Retour devant les assises de Mamadou Diallo, acquitté du meurtre d’une postière dans l’Ain

Par Epoch Times avec AFP
10 octobre 2023 12:10 Mis à jour: 10 octobre 2023 12:21

Acquitté en première instance « au bénéfice du doute », Mamadou Diallo, 34 ans, va être rejugé en appel pour le meurtre d’une postière de l’Ain le 19 décembre 2008 et comparaîtra librement à partir de jeudi devant les assises du Rhône à Lyon.

C’est le parquet général qui a fait appel après son acquittement, prononcé en avril 2022 au terme d’une semaine d’audience haletante sur les circonstances de la mort de Catherine Burgod. Cette guichetière de 41 ans, enceinte et mère de deux enfants, avait été retrouvée lardée de 28 coups de couteaux dans la petite agence postale de Montréal-la-Cluse (Ain).

Considéré comme de « l’acharnement judiciaire » par Me Sylvie Noachovitch, l’avocate de l’accusé, ce nouveau procès sera l’occasion de mettre en lumière les « vérités techniques » sur le crime et les contradictions du meurtrier présumé, selon Me Jean-François Barre, l’avocat des parties civiles.

La piste d’un crime crapuleux, avec la disparition d’un butin de 2600 euros, avait rapidement été privilégiée dans cette affaire très médiatique qui a fait depuis l’objet d’un livre enquête L’inconnu de la Poste, signé par Florence Aubenas. Au départ, les soupçons ont visé un acteur devenu marginal installé près de l’agence postale, Gérald Thomassin, césarisé « meilleur espoir » en 1991 pour son rôle dans Le petit criminel, de Jacques Doillon.

Des traces d’ADN correspondant à Mamadou Diallo

Le comportement de cet ancien toxicomane, qui livre des détails troublants sur la scène du crime et s’accuse du meurtre, avait intrigué, ce qui avait conduit à sa mise en examen et à son placement en détention. Mais en 2017, le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) informe les enquêteurs que les traces d’ADN prélevées sur un sac près du corps de la victime correspondent à Mamadou Diallo, un lycéen déjà mis en cause dans un vol de carte bancaire, à l’époque classé sans suite.

Au moment des faits, celui qui est depuis devenu ambulancier effectuait un stage en entreprise près de Montréal-la-Cluse. Le jeune homme alors âgé de 19 ans reconnaît s’être rendu à l’agence postale, avoir découvert le corps puis être reparti dans la panique en emportant une liasse de billets, mais il nie avoir tué la guichetière. Si son ADN a été retrouvé sur le sac, c’est parce qu’il s’est essuyé les mains dessus, dit-il.

En août 2019, une confrontation est organisée entre Mamadou Diallo et Gérald Thomassin mais ce dernier disparaît avant le rendez vous et reste depuis introuvable. Il a bénéficié d’un non-lieu. Mis en examen et incarcéré, Mamadou Diallo, lui, n’a cessé de clamer son innocence.

Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité

Lors de son procès devant les assises de l’Ain en mars 2022, les jurés avaient choisi de croire celui que ses proches ont décrit comme un être « serviable », « droit », « incapable d’une once de violence » et de rejeter les arguments de l’accusation qui décrivait l’accusé comme un habile menteur.

Aujourd’hui, « il n’arrive pas à faire ressurgir tout ce qu’il a pu voir. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il a paniqué. Tout retombe sur lui alors que tous les éléments du dossier vont dans le sens de la version de mon client », a déclaré à l’AFP Me Noachovitch. « Il faut tout recommencer alors qu’il est innocent. C’est de l’acharnement judiciaire. Mais la justice a horreur du vide et il faut un coupable », souligne l’avocate qui n’a « aucun doute quant à son innocence ».

Pour elle, d’autres pistes, dont celle de Gérald Thomassin, ont été négligées. Selon Me Barre, qui représente notamment les enfants de Catherine Burgod, la version de Mamadou Diallo « est assez courte vis-à-vis de ce que l’on a et de ce à quoi il est confronté ».

« Quel type d’homme avec les valeurs qui sont soi-disant les siennes, qui voit une scène aussi morbide avec une femme qui a du sang partout va prendre l’argent sans appeler les secours? Sans se soucier de quoi que ce soit? », interroge-t-il. Avec l’ADN, « on a pu avoir une parole de vérité technique qu’il faut maintenant habiller avec l’intime conviction », ajoute l’avocat, jugeant que « les doutes sont ici périphériques ».

L’ambulancier encourt à nouveau la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict attendu le 20 octobre.

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