Avec plus de 30 navires de croisière bloqués en mer, les passagers tentent de rester optimistes

Par CNN
22 mars 2020 19:41 Mis à jour: 22 mars 2020 19:41

Les jeunes mariés texans Jay et Carmen Martinez sont passés directement de la célébration de leur mariage sur la plage à une croisière en guise de lune de miel à travers le Pacifique Sud à bord du Norwegian Jewel.

Avant la date de départ du 28 février en Australie, le couple s’inquiétait de la propagation du virus du Parti communiste chinois (PCC)* mais n’avait pas la possibilité d’annuler le voyage de 23 jours qu’ils avaient réservé deux ans plus tôt.

Epoch Times utilise le terme « virus du PCC » et non pas le terme habituel de « Covid-19 » afin de signifier à ses lecteurs que ce virus s’est propagé depuis la Chine dans le monde entier, créant une véritable pandémie. Cette propagation étant due à la mauvaise gestion mais surtout à la dissimulation voulue par le régime communiste chinois, lorsque les premiers cas d’infection sont apparus.

Ils font maintenant partie des milliers de passagers encore en mer à bord de plus de 30 navires de croisière, certains cherchant encore un port qui les acceptera dans un contexte de fermeture mondiale de l’industrie des croisières et de craintes croissantes d’infection.

On pense que le Norwegian Jewel se dirige vers Hawaï, mais il n’y a pas d’annonce officielle sur sa destination finale et le navire a déjà été détourné de plusieurs ports.

« Nous avons quelque peu hésité », raconte Jay Martinez à CNN Travel à propos de leur appréhension avant l’embarquement. Le couple a envisagé de modifier ses plans, mais on lui a dit que l’annulation était impossible, qu’il était bloqué.

« Jusqu’au dernier moment avant notre départ, ne pas embarquer était hors de question », dit Jay, « et avec tout l’argent investi dans notre lune de miel, nous n’avions pas d’autre choix que d’embarquer sur le navire. »

Le couple craignait que l’itinéraire de la croisière ne soit écourté, mais il ne s’attendait pas à se retrouver en mer, coincé sur un bateau se démenant pour trouver un port où accoster.

Une situation qui s’aggrave

Ils ne sont pas les seuls.

Alors que des épidémies du virus du PCC ont touché de nombreux navires en mer, la Cruise Lines International Association, ou CLIA, a pris la décision le 13 mars de suspendre les opérations des ports d’escale américains pendant 30 jours.

La CLIA regroupe 38 compagnies de croisière, représentant plus de 95 % de la capacité mondiale de croisière, soit un total de 277 navires.

« Une poignée de navires – environ 14 % de la flotte totale de la CLIA – est actuellement en mer pour terminer leur voyage », a déclaré l’organisation à CNN. « Nos membres s’efforcent de ramener ces navires au port en toute sécurité dès qu’ils le peuvent. »

Le navire de croisière norvégien Jewel est en quarantaine pendant que les autorités sanitaires testent un homme pour la maladie du coronavirus à Sydney, Australie, le 14 février 2020. (Lisa Maree Williams/Getty Images)

Parmi la trentaine de navires encore en mer, le Norwegian Jewel se dirige vers Honolulu, Hawaï, mais personne ne sait s’il sera autorisé à y accoster.

Dès le départ, il était clair que certains ports seraient fermés et que certains plans devaient être modifiés, explique Jay Martinez.

La situation s’est drastiquement aggravée il y a environ une semaine, lorsque la CLIA a rappelé ses navires et que la Polynésie française a refusé le Norwegian Jewel.

Au début, il était prévu que le navire se dirige vers les Fidji pour y débarquer, mais ce plan a été abandonné en cours de route lorsque le pays insulaire a déclaré que le paquebot ne serait pas accepté. La Nouvelle-Zélande lui a emboîté le pas.

Le navire a ensuite été autorisé à se ravitailler en carburant aux Samoa américaines. « Et c’est là que nous avons commencé notre long voyage vers Hawaï », soupire Jay.

Le croisiériste Norwegian Jewel n’a pas encore donné de confirmation officielle de la destination finale du navire. En réponse à une demande de CNN, un porte-parole a confirmé qu’un projet d’accostage en Nouvelle-Zélande avait été abandonné. « Nous vous tiendrons au courant dès que nous en aurons connaissance », a déclaré le porte-parole.

À bord, Jay a déclaré que les invités ont connu des vagues d’émotions, passant du soulagement à la déception en apprenant l’imminence de la destination puis l’abandon des plans.

Jusqu’à présent, tout le monde à bord du Norwegian Jewel se porte bien, sans aucun cas de maladie à coronavirus ou de passagers en quarantaine.

Néanmoins, Jay confirme que les invités sont inquiets et très anxieux, les tensions augmentant à mesure que la trajectoire du navire devient de plus en plus incertaine.

