« Ils ont honte de leur visage » : le mal-être des ados qui veulent garder leur masque

Par Nathalie Dieul
15 mars 2022 17:15 Mis à jour: 15 mars 2022 17:15

Depuis le 14 mars, le masque n’est plus obligatoire dans les écoles françaises. Pourtant de nombreux ados refusent de le retirer pour différentes raisons : complexes physiques exacerbés par la crise sanitaire, peur de se dévoiler, ou encore pour écouter des professeurs qui leur recommandent de le garder.

« Au collège, on ne m’a jamais vue sans masque, je ne veux pas l’enlever », confie Louna, 12 ans, à Actu.fr. « Je redoute de devoir l’enlever, parce que je ne veux pas que les autres voient mes problèmes de peau ! », ajoute l’élève de 5ème qui a des boutons, tout comme Jonathan, 15 ans, qui veut garder son masque : « C’est cool, il cache une partie de mon visage et donc mes boutons d’acné. »

« J’ai un appareil dentaire que je porte depuis quelques mois. La plupart des gens de ma classe ne l’ont pas encore vu et c’est très bien comme ça », témoigne Juliette, 14 ans, au magazine Au féminin. Quant à Emma, 16 ans, elle déclare sans ambages que son visage est « laid ».

Des complexes exacerbés

La période de l’adolescence, transition entre l’enfance à l’âge adulte, est celle d’un mal‑être bien connu. De nombreux complexes apparaissent habituellement à cet âge qu’on dit « ingrat ». Ces complexes ont été amplifiés après deux ans de protocoles et mesures sanitaires totalement inédites.

« Les plus anxieux pourront avoir des réticences et de la méfiance vis‑à‑vis du retrait du masque qui advient rapidement, radicalement et de manière inattendue », estime Elena Goutard, coach parental.

« L’adolescence est une période de grande vulnérabilité, de remise en question, de questionnements par rapport au groupe », continue‑t‑elle. « Et quelque part ce masque leur a permis de se cacher, comme derrière un bouclier qui leur permettait de cacher une partie d’eux‑mêmes. »

De son côté, Karen, assistante d’éducation dans un collège, se dit choquée de voir les jeunes avoir tellement peu confiance en eux au point de se cacher derrière leur masque. « Ils ont honte de leur visage, personne ne les a jamais vus sans », s’inquiète‑t‑elle.

Il y a aussi un cercle vicieux : les jeunes gardent leur masque pour cacher leurs boutons, mais celui‑ci ne fait qu’augmenter les problèmes de peau typiques de l’adolescence. « La peau du visage n’est pas physiologiquement adaptée au port du masque. Elle est fine et réagit plus rapidement aux agressions de type frottement« , explique le Dr Radostina Bachvarova, dermatologue, au Journal des femmes. « Le frottement du masque sur les zones fragiles du visage (…) agresse la peau et abîme la barrière cutanée naturelle. Lorsque cette barrière cutanée est abîmée, les problèmes de peau arrivent. »

Des profs qui recommandent le port du masque

En plus de ces insécurités physiques, certains collégiens et lycéens ont peur du virus qui somme toute n’a pas été si dangereux comparé à bien d’autres maladies (le dernier bilan fait état de 140 294 morts du Covid en France selon Linternaute, ce qui représente environ 0,2 % de la population). Ils ignorent aussi le fait que le masque n’offre pas réellement de protection concrète, ce qu’a encore démontré une toute récente étude. « On leur a rabâché à longueur de temps qu’ils devaient faire très attention parce qu’ils pouvaient plus facilement contaminer les autres », remarque Claire Claudel, psychologue. « Alors maintenant, ils ont peur de se balader le visage découvert ! »

« Nos profs continuent à nous dire que c’est recommandé de continuer à le porter », remarque Emma, une collégienne en classe de 3ème. « Dans ma classe, la majorité des élèves ne veulent pas l’enlever, parce qu’il y a beaucoup de critiques entre nous. Donc moi, si personne ne l’enlève, ça ne me dit rien non plus. »

La coach parental Elena Goutard estime qu’il ne faut pas brusquer les adolescents mais les accompagner dans cette transition qui leur fait peur. Toutefois, il y a un but à atteindre : « Il faut absolument que les jeunes recommencent à sortir, à avoir de vrais échanges, pas cachés derrière leurs écrans, ni derrière leurs masques. »

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