Désinformation : un rapport européen sur le covid-19 a-t-il été modifié sous la pression du régime chinois?

« les diplomates européens se censurent pour calmer le parti communiste chinois »

Par Aurelien Girard
26 avril 2020 18:51 Mis à jour: 28 avril 2020 03:57

« Les Chinois commencent déjà à menacer de conséquences si le rapport sort » s’inquiète Lutz Güllner, diplomate européen, dans un courriel que le New-York Times a pu se procurer. L’agence Reuters a de son côté eu quatre confirmations diplomatiques indépendantes des pressions exercées par Pékin pour que les critiques sur ses dissimulations dans la crise du virus de Wuhan soient effacées. Le rapport de l’Union Européenne, qui devait être publié le 21 avril, est finalement sorti dans une version remaniée le vendredi 24 avril.

« L’objectif de ce rapport est de donner une vision photographique des tendances actuelles de la désinformation liée au COVID-19/Coronavirus » dit la préface du document. « Il ne donne pas une vision complète et analytique et se focalise principalement sur les aspects internationaux, conformément au mandat de l’EEAS [service des actions étrangères de l’Union Européenne] . »

La première version du rapport, que le South China Morning Post a pu se procurer, concluait que la Chine orchestre « une campagne mondiale de désinformation » pour dévier les critiques sur l’émergence de l’épidémie en « utilisant des tactiques ouvertes aussi bien que cachées. »

Un haut fonctionnaire chinois a contacté des fonctionnaires européens à Pékin le 21 avril pour leur dire que « si le rapport est publié tel quel aujourd’hui, ce sera très mauvais pour notre coopération », selon la correspondance diplomatique de l’Union Européenne auxquelles Reuters a eu accès.

La correspondance cite un haut fonctionnaire du ministère chinois des affaires étrangères, Yang Xiaoguang, qui déclare que la publication du rapport va mettre Pékin « très en colère. »

Les diplomates européens ont, d’après le Post, craint que « cela rende plus difficile d’obtenir du matériel médical. »  Ne pouvant plus être supprimée, elle s’est donc retrouvée déplacée de la première page à la fin du document.

« Les publications de l’EEAS sont totalement indépendantes » s’insurge pourtant devant Fox News un porte-parole de l’Union Européenne, Peter Stano. « Nous n’avons jamais plié devant aucune pression politique étrangère supposée. Ceci inclut notre dernier document sur les tendances de la désinformation, publiée vendredi dernier. »

Dans une belle répétition à l’identique des éléments de discours que les porte-parole sont censés porter, Virginie Battu-Henriksson, porte-parole de la Commission des Affaires Etrangères de l’Union, a répété au South China Morning Post,  sans une virgule de différence, « nous n’avons jamais plié devant aucune pression politique étrangère supposée. Ceci inclut notre dernier document sur les tendances de la désinformation, publiée vendredi dernier. »

Malheureusement pour ce discours rôdé, The New York Times rapporte qu’Esther Osorio, conseillère en communication du patron de la diplomatie européenne, Josep Borrell, est intervenue personnellement pour retarder la publication du rapport. Elle a de plus demandé aux analystes de l’EEAS de mentionner la Chine de façon moins explicite, continue le SCMP.

Résultat, alors que le rapport original mentionnait que les analystes avaient « découvert des efforts continus et coordonnés par les forces chinoises pour empêcher les critiques quant à l’émergence de la pandémie et focaliser sur l’assistance bilatérale », la version publiée parle de désinformation venant « de sources liées à différents gouvernement dont la Russie et – dans une moindre mesure – la Chine. »

Un responsable européen en désaccord avec ces modifications a indiqué à Politico que les diplomates se “censuraient pour calmer le parti communiste chinois. »

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