Tromperie écologique : la Répression des fraudes veut renforcer les contrôles contre l’écoblanchiment

Un étal de marché à Navarrenx dans le département des Pyrénées-Atlantiques , le 27 août 2025, lors d'un reportage sur une équipe de la répression des fraudes contrôlant la provenance des produits sur un marché de fruits et légumes en Béarn.
Photo: QUENTIN TOP/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Le verdict est sans appel : l’écoblanchiment sévit massivement dans le commerce français. Selon une vaste enquête révélée mercredi par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), les allégations environnementales mensongères constituent désormais un phénomène « récurrent » qui trompe quotidiennement les consommateurs.
Des expressions séduisantes comme « livraison éco-responsable » ou « produit préservant la planète » fleurissent sur les étiquettes, mais cachent souvent une réalité bien différente.
Face à une clientèle de plus en plus sensibilisée aux enjeux climatiques, les entreprises ont compris l’intérêt de surfer sur la vague verte. Le service rattaché au ministère de l’Économie constate que les professionnels multiplient les communications vantant « la durabilité et le respect de l’environnement » de leurs offres, sans toujours respecter la vérité.
Face à une clientèle de plus en plus sensibilisée aux enjeux climatiques, les entreprises ont compris l’intérêt de surfer sur la vague verte. Le service rattaché au ministère de l’Économie constate que les professionnels multiplient les communications vantant « la durabilité et le respect de l’environnement » de leurs offres, sans toujours respecter la vérité.
Une enquête massive aux résultats alarmants
Entre 2023 et 2024, la DGCCRF n’a pas lésiné sur les moyens : plus de 3000 établissements ont été passés au crible. Les secteurs visés ? Ceux qui abusent le plus fréquemment des promesses écologiques : textile, ameublement, cosmétiques, mais également l’hôtellerie, les services de ménage à domicile et l’alimentation.
Les chiffres révélés donnent le tournis. Plus de 15% des professionnels contrôlés présentaient des « manquements graves » aux réglementations en vigueur. Cette proportion significative a déclenché une véritable cascade de sanctions : plus de 430 injonctions obligeant les contrevenants à se mettre en conformité, accompagnées de plus de 70 amendes administratives et procès-verbaux. Les infractions concernaient principalement des pratiques commerciales déloyales ou l’utilisation de mentions purement et simplement interdites.
La DGCCRF se réjouit néanmoins que l’écrasante majorité de ces entreprises aient corrigé leurs comportements depuis les contrôles. Au-delà des sanctions, plus de 500 avertissements ont été distribués pour prévenir les dérives futures.
Le catalogue des tromperies environnementales
Les exemples recensés illustrent l’inventivité des marketeurs sans scrupules. « Un grand nombre d’allégations » laissaient croire à tort à « un bénéfice global pour l’environnement » sans démontrer d’impact réel. L’expression « parpaing vert », par exemple, suggère une vertu écologique totalement infondée.
Autre supercherie courante : l’apposition de « mentions valorisantes sans justification ». Cas d’école, des vêtements importés neufs depuis l’Asie arboraient fièrement le terme « upcyclé » accompagné d’un logo verdoyant, alors que le concept d’upcycling implique normalement la transformation de matériaux existants.
La DGCCRF a également exigé le retrait d’allégations strictement interdites, comme l’inscription « bons pour l’environnement » sur des produits chimiques contenant pourtant des substances toxiques – un comble qui illustre le cynisme de certains acteurs.
L’utilisation abusive de labels constitue un autre terrain de chasse privilégié. Un magasin de meubles s’est ainsi vu épingler pour avoir prétendu faussement proposer une majorité de bois certifié FSC.
Des sanctions exemplaires et un arsenal renforcé
L’affaire Shein symbolise la volonté de frapper fort. La plateforme asiatique a écopé d’une amende dépassant le million d’euros pour avoir omis de mentionner la présence de microfibres plastiques dans certains textiles, alors que ces particules peuvent polluer l’environnement lors des lavages.
Pour l’avenir, la DGCCRF mise sur plusieurs leviers. Une directive européenne imposera dès 2026 la vérification par un tiers indépendant des engagements environnementaux affichés, sonnant le glas des « labels autoproclamés ». Le service intensifie également ses contrôles grâce à une collaboration renforcée avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), et développe avec QuotaClimat un outil innovant pour traquer le greenwashing médiatique.
Le message est clair : l’ère de l’écoblanchiment impuni touche à sa fin.
Avec AFP

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