Xi Jinping soutenu en tant que « leader central » du régime par un théoricien du Parti

15 octobre 2016 11:10 Mis à jour: 16 octobre 2016 10:46

Analyse des informations

Des mois après qu’une poignée de hauts fonctionnaires du Parti communiste chinois (PCC) aint appelé à considérer le dirigeant chinois Xi Jinping en tant que leader « central » du régime, plusieurs médias contrôlés par le PCC continuent de réitérer le message.

Selon les experts, et compte tenu du jeu politique global joué par Xi Jinping, les messages des médias signalent la préparation du passage à un plus haut degré de sa reconnaissance en tant que chef suprême du Parti communiste. Cela mettrait fin au statu quo maintenu depuis plus d’une décennie et correspondrait aux actions récentes entreprises par Xi Jinping afin de consolider son pouvoir et repousser ses rivaux.

Dans l’éditorial du 9 octobre dernier, paru dans le Guangming Daily, journal des intellectuels de l’establishment chinois, le théoricien du PCC Fan Dezhi affirme que la direction « centrale » est une caractéristique fondamentale du Parti communiste, soutenue non seulement par les dirigeants précédents Deng Xiaoping et Mao Zedong, mais aussi dans les enseignements de Marx et de Lénine. L’article a été largement republié par d’autres porte-paroles du PCC, y compris le Quotidien du Peuple et l’agence Xinhua.

Le fait qu’une telle attention soit attribuée à la question d’une simple formule pourrait sembler amusant à première vue. En fait, la question de savoir si Xi Jinping est, ou devient, véritablement le leader « central » du Parti communiste est cruciale. Tous les chefs précédents du Parti, à l’exception de Hu Jintao, prédécesseur immédiat de Xi Jinping, ont porté ce titre. Ce titre est une sorte de signe officieux officiel, indiquant que son porteur a atteint le sommet du pouvoir, ce qui signifie que moins de temps doit être dépensé pour chercher un consensus implicitement compris dans l’alternative du règne du « leader central », c’est-à-dire la « direction collective ».

Le style de direction collective régnait à l’époque de Hu Jintao. Toutefois, avec le recul, de nombreux observateurs croient maintenant qu’une telle formule n’était qu’un moyen pour cacher l’influence de l’ancien dirigeant Jiang Zemin. Si Xi Jinping souhaite surmonter les contraintes de Jiang et de ses alliés, dont trois sont toujours présents à côté de Xi Jinping au Comité permanent du Politburo, il devrait être couronné en tant que leader «central ».

L’article de Fan, intitulé « Maintenir la conscience principale à partir de trois dimensions », affirme qu’en effet, Xi Jinping est déjà le dirigeant « principal » du Comité central.

« En ce qui concerne le socialisme aux caractéristiques chinoises, le Parti communiste chinois est son élément principal ; en ce qui concerne le Parti communiste, le Comité central est son élément principal, et en ce qui concerne le Comité central, le Secrétaire général est son élément principal », explique-t-il dans son article.

Fan Dezhi, qui occupe des postes disciplinaires et exécutifs dans le Centre de recherche sur l’histoire du Parti attaché au Comité central du PCC, met en garde contre les divisions dans le régime léniniste.

« Sans un leadership centralisé, lorsque chaque unité du Parti a une ‘autonomie suffisante’ pour agir comme elle veut, le Parti n’aura pas d’autre issue que la désintégration », a-t-il précisé. « Il ne peut pas devenir une organisation solide et unie, ou mener une action consolidée, pour obtenir des résultats dans des différentes luttes. »

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Un chef principal ou un consensus ?

Bien que le poste de Secrétaire général soit le poste le plus élevé au sein du Parti et que son titulaire soit également le chef d’État chinois, ce poste ne donne pas un pouvoir dictatorial. Depuis son arrivée au pouvoir, Xi Jinping devait contourner l’autorité et l’influence d’autres hauts dirigeants du PCC et du Comité central en se basant sur les « Groupes de travail » du Parti, des commissions qui peuvent être plus facilement contrôlées d’en haut.

