Xi Jinping rappelle aux médias d’État de suivre la ligne du Parti

26 février 2016 10:03 Mis à jour: 6 mars 2016 22:50

Lors d’une sortie très médiatisée ce 19 février, Xi Jinping a visité le journal Quotidien du Peuple, l’agence de presse Xinhua et CCTV, les trois plus grands groupes de médias d’État du pays. Selon l’agence Xinhua, Xi Jinping a plus tard appelé ces organisations médiatiques à « suivre strictement la direction du Parti ».

«  Le Parti réglemente les médias. Les médias d’État et les médias dirigés par le Parti doivent suivre la ligne du Parti. C’est ce qui est déterminé par le système politique chinois. Ce principe est la ligne de vie de la presse chinoise », s’est enthousiasmé Global Times, journal nationaliste à la solde du régime chinois, dans le paragraphe d’ouverture de l’éditorial du 22 février. « Tous les médias dirigés par le Parti font partie de la famille du Parti », a rappelé Xi Jinping. Les jours suivant la visite, les médias du Parti ont repris avec enthousiasme cette maxime.

La visite de Xi Jinping aux organismes de presse a été généralement perçue comme un nouvel effort pour asseoir l’hégémonie du Parti. D’après les critiques, en insistant pour que les médias officiels chinois – considérés depuis longtemps comme des outils importants du Parti, pour le contrôle et l’endoctrinement idéologique – prêtent une allégeance totale à la direction du Parti, Xi Jinping affirme plus que jamais sa suprématie au sein du Parti.

Cependant, compte tenu de la division autour de factions de la politique du Parti, une lecture plus nuancée de la dernière sortie de Xi Jinping permet d’éclairer les coulisses de la scène politique.

En insistant pour que les médias officiels chinois prêtent une allégeance totale à la direction du Parti, Xi Jinping affirme plus que jamais sa suprématie au sein du Parti.

Depuis sa prise de pouvoir en 2012, Xi Jinping a essayé d’écarter tous les éléments de la puissante faction du Parti aux ordres de l’ancien dirigeant du Parti Jiang Zemin, une action née du coup d’État manqué par deux des principaux lieutenants de Jiang Zemin, l’ancien directeur de la police de Chongqing Bo Xilai et l’ancien tsar de la sécurité Zhou Yongkang. Trois ans plus tard, l’influence massive de Jiang Zemin a été considérablement érodée par la campagne anti-corruption et la réforme de l’armée, deux mesures de rectification du Parti conduites par Xi Jinping. Mais toujours selon les spécialistes, les combats entre les factions restent une « lutte à mort ».

Actuellement, Xi Jinping semble avoir le dessus. La presse officielle d’État a récemment publié des commentaires de plusieurs cadres supérieurs du Parti qui voient en Xi Jinping le nouvel homme fort – un terme historiquement significatif que les dirigeants du Parti éminents comme Mao Zedong, Deng Xiaoping et Jiang Zemin (mais pas Hu Jintao) se sont eux-mêmes attribués pour indiquer leur domination complète sur les questions du jour.

Si le contrôle de la direction est visiblement en train de basculer de Jiang Zemin vers Xi Jinping, la transition est évidemment encore incomplète. Xi Jinping est en plein milieu d’une grande réforme de l’armée ; il n’a pas encore publiquement exigé que le Parti le reconnaisse comme dirigeant « fondamental ». Et en dépit des rumeurs circulant l’an dernier dans les médias d’État, Jiang Zemin et Zeng Qinghong, son bras droit et ancien vice-président chinois n’ont pas été formellement ciblés par les responsables de la discipline interne du parti. Les deux ex-dirigeants exerceraient encore en coulisses une influence menaçante et feraient obstruction.

Bien sûr, les récents efforts de Xi Jinping pour finir d’asseoir sa mainmise sur le Parti, avec sa tournée des médias d’État peut être une tentative courageuse qui masque les insécurités profondes liées à la stabilité de l’autorité du Parti. En 2015, l’économie chinoise a chuté à son plus bas niveau de croissance des vingt-cinq dernières années et la Bourse de Shanghai s’est crashée de façon spectaculaire en juin, juillet et août.

Pourtant, Xi Jinping peut au moins s’attribuer une victoire certes petite, mais satisfaisante : en obtenant de Liu Yunshan, le directeur de la propagande et fidèle de Jiang Zemin de l’accompagner dans sa tournée des trois principaux organes de presse du Parti et entendre ces derniers jurer loyauté envers le dirigeant du Parti, Xi Jinping remet très publiquement Liu Yunshan à sa place.

Version anglaise : Xi Jinping Tours State Media, Solidifies Control Over Propaganda

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