime que 5 000 personnes ont réussi à s’enfuir soit par-dessus, soit par-dessous ou à travers le Mur. Certains se sont échappés par les égouts sous le mur. D’autres ont creusé des tunnels – le plus long mesurait 150 mètres et 57 personnes s’étaient enfuies vers Berlin-Ouest en 1964.

Une femme a cousu des uniformes militaires soviétiques pour trois amis de sexe masculin, qui ont traversé l’un des postes de contrôle frontaliers du mur avec la femme entassée sous le siège avant. Un archer a utilisé une flèche pour tirer un câble au-dessus du mur à partir d’un bâtiment de Berlin-Est et a glissé le long du mur jusqu’à la liberté.

Certains ont construit des montgolfières et des machines volantes rudimentaires en utilisant des pièces de vélomoteurs pour propulser leur vol au-dessus du mur. D’autres ont traversé à la nage des canaux ou des rivières qui séparaient certaines parties de Berlin-Est et de Berlin-Ouest.

Les manifestants devant le mur face à la porte de Brandebourg en décembre 1989.

Les contrebandiers pour la liberté

Il est également apparu une entreprise de contrebande qui faisait paraître des annonces dans les journaux ouest-allemands. L’une de ces sociétés, Aramco, dont le siège était à Zurich, en Suisse, a publié des communiqués de presse faisant référence à ses « méthodes techniques des plus modernes ». Les prix de l’entreprise n’étaient pas si déraisonnables : 10 000 $ à 12 000 $ US (8,750 € à 10,500 € ) par personne, avec des « prix de groupes » pour les familles, payables sur un compte numéroté dans une banque suisse. Si une tentative d’évasion échouait, la compagnie remboursait la majeure partie de l’argent à l’Occidental qui avait financé l’évasion.

Le gouvernement est-allemand a publié des affiches de personnes recherchées du côté de Berlin-Est à Checkpoint Charlie, offrant 500 000 marks allemands, soit 255 650 €, pour la saisie du directeur d’Aramco, Hans Ulrich Lenzlinger. Les affiches le décrivaient négativement comme un « marchand de personnes ». En février 1979, quelqu’un a récolté la prime sur la tête de M. Lenzlinger, après qu’on lui a tiré plusieurs fois dans la poitrine, l’assassinant chez lui à Zurich.

Il n’a pas été la seule victime des tentatives d’évasion. Au cours de ces 28 années d’existence du Mur, 80 personnes ont perdu la vie en essayant d’atteindre le côté ouest du Mur. Plus d’une centaine d’autres personnes ont perdu la vie en tentant de s’échapper le long d’autres points de la frontière est-allemande, hautement fortifiée.

Mémorial dédié aux victimes du Mur, près de Checkpoint Charlie.
Par Magnus Manske — CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35382

L’un des meurtres les plus inhumains à la frontière a eu lieu en août 1962. Peter Fechter, un maçon de 18 ans, a été abattu alors qu’il tentait de franchir le mur. Pendant 50 minutes, il a supplié de l’aide alors qu’il se saignait lentement en se vidant de ses blessures devant les soldats et les journalistes qui observaient depuis l’un des postes de contrôle de la frontière ouest. Ce n’est qu’après sa mort que les gardes est-allemands ont récupéré son corps.

Le mur de Berlin est devenu le symbole de la guerre froide et de sa division du monde en deux, une moitié encore relativement libre et l’autre moitié soumise à la tyrannie la plus brutale et la plus complète de l’histoire moderne. Rien n’était censé franchir le rideau de fer des clôtures de barbelés, des champs de mines terrestres et des tours de guet des mitrailleuses qui traversaient l’Europe centrale de la Baltique à la mer Adriatique, sans l’autorisation des maîtres soviétiques à Moscou.

Le mur vs la liberté de circuler

Ce que le mur de Berlin incarnait, c’était l’idée du XXe siècle selon laquelle l’individu soit la propriété de l’État. Derrière ce mur, le gouvernement est-allemand disait aux gens où vivre et travailler, quels biens ils pouvaient consommer, et de quels plaisirs et divertissements ils pouvaient jouir.

L’État déterminait ce qu’ils lisaient, regardaient et disaient. Ils ne pouvaient pas quitter le pays, que ce soit pour une visite ou pour toujours, à moins que cela ne serve les objectifs et les intérêts de leurs maîtres politiques. Si quelqu’un tentait de partir sans permission, il pouvait être abattu et laissé pour mort, seul et impuissant, et d’autres étaient obligés de rester là à observer, horrifiés.

Au XIXe siècle, le plus grand triomphe du libéralisme classique a été l’abolition de la dernière des restrictions archaïques à la vie, la liberté et le droit d’acquérir honnêtement des propriétés des individus, c’est-à-dire la restitution à chacun de son droit de voyager librement sans ingérence ou contrôle injustifié de l’État.