L’idée du « leader central » est devenue importante dans la politique chinoise dans les années 1980 et 1990, lorsque le dirigeant sortant Deng Xiaoping a accordé ce titre à son successeur, Jiang Zemin. Ce titre n’est toutefois pas passé à Hu Jintao, qui a remplacé Jiang comme secrétaire général en 2002.

Jiang et ses alliés ont continué d’exercer leur influence à travers des réseaux informels, et souvent fortement corrompus, du Parti, de l’armée, de la sécurité et des complexes industriels, même après le départ à la retraite le leur chef de file.

Selon Zheng Yongnian, directeur de l’Université nationale de l’Institut de l’Asie de l’Est de Singapour, la période sous Hu Jintao pourrait être décrite comme « féodale », car les autres six membres du Comité permanent du Politburo avaient le pouvoir d’agir indépendamment de Hu Jintao et Wen Jiabao, le premier ministre à l’époque.

Dans un essai écrit en mai dernier pour la chaîne de télévision Phoenix de Hong Kong, Zheng Yongnian a parlé du soi-disant « phénomène de Zhou Yongkang », un phénomène lorsque les hauts fonctionnaires, comme le patron de la sécurité intérieure et membre du Comité permanent du Politburo Zhou Yongkang, le chef de Bureau Général du PCC Ling Jihua et les vice-présidents militaires Xu Caihou et Guo Boxiong, pouvaient être considérés comme les « oligarques du Parti ».

« Jiang Zemin a transformé le concept de  »central » en un système de travail divisé dans le Comité permanent du Politburo », explique le Dr Li Tianxiao, un commentateur politique. « En se confirmant lui-même en tant que  »central », Xi essaye d’abolir ce système ».

Selon Li Tianxiao, le partage du pouvoir entre les membres du Comité permanent était une tactique utilisée par Jiang Zemin afin de « suspendre Hu Jintao », c’est-à dire saper son autorité en tant que Secrétaire général.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, Zhou, Bo, Ling et Guo ont été soumis à la purge, ainsi que de nombreux responsables du Parti du niveau national et régional, lors d’une campagne anti-corruption qui ciblait également leurs liens dans le domaine des affaires. Dans le même temps, la propagande a mis en avant la nécessité des réformes approfondies et de la revitalisation de l’idéologie du Parti, en prêchant de manière peu orthodoxe, à la fois le socialisme et la culture traditionnelle chinoise.

La vision d’avenir

Des divers événements survenus ces derniers mois – tels que le scandale législatif de l’achat des voix dans le Liaoning ou la diffamation médiatique du responsable du Parti en charge de la législature nationale – indiquent la poursuite de l’offensive de Xi Jinping contre les fonctionnaires liés à Jiang Zemin.

Depuis janvier 2016, plusieurs secrétaires du Parti du niveau provincial et plus élevé ont exprimé leur soutien à Xi Jinping en tant que « leader central ».

En juin dernier, Li Zhanshu, protégé de Xi Jinping, patron de la sécurité nationale et membre du Politburo, a formellement appelé à reconnaître Xi en tant que « leader central », devenant ainsi le premier à le faire parmi les 25 membres du Politburo.

Zhang Lifan, historien et commentateur politique de Pékin, a déclaré en février dernier à l’agence Bloomberg que les efforts pour conférer ce titre à Xi ont été motivées par une « transition de pouvoir à mi-parcours » et que « dans la politique chinoise, ce que vous cherchez peut montrer ce qui vous manque ».

Comme l’étendue réelle du pouvoir politique de Xi Jinping reste incertaine, ce manque de confiance, ainsi que l’approche de la sixième session plénière du 18e Congrès national du Parti, lors de laquelle la prochaine génération de fonctionnaires sera sélectionnée, peut donner davantage de motivation à Xi Jinping pour s’imposer comme un chef au-dessus de tous.

Version anglaise : Party Theoretician Backs Xi Jinping as ‘Core Leader’

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