En transférant ses rivaux politiques à Pékin, Xi Jinping prépare le terrain pour des mesures plus importantes

1 septembre 2016 10:30 Mis à jour: 4 septembre 2016 08:00

Analyse des informations

Tandis que les dirigeants provinciaux du régime chinois acclamaient publiquement Xi Jinping en tant que nouveau chef suprême du Parti communiste chinois (PCC), Zhang Chunxian, secrétaire du Parti dans le Xinjiang a déclaré aux journalistes : « On en parlera plus tard. » Quelques jours plus tôt, une lettre contestatrice appelant Xi à démissionner était mystérieusement apparue sur un site d’information basé également dans le Xinjiang, province désertique située à l’extrême ouest de la Chine.

L’agence officielle Xinhua a récemment annoncé que Zhang avait été « réaffecté », sans révéler le nouveau poste de l’ancien patron du Xinjiang. Deux journaux étrangers en langue chinoise – Ming Pao Daily de Hong Kong et Lianhe Zaobao de Singapour – ont rapporté que Zhang servira en tant que responsable adjoint d’un organe de décision politique secret qui supervise l’idéologie du PCC à Pékin.

Zhang Chunxian, ancien secrétaire du PCC dans le Xinjiang. (Lintao Zhang / Getty Images)
Zhang Chunxian, ancien secrétaire du PCC dans le Xinjiang. (Lintao Zhang / Getty Images)

Si ces informations sont justes, la réaffectation de Zhang serait semblable, par exemple, à un transfert imprévu du gouverneur de l’Alaska à un poste dans un groupe d’experts à Washington.

Au cours des deux derniers mois, Zhang Chunxian et plusieurs dirigeants provinciaux liés à l’ancien patron du Parti Jiang Zemin, ont été remplacés et assignés à des positions sinécure à Pékin. Les analystes pensent qu’un tel remaniement permet de contrôler ces fonctionnaires et qu’il fait probablement partie des plans de Xi Jinping visant à attaquer Jiang lors d’une importante réunion du PCC en 2017.

Contrairement aux démocraties occidentales, les personnes, et non les institutions, jouent un rôle primordial au sein du régime chinois. Suivant la tradition de Mao Tse Toung et Deng Xiaoping, Jiang Zemin a gardé une forte emprise sur les affaires du régime en dépit d’avoir renoncé à toutes ses positions officielles depuis plus d’une décennie. Afin de pouvoir réellement s’affirmer, Xi Jinping devra éliminer le réseau politique de Jiang et finalement se débarrasser du « doyen » du Parti.

Jusqu’à présent, Xi jouait sur le mode offensif. Dans le cadre de sa campagne anti-corruption, il a mis hors jeu des hauts fonctionnaires à la retraite qui restaient alliés de Jiang, ainsi qu’un grand nombre de leurs collaborateurs du niveau inférieur. Toutefois, évincer les hauts fonctionnaires qui restaient toujours en service semblait être une toute autre question – jusqu’à tout récemment.

En juillet dernier, trois secrétaires provinciaux du Parti liés à Jiang Zemin et à son serviteur déchu, l’ancien patron de la sécurité Zhou Yongkang, ont été soudainement remplacés et réaffectés à des postes fantoches dans la législature du régime basée à Pékin.

Parmi ces anciens dirigeants de trois provinces – Luo Zhijun, ex-patron du Jiangsu , Qiang Wei, ex-patron du Jiangxi et Wang Rulin, ex-patron du Shanxi – un seul (Luo) devra partir à la retraite en novembre. Quoi qu’il en soit, il est bien étrange que les cadres du Parti de niveau provincial perdent leur pouvoir exécutif à la fin de leur carrière.

La réaffectation soudaine de Zhang Chunxian, l’ancien dirigeant du Xinjiang, âgé de 63 ans, est pareille aux trois autres transferts et ne présage rien de bon pour lui.

« Zhang Chunxian est en danger », a expliqué Li Tianxiao, chroniqueur politique de l’édition en langue chinoise d’Epoch Times. « Il sera en fait gardé au frais à Pékin et sera probablement restreint dans ses actions alors que les enquêteurs s’occuperont de son dossier. »

Le sort de Wang Jianping, général de l’Armée populaire de libération, pourrait bien servir d’exemple de ce qui attend Zhang. En 2014, Wang, un fidèle collaborateur des meilleurs alliés de Jiang Zemin, a été soudainement déplacé de la police paramilitaire où il avait bâti sa carrière au Département d’État-major interarmées à Pékin. Récemment, Wang, sa femme et ses hommes de main ont été arrêtés.

Selon Li Tianxiao, la réaffectation de Zhang Chunxian et d’autres dirigeants provinciaux liés à Jiang Zemin, ainsi que le fait que certains de leurs remplaçants sont des alliés bien connus de Xi Jinping, indique également que Xi cherche à s’assurer des votes favorables dans le Politburo, l’organe principal de décision.

Puisque certains dirigeants provinciaux arrivent éventuellement à être nommés parmi les 25 membres du Politburo, Xi veut s’assurer que sa dénonciation de Jiang Zemin – un geste historique – sera approuvée lors du 19e Congrès national du PCC en 2017, a précisé Li Tianxiao. Le Parti tient un Congrès national une fois tous les cinq ans pour renouveler les plus hauts échelons du régime.

Xi a déjà tâté le terrain pour placer sous enquête Jiang lui-même. Plus tôt cette année, les enquêteurs anti-corruption du Parti ont « balayé » Shanghai, depuis longtemps le repaire de Jiang. En outre, les déplacements de Jiang et de ses deux fils sont actuellement restreints, selon l’avocat des droits de l’homme Zheng Enchong qui se réfère à des sources « extrêmement fiables ».

Xin Ziling, responsable de la défense nationale à la retraite qui a préservé des bons liens avec des membres modérés du plus haut échelon du pouvoir chinois, pense que Xi Jinping démantèle le réseau de Jiang d’une manière régulière et méthodique, car cela lui permettra de se débarrasser de Jiang « sans bouleverser le pays ». Un grand nombre de fonctionnaires chinois soutiennent encore Jiang, parce qu’il leur a permis d’être promus et de s’enrichir grâce à la généralisation de la corruption au sein du régime.

Luo Ya et Xie Dongyan ont contribué à cet article.

Version anglaise : Posting Political Rivals to Beijing, Xi Jinping Prepares Ground for Bigger Moves

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