Tout le monde est conscient, dit-il, qu’il y a une réelle possibilité que cela puisse continuer pendant des jours ou des semaines.

On s’inquiète de l’épuisement des stocks de médicaments, de la santé des amis et de leurs familles, et des moyens de subsistance de tout le monde à la maison.

Le Pacific Princess

De l’autre côté de l’océan Pacifique, Ron Ernst, 76 ans, s’amuse de ce jeu de patience à bord du Pacific Princess, un paquebot de croisière de 338 cabines pouvant accueillir 670 personnes.

Ron et sa femme, Susie, sont montés à bord du navire le 20 janvier à Los Angeles. Le couple californien à la retraite a effectué plus de 25 croisières, dont trois tours du monde.

Ils ont quitté les côtes américaines prêts pour une nouvelle aventure mondiale, s’embarquant dans leur odyssée de croisière de 111 jours, à peine conscients de la menace croissante du virus.

« [Il me semble que] nous avions entendu parler d’un virus en Chine, j’en suis sûr, mais nous n’avions aucune inquiétude », explique Ron.

C’est vers la fin du mois de février qu’ils ont pris conscience que le virus risquait d’avoir un impact sur leur itinéraire.

Le bateau a sauté des escales sur l’île indonésienne de Bali, à Singapour et dans la station balnéaire thaïlandaise de Phuket. Les passagers ont également été défendus de quitter le navire au Sri Lanka.

Tout comme le Norwegian Jewel, le Pacific Princess est en bonne santé – aucun cas de virus du PCC – mais il est toujours dans l’incertitude.

« La deuxième nuit après le Sri Lanka, le capitaine a fait l’annonce bouleversante que, compte tenu de l’évolution et du changement rapide des conditions, la croisière se terminerait à Fremantle/Perth », raconte Ron. « Nous avons rapidement réalisé que les choses devenaient sérieuses. »

Le navire a fait un virage à 180 degrés au milieu de la nuit et a entamé une navigation de 18 jours vers l’Australie.

Il est finalement arrivé samedi matin, heure locale.

« La vie sur le bateau s’est poursuivie avec de la bonne nourriture, des divertissements et beaucoup de rencontres », explique Ron.

« L’équipage est absolument fantastique. L’avenir des employés est complètement incertain, mais ils ne le laissent pas transparaître. Le Princess a fait un travail incroyable, surtout si l’on considère ces conditions sans précédent. »

Interrogé sur le statut du navire et des personnes à bord, Princess Cruises a dirigé CNN vers un communiqué en ligne confirmant la destination finale et offrant une ligne d’assistance téléphonique pour les amis et la famille.

À bord du Pacific Princess, Ron Ernst affirme que l’humeur des passagers a fluctué. C’est surtout la peur de l’inconnu qui les préoccupe.

En fait, certains craignaient de retourner à une réalité qui est devenue loin d’être « normale ».

« Nous étions en bonne santé et à l’aise tant que nous étions dans notre cocon sécurisé », analyse Ron. « Tout le monde n’a pas hâte de retourner dans le monde – sur terre. »

À bord du Pacific Princess se trouvait également CJ Hayden, 63 ans, auteure et coach d’affaires basée à San Francisco.

Mme Hayden, qui voyageait avec son partenaire Dave Herninko, a déclaré à CNN en début de semaine qu’elle espérait simplement rentrer chez elle le plus vite possible, au cas où d’autres restrictions de voyage étaient mises en place.

« Notre plus grande préoccupation est de savoir si nous pouvons encore rentrer en Amérique du Nord avant que les aéroports, les villes ou même les frontières ne soient fermés », a-t-elle déclaré. « Le bateau ne peut pas aller plus vite. »

Il y avait 547 passagers à bord et 448 sont Américains. Princess Cruises affirme avoir organisé le vol pour chaque passager et payé le billet d’avion.

Toute personne ne pouvant pas prendre l’avion pour des raisons médicales restera à bord du navire pendant la traversée vers Los Angeles.

L’Australie avait précédemment annoncé qu’elle fermait ses ports aux passagers des navires de croisière. Selon Mme Hayden, les passagers du Pacific Princess ont reçu l’autorisation de débarquer à condition qu’ils se rendent immédiatement à l’aéroport.

Ceux qui n’ont pas de réservations sur les vols du 21 mars resteront à bord jusqu’à ce que leur vol soit prêt à partir le lendemain.

« Presque tous les passagers sont des personnes âgées, dont beaucoup ont 70 ou 80 ans, et un certain nombre sont handicapés », avait constaté Mme Hayden en début de semaine.

« Certaines personnes se portent bien, d’autres paniquent », a-t-elle ajouté.

Comme Ron, Mme Hayden trouve que « l’incertitude » était la chose la plus difficile à gérer.

Rester en contact

À bord du Jewel, Jay, qui travaille dans les affaires publiques, essaie de s’occuper en travaillant à distance depuis l’océan.

