Une « marée rouge » décime la population aquatique de la côte ouest de la Floride

17 août 2018 07:53 Mis à jour: 17 août 2018 07:53

Les autorités ont décrété l’état d’urgence en Floride, où une « marée rouge » dévastatrice noircit l’eau de mer et tue dauphins, tortues marines et poissons à un rythme effréné.

Rien que ce mois-ci, plus de cent tonnes d’animaux marins ont été ramassées sur des plages désertes et empestées par une odeur nauséabonde autour de la ville de Sarasota, sur la côte ouest de la Floride, normalement très prisée des touristes.

Depuis le 7 août, douze dauphins se sont échoués sur le rivage du comté, tous morts, un bilan équivalent à celui d’une année entière normalement.

« C’est physiquement et mentalement épuisant », lâche Gretchen Lovewell, du Mote Marine Laboratory, en charge d’une équipe recueillant les tortues et les mammifères marins en détresse ou décédés.

Un phénomène naturel

La marée rouge, « red tide » en anglais, est un phénomène naturel provoqué par le Karenia brevis, un organisme unicellulaire microscopique surtout présent dans le Golfe du Mexique. Il relâche une neurotoxine puissante pouvant se propager dans l’air, causant migraines, toux et crises d’asthme chez l’homme.

(Photo: GettyImages)

Le Karenia brevis se retrouve tout au long de l’année en faible quantité. Mais si ces organismes se multiplient, le péril est grand pour les animaux. Les tortues marines et les lamantins risquent de respirer leurs neurotoxines ou de mourir en ayant mangé des poissons ou des algues infectés.

Dimanche, près de Siesta Key, classée parmi les plus belles plages des États-Unis, Mme Lovewell a été appelée pour récupérer un dauphin en décomposition.

Un grand péril pour les cétacés

Il s’appelait Speck. Il avait 12 ans. Ce mâle avait été aperçu au moins 300 fois par des chercheurs qui suivent avec attention plusieurs générations de grands dauphins sauvages dans la baie de Sarasota.

« C’était bouleversant », raconte Randall Wells, directeur du programme de recherches sur le dauphin de Sarasota.

Le scientifique sort une carte attestant de tous les endroits où Speck a été aperçu par les chercheurs ces dernières années.

La mère et la grand-mère du dauphin avaient également été suivies à la trace. Elles sont mortes en avalant du matériel de pêche.

« Speck, on le connaissait depuis sa naissance », se remémore Wells. « On lui avait donné le nom de mon père » .

Les scientifiques soupçonnent la marée rouge d’être responsable de la mort de ce cétacé. Il faudra attendre les résultats du laboratoire, dans les prochaines semaines, pour s’en assurer.

Plus de cent tonnes d’animaux marins ont été ramassées sur des plages désertes. (Photo : GettyImages)

Le « red tide »  a débuté en octobre 2017

Le phénomène qui touche actuellement la  Floride a débuté en octobre 2017, mais il s’est largement accentué ces dernières semaines, se propageant sur la côte ouest de l’État, de Tampa à Naples, sur une distance de 320 kilomètres.

L’agriculture industrielle et un mauvais traitement des déchets peuvent favoriser la prolifération des algues toxiques, bleues ou vertes, un autre problème qui touche les eaux de Floride. Et il en serait de même pour la marée rouge, selon des experts.

L’odeur du poisson en décomposition a fait mal à l’économie locale, privée de millions de dollars des revenus provenant de la pêche et du tourisme en haute saison.

L’agriculture industrielle et un mauvais traitement des déchets peuvent favoriser la prolifération des algues toxiques. (Photo : Joe Raedle/Getty Images)

« Notre vie, c’est le tourisme ici dans le sud-ouest de la Floride », se lamente Omar Botana, propriétaire d’un commerce de location de bateaux à Bonita Springs, au nord de Naples.

« Ça a touché notre commerce à hauteur de 40 % je dirais », confie-t-il.

Les riverains touchés espèrent que des mesures vont être prises, comme la construction de lacs de retenue afin de traiter l’eau, ou une utilisation réduite d’engrais favorisant la prolifération d’algues nuisibles.

Après la dernière marée rouge d’envergure, en 2005-2006, les dauphins avaient continué à en souffrir, note Randall Wells.

Seuls deux dauphins auraient été tués à l’époque à cause des toxines. Mais de très nombreux poissons étaient morts, poussant les cétacés affamés à se rabattre sur les filets de pêche, qui représentent pour eux un risque conséquent.

D. S avec AFP

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