Strasbourg : « Ça explose » dans les services de pédopsychiatrie saturés, une véritable « troisième vague psychique »

Par Nathalie Dieul
9 février 2021 19:14 Mis à jour: 10 février 2021 06:30

 Une véritable « troisième vague psychique » est en train de déferler sur l’hôpital dans les services de pédopsychiatrie. Les soignants la comparent à celle qui s’est abattue sur les services Covid au mois de mars.

Europe 1 est allé voir sur place à Strasbourg pour se rendre compte de comment ça se passait dans les services psychiatriques en charge des enfants et adolescents des hôpitaux universitaires de la ville. Les médecins y parlent d’une « détresse inédite des enfants et des adolescents ». 

À l’accueil du service, Catherine parle d’un grand nombre d’appels, parfois « dix d’affilée, et plus urgents les uns que les autres », et de familles en pleurs au téléphone. Elle donne l’exemple d’un appel d’« une maman dont le petit garçon est rentré à la maison en disant : ‘Est-ce qu’il faut que je me suicide ?' »

Selon la pédopsychiatre Julie Rolling, il y a davantage de certains types de tentatives de suicides graves comme la pendaison. Au lieu de quelques-unes de ces tentatives par année, « on est déjà à quatre tentatives de suicide de ce type depuis le début de l’année. »

Le docteur Rolling met en cause le changement de vie que les enfants et adolescents ont vécu depuis le mois de mars dernier, avec les confinements, l’isolement, des cours en distanciel, l’absence de sorties, le couvre-feu, le tout amenant de la solitude. « Pendant des mois, ils ont pris sur eux et c’est maintenant que ça explose », explique-t-elle. Bref, c’est l’« effet cocotte-minute ».

Le service de pédopsychiatrie des hôpitaux universitaires de Strasbourg n’est pas le seul à avoir vu les hospitalisations des enfants exploser. Aux urgences de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris aussi, les médecins ont constaté deux fois plus de tentatives de suicide chez les jeunes, « qui arrivent en grande détresse psychique », selon la nouvelle cheffe de service Hélène Chapuy.

Dans les deux établissements, que ce soit à Paris ou à Strasbourg, on regrette le manque de « lits d’hospitalisation pour ces jeunes aux troubles psychiques ». Ainsi, Julie Rolling parle du cas d’une adolescente, hospitalisée après sa quatrième tentative de suicide, qui a été promenée d’un service à l’autre. Comme ils étaient tous complets, la jeune fille a finalement atterri dans le service de chirurgie en pédiatrie.

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