Xi Jinping envoie un signal politique en commémorant l’amiral défunt, Liu Huaqing

12 octobre 2016 10:07 Mis à jour: 13 octobre 2016 14:48

Analyse des informations

Lors d’un symposium tenu le 28 septembre dernier à Pékin, le dirigeant chinois Xi Jinping a prononcé un discours à l’occasion du 100e anniversaire de l’amiral Liu Huaqing, l’un des plus puissants militaires chinois, actif dans les années 1980 et 1990 avant d’être évincé à la suite de luttes politiques. Liu est mort en 2011, âgé de 95 ans.

Dans un discours commémoratif d’une dizaine de pages, Xi Jinping a fréquemment cité et fait l’éloge de l’amiral pour ses efforts visant à renforcer et réformer l’armée chinoise, a rapporté l’agence officielle Xinhua.

« Il n’y a aucune issue pour un pays sans réformes », avait dit Liu, « et il en va de même pour les forces armées ».

Xi Jinping a également souligné le rôle crucial joué par Liu en 1992, l’année de sa nomination au Comité permanent du Politburo, le plus puissant organe du Parti communiste chinois (PCC). Le discours de Xi Jinping est très significatif et même inhabituel, pour une raison particulière : Liu Huaqing était un rival de Jiang Zemin, l’ancien chef du régime dont Xi Jinping a dû combattre l’influence depuis son arrivé au pouvoir.

Les louanges chantées par le dirigeant chinois à Liu et aux réformes ont probablement plus de sens politique que la simple commémoration de l’anniversaire d’un cadre défunt.

Établir un dossier contre les rivaux politiques

Jiang Zemin était un fonctionnaire du Parti de Shanghai, qui a accédé au plus haut niveau du pouvoir après le massacre de la place Tiananmen à Pékin. En tant que Secrétaire général du Parti communiste, il était en désaccord avec Liu Huaqing, un militaire qui faisait partie du Politburo, épicentre de pouvoir du PCC.

Étant un protégé du vieux, mais encore puissant, Deng Xiaoping, Liu ne s’était pas soumis à la volonté politique de Jiang. Mais après la mort de Deng Xiaoping en 1997, Jiang et ses alliés ont mis hors-jeu les associés de Deng lors du 15e Congrès du Parti tenu plus tard cette année, en supprimant ainsi toutes limites à l’influence politique de Jiang au sein du régime. Liu Huaqing faisait partie de ceux ciblés par cette purge, douce selon les critères du Parti communiste, et s’est retiré de ses fonctions l’année suivante.

Selon Xinhua, dans son discours, Xi Jinping a non seulement souligné la contribution de Lui « au socialisme aux caractéristiques chinoises », mais a aussi cité les paroles de l’amiral selon qui : « Il n’y a pas d’espoir pour les forces armées si nos camarades ont recours aux moyens détournés pour être promus. Cela détruit le moral de l’armée. »

Sous la direction de Xi Jinping, l’administration du régime chinois a été très active dans la punition et le renvoi des milliers de fonctionnaires du Parti, de l’État et des forces armées, accusés officiellement de corruption et d’autres infractions disciplinaires.

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Sous Jiang Zemin, la Chine a connu une croissance économique à deux chiffres, mais aussi une explosion de la corruption encouragée par l’État. Alors que les responsables chinois ont été depuis longtemps connus pour abuser de privilèges provenant de leur statut, Jiang Zemin a généreusement distribué des promotions et des postes clés à ses alliés qui, à leur tour, ont créé des fiefs illégaux à l’aide de la puissante machine de l’État.

De nombreux hauts fonctionnaires, y compris les militaires, écartés du régime sous Xi Jinping, devaient leur ascension à Jiang. Parmi eux, Xu Caihou, un militaire-politicien, avait profité de son poste de vice-commandant de l’Armée populaire de libération pour empocher des grandes sommes d’argent provenant des affaires illicites. Après qu’il ait été mis en examen, les responsables disciplinaires du Parti ont trouvé dans sa résidence de grandes quantités d’or et de devises étrangères.

Gu Junshan, un autre général déshonoré et lié à Jiang Zemin, aurait possédé une statue de Mao Zedong en or massif. Selon les rapports des médias chinois, cette statue a été découverte dans l’une des luxueuses villas du général, ainsi qu’un modèle de bateau en or, des caisses de liqueurs coûteuses, des piles de lingots d’or et de liasses de billets.

Hua Po, commentateur politique basé à Pékin, pense que Deng Xiaoping a placé le réformiste Liu Huaqing au Comité permanent du Politburo pour « contenir l’influence de Jiang… Deng craignait que Jiang abandonne le programme de réformes ».

Selon la publication officielle Legal Evening News, Liu Huaqing a écrit dans ses mémoires qu’il respectait et appréciait profondément la direction de Deng Xiaoping. L’important site d’information chinois Sina a rapporté que Liu méprisait Jiang parce que ce dernier était président de la Commission militaire centrale alors qu’il n’avait jamais servi dans l’armée.

Toutefois, bien que plusieurs hauts responsables chinois qui avaient gagné en pouvoir sous Jiang Zemin aient été mis à l’écart, Jiang lui-même, avec une poignée de ses alliés actifs au Politburo, tels que Liu Yunshan et Zhang Dejiang, doivent encore être accusé directement – mais à travers des actions nuancées.

Fin octobre, le Parti communiste tiendra une importante session plénière à huis clos, durant laquelle Xi Jinping, ses alliés et ses rivaux, détermineront quels responsables seront choisis pour gravir les échelons ou être envoyés à la retraite en 2017, l’année du 19e Congrès du PCC. Plusieurs purges récentes et autres signes indiquent que Xi Jinping entreprend constamment des efforts pour mettre sur à l’écart la faction de Jiang, à la veille de ce plénum.

Version anglaise : Xi Jinping Sends Political Signal in Commemoration of Deceased Senior Naval Commander Liu Huaqing

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