Shopping en ligne le jour des célibataires en Chine : grands bénéfices, fraude, dépendance et tragédie

14 novembre 2017 19:11 Mis à jour: 14 novembre 2017 19:11

Le 11 novembre, également connu comme le jour des célibataires, est une fête spéciale en Chine accompagnée de soldes exceptionnelles d’achats en ligne. Un show de stars, organisé par Alibaba, le plus grand détaillant en ligne de Chine, lance chaque année cette fête, envisagée à l’origine comme un jour de vente en ligne aux célibataires – une sorte de thérapie par les achats. Vendredi dernier, la star du cinéma Nicole Kidman, le rappeur Pharrell Williams et les stars du cinéma chinois Zhang Ziyi et Fan Bingbing comptaient parmi les invités du gala à Shanghai.

À la fin d’une période de 24 heures, Alibaba a vendu pour 168,3 milliards de yuans ou environ 22 milliards d’euros – une augmentation de près de 40 % par rapport à 120,7 milliards de yuans (15,7 milliards d’euros) de l’an passé.

Fondateur et président exécutif d’Alibaba Jack Ma (c) salue les spectateurs en compagnie de l’ancien lutteur sumo de Mongolie Dagvadorj Dolgorsurengiin (g), l’acteur hongkongais Donnie Yen (2e à g), l’actrice australienne Nicole Kidman (2e à d) et l’acteur chinois Wu Jing (d), lors du gala de l’ouverture du festival du shopping du 11 novembre à Shanghai. (STR / AFP / Getty Images)

La plupart des produits achetés par les consommateurs chinois provenaient du Japon, des États-Unis, d’Australie, d’Allemagne et de Corée du Sud. Dans la seule province de Guangzhou, dans le sud de la Chine, 360 millions de colis devaient être expédiés par le bureau de poste local.

Toutefois, les chiffres des ventes ont été remis en question. Selon Reuters, en 2016, la Securities and Exchange Commission des États-Unis a ouvert une enquête sur les pratiques de comptabilité d’Alibaba, y compris lors de ses ventes pendant le Jour des célibataires.

Le même jour, le journal chinois Beijing News a publié un article dénonçant des sites qui proposent de fausses transactions aux vendeurs. Les vendeurs de boutiques en ligne peuvent commander autant de fausses transactions qu’ils veulent, et la personne qui les aide à accomplir cette tâche reçoit une commission pour ses services. Les fausses ventes sont faites sous de faux noms, afin d’augmenter le volume des ventes d’un vendeur et faire monter son classement de popularité dans l’espoir d’attirer de vrais clients.

Un site, appelé « 51 Shua Dan » (« fausses transactions » en chinois), a été fermé après la publication de l’article de Beijing News. Avant sa fermeture, ce site comptait 62 484 membres et avait effectué 10 millions de fausses transactions, selon Beijing News.

Dépendance en ligne

Les chiffres de vente très élevés peuvent également signaler un grave problème social. Le week-end dernier, le journal chinois Metropolis Bulletin a rapporté qu’une femme de la ville côtière de Xiamen, province du Fujian, avait dépensé 1,4 million de yuans (183 000 d’euros) pour des achats en ligne au cours des deux dernières années.

Liu Cheng, le mari de 37 ans de cette femme, a confié au journal que son épouse achetait sans arrêt des vêtements en ligne pendant le 11 novembre et d’autres jours fériés, dépensant toutes les économies du couple, allant jusqu’à la limite de 17 cartes de crédit, empruntant de l’argent aux parents et contractant des prêts sur les articles qu’elle avait achetés.

Au cours des fêtes du Nouvel an chinois de cette année, six livreurs leur ont déposé 27 colis en une journée. Liu Cheng a également commencé à recevoir des appels téléphoniques de différentes sociétés de vente qui demandaient de l’argent pour les articles achetés par son épouse.

Cette photo, prise le 9 novembre 2017, montre les employés qui trient des colis à la veille du Jour des célibataires dans la ville de Huaibei, province de l’Anhui, dans l’est de la Chine. (STR / AFP / Getty Images)

Liu Cheng a également raconté que le placard de sa femme contenait environ 300 jeans, 200 paires de chaussures, 50 manteaux et 40 sacs à main différents, à côté d’innombrables t-shirts et vestes, dont un bon nombre portaient toujours des étiquettes.

La dépendance au shopping est un phénomène bien réel en Chine. En 2011, le site d’information chinois Sina a publié une enquête sur les habitudes d’achat en ligne auprès des consommateurs chinois. 71,1% des personnes interrogées croyaient avoir une dépendance. 73,6% ont déclaré qu’ils visitaient chaque jour un site d’achat en ligne.

Tragédie

À côté des escroqueries fréquentes et des faux produits fabriqués avec des matériaux douteux, la dernière fièvre consumériste du 11 novembre a conduit à une vraie tragédie à Shanghai.

Un supermarché du district de Pudong avait organisé des soldes spéciales le 11 novembre et de nombreux clients ont fait la queue devant le magasin dès 6h30 du matin.

Le grenier du supermarché était utilisé pour stocker des marchandises. Vers 6h50, la police locale a rapporté que le grenier s’était effondré à cause d’un excès de poids, piégeant une bonne dizaine de clients et le personnel qui se trouvaient au rez-de-chaussée du magasin.

La police, appelée par les résidents locaux, a rapporté via WeChat qu’il y avait eu deux victimes et sept blessées. Les rescapés ont été envoyés à l’hôpital de Pudong où l’un des blessés graves est décédé 13 heures plus tard.

Version anglaise : Singles Day Online Shopping Festival in China Brings Big Sales, Fraud, Addiction, and Tragedy

Enregistrer

Enregistrer

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.