Carmen, qui travaille dans le domaine de la prévention des maladies, n’est pas en mesure de télétravailler. Comme certains des invités les plus jeunes et les plus doués en technologie, tous deux essaient d’aider les passagers plus âgés.

« [Nous] aidons, nous prenons contact avec les membres de la famille qui ont des difficultés à se connecter via Internet ou par téléphone avec ceux qui sont sur ce navire », dit Jay.

Il fait l’éloge des membres de l’équipage également bloqués à bord et incertains de l’avenir, soulignant leur « travail phénoménal de propreté et d’efforts sanitaires » – ainsi que leur générosité et leur compréhension constantes.

« Il y a beaucoup de gens frustrés, et il est assez malheureux que [l’équipage] subisse les conséquences des défauts de la compagnie de croisière, car ils viennent de faire un excellent travail », dit Jay.

Des temps incertains

En ce moment, les personnes à bord du Norwegian Jewel croisent les doigts dans l’espoir d’être autorisées à débarquer à Hawaï dimanche, mais Jay pense qu’elles n’ont reçu aucune information claire sur la façon dont elles vont rentrer de l’île.

« Cette incertitude, cet inconnu et cette ambiguïté sur ce que sera notre destin, je pense que c’est la chose la plus difficile à supporter », confie-t-il.

Jay Martinez a pris cette photo à bord du Norwegian Jewel. (Avec l’aimable autorisation de Jay Martinez)

Une grande partie de l’industrie du voyage a été durement touchée par la pandémie de coronavirus : les hôteliers licencient des travailleurs, les compagnies aériennes font appel au gouvernement pour les renflouer et les bateaux de croisière font la une des journaux pour toutes les mauvaises raisons.

Alors, Jay et Carmen Martinez seraient-ils à nouveau capables un jour d’embarquer pour une croisière ?

Jay, en diplomate, estime que – personne ne sait vraiment à quoi ressemblera l’univers des voyages dans six mois ou un an. De plus, il espère que les compagnies de croisière adopteront de nouvelles pratiques pour faire face à des situations comme celle-ci.

« Je ne dirais pas que nous sommes définitivement vaccinés en ce qui concerne les croisières à l’avenir », estime-t-il. « Je pense que c’est une discussion que nous devrons avoir quand nous serons rentrés chez nous et que de l’eau aura coulé sous les ponts. »

« Tout dépendra de la façon dont cela se déroulera et de la réaction de la compagnie de croisière après sa pause de 30 jours, à la suite de cette épidémie. »

Et bien qu’ils soient coincés en mer et incertains de la date à laquelle ils reverront la terre ferme, il y a eu des moments de joie à bord.

Après tout, Jay et Carmen ont fêté leur lune de miel. Jeudi, c’était l’anniversaire de leur premier mois.

« Cela a été une croisière, des vacances et une lune de miel comme aucune autre, et pour autant de bonnes que de terribles raisons », déclare Jay.

Ils profitent de la camaraderie à bord, les gens se sont rapprochés les uns des autres malgré et à cause des circonstances difficiles.

« Nous sommes très liés, je pense que nous trouvons du réconfort les uns dans les autres en trouvant de l’humour dans notre situation, en faisant part des préoccupations de nos différents pays et en partageant ces nouvelles », analyse Jay.

CJ Hayden partage des histoires similaires à bord du Pacific Princess.

« Certains d’entre nous nous aidons mutuellement à acquérir de nouvelles compétences », commence-t-elle. « Deux volontaires m’ont aidée, ainsi que d’autres, à apprendre la peinture à l’aquarelle. Un autre passager a appris à mon mari comment utiliser l’équipement de la salle de sport. Nous avons appris à plusieurs personnes à jouer aux dominos en forme de pied de poule », poursuit-elle.

Le souvenir qui lui restera, dit-elle, est celui du moment où le bateau s’est arrêté au Sri Lanka pour se ravitailler en carburant.

« Sur le quai à côté du navire, il y avait des soldats avec des fusils et des chiens, et des travailleurs qui déchargeaient des fournitures en portant des masques et des gants. À 10 heures, l’ensemble des passagers s’est rassemblé sur le pont de la piscine et a crié : ‘Souriez !’ »

Jay se dit fier de la façon dont les passagers et l’équipage ont collaboré face à l’incertitude.

« C’est une belle chose, car j’ai parfois l’impression que notre monde est très divisé », poursuit-il.

« C’est formidable de sentir que nous pouvons prendre position dans cette pandémie en tant qu’initiative mondiale, et je pense que nous avons notre propre petite mini-communauté qui représente justement cela – que nous veillons les uns sur les autres.

Nous nous soucions du bien-être de chacun et nous voulons nous assurer que tout le monde rentre chez soi, et pas seulement les personnes d’une certaine nationalité. »

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