Autrefois, non seulement les difficultés physiques de transport empêchaient les hommes de se déplacer amplement d’une région ou d’un continent à l’autre. À ces barrières physiques s’ajoutaient les barrières juridiques des impôts, des péages, des passeports et du servage, qui liaient la grande majorité de la population à la terre appartenant aux castes politiques privilégiées et titrées.

Les libéraux classiques et les économistes classiques du début du XIXe siècle ont plaidé en faveur de la suppression de ces restrictions à la liberté de la personne. Le principe directeur était qu’un homme a un droit de propriété sur lui-même, qu’il est propriétaire de lui-même. Comme l’a exprimé l’économiste classique John R. McCulloch dans les années 1820 :

« De toutes les catégories de biens qu’un homme puisse posséder, les facultés de son esprit et les pouvoirs de son corps sont les plus particulièrement les siens ; et il devrait être autorisé à en jouir, c’est-à-dire à les utiliser et à les exercer, à sa discrétion (…) d’aucune façon cela ne nuisant à quiconque, [comme] il le considère le plus avantageux pour lui-même. »

Un prolongement logique du droit à la propriété de soi sur son esprit et son corps, et de son utilisation à des fins personnelles et pacifiques, était le droit de s’installer là où il estimait pouvoir améliorer sa situation au mieux.

Au cours du XIXe siècle, les diverses restrictions à la liberté de circulation ont été supprimées. Les passeports ont été pratiquement éliminés dans les principaux pays d’Europe et d’Amérique du Nord, et les barrières juridiques à l’émigration et à l’immigration ont été presque complètement abolies dans ces mêmes pays.

Des dizaines de millions de personnes, pour leur propre compte et grâce à des fonds privés, ont quitté leur lieu de naissance à la recherche d’une vie et d’une fortune meilleures dans les pays et sur les continents de leur propre choix.

Le libre-échange des personnes correspondait au libre-échange croissant des biens et des capitaux. Environ 60 millions de personnes ont profité de la plus grande liberté de mouvement entre 1840 et 1914, avant le début de la Première Guerre mondiale, et plus de la moitié de ces 60 millions se sont rendus aux États-Unis pour commencer une nouvelle vie dans une société libre.

Obstacles à la liberté

Mais avec l’arrivée de la Première Guerre mondiale, les gouvernements ont rétabli le passeport et d’autres restrictions à la liberté de circulation. Avec la montée des idéologies totalitaires dans les années qui ont suivi la fin de la Première Guerre mondiale, la liberté de circulation a été abolie.

Le communisme, le fascisme et le nazisme reposaient tous sur la prémisse que l’individu était subordonné à l’État et qu’il vivait et travaillait uniquement pour la promotion des intérêts de l’État. En tant qu’ « objet » appartenant au gouvernement, l’individu est resté en place ou a été renvoyé de force dans un autre lieu sous les ordres brutaux de l’autorité politique.

L’économiste allemand Wilhelm Röpke, économiste du marché libre, l’a souligné un jour :

« Le nationalisme et le collectivisme modernes se sont peut-être rapprochés, par le biais de la restriction de la migration, de l’ « État-providence » (…) L’homme peut difficilement être réduit davantage à une simple roue dans l’horloge de l’État collectiviste national que privé de la liberté de circulation (…) Sentant qu’il appartient maintenant à sa nation, corps et âme, il sera plus facilement soumis comme serf obéissant aux exigences des gouvernements nationaliste et collectiviste. »

En ce 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin, nous devons nous rappeler tout ce qu’il représentait comme symbole de tyrannie sous lequel l’individu était marqué de l’étiquette : propriété de l’État. Non seulement il était contrôlé dans tout ce qu’il faisait et disait publiquement, mais chaque mouvement était surveillé, commandé ou restreint.

La liberté sous toutes ses formes – parler, écrire, s’associer et pratiquer un culte, comme bon nous semble ; exercer tout métier, profession ou entreprise privée que l’inclination et les possibilités nous suggèrent ; visiter, vivre et travailler là où nos rêves et nos désirs nous amènent à la recherche d’une vie meilleure – sont des choses précieuses.

L’histoire du mur de Berlin et l’idéologie communiste qui le sous-tend devraient nous rappeler à quel point la perte d’une partie de notre liberté peut être importante alors que nous déterminons dans quelle direction – vers une plus grande liberté individuelle et la libre entreprise ou vers un plus grand commandement et contrôle gouvernementaux – nous voulons que notre pays évolue au sein du XXIe siècle.

Richard M. Ebeling est professeur émérite en éthique et en leadership de la libre entreprise au Collège militaire The Citadel, à Charleston, en Caroline du Sud.

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