2020 : l’année décisive pour la Chine

Les dirigeants chinois sont confrontés aux défis les plus redoutables depuis l’ère de Mao

Par James Gorrie
21 décembre 2019 23:47 Mis à jour: 23 décembre 2019 11:29

« Un ours blessé (ou, dans ce cas, un panda), selon un vieux dicton, est plus dangereux qu’un ours en pleine forme. » L’idée derrière cet aphorisme souvent appliqué est simplement le fait que les adversaires affaiblis ou coincés sont plus susceptibles d’agir de façon plus désespérée et imprévisible. Par conséquent, ils font courir de plus grands risques à leurs concurrents. Certes, ce n’est qu’une généralisation, mais il y a aussi une certaine sagesse.

2019 : une mauvaise année pour le PCC

On ne veut pas dire que la Chine se sent coincée – si on l’affirmait, se serait, probablement, une exagération. Toutefois, on ne peut pas dire que le régime chinois ne ressent pas la pression de ses nombreux problèmes, car c’est certainement le cas. Les 12 derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC).

Il n’y a aucun doute que la Chine, en particulier la direction du PCC, a connu une année très difficile. Le pire est peut-être le fait que bon nombre des problèmes que la Chine a connus n’auraient pas dû devenir les défis aussi grands qu’ils sont devenus. Certains d’entre eux étaient auto-infligés et tout à fait évitables. D’autres ont été tout simplement mal gérés et, en même temps, souvent aussi auto-infligés et évitables.

La peste porcine africaine, Huawei et « Made in China 2025 »

Naturellement, on ne peut pas nier que des épidémies peuvent se produire. Cependant, dans le cas de la Chine, la décision du Parti d’imposer des tarifs douaniers de rétorsion sur le porc américain et d’importer à la place du porc de Russie, où une épidémie connue comme peste porcine africaine s’était produite, a été une erreur monumentale de jugement. Puis, dans un rare aveu de culpabilité, le Parti a reconnu son incapacité à agir rapidement et à contenir l’épidémie qui est devenue plus grave qu’initialement attendue, menaçant les approvisionnements alimentaires dans le monde entier.

Ces échecs politiques catastrophiques ont coûté à la Chine la moitié de sa population porcine dans la seule année 2019. La responsabilité des graves pénuries alimentaires, des souffrances et de la flambée des prix des denrées alimentaires incombe uniquement aux dirigeants du PCC.

Dans le domaine du commerce mondial, il n’était pas du tout nécessaire que les dirigeants du PCC continuent à se vanter de leur programme « Made in China 2025 » (Fabriqué en Chine 2025). Déclarer que la Chine allait devenir le centre mondial ayant une position dominante dans les industries de hautes technologies – qu’il s’agisse d’aéronautique, de robotique, de télécommunications ou encore d’intelligence artificielle et de véhicules à énergie nouvelle – au détriment de ses principaux partenaires commerciaux, était immature et tout simplement stupide. Cependant, le contrecoup bien prévisible a été en quelque sorte surprenant pour la direction du Parti.

Plus précisément, en promettant de détruire les secteurs essentiels des économies de ses principaux partenaires commerciaux, l’État-Parti chinois a fait preuve d’un grand manque de respect envers les pays qui ont permis à la Chine de s’enrichir. Ce point a été mis en évidence lors des scandales liés à l’espionnage de Huawei en Pologne, au Canada, dans les pays nordiques et aux États-Unis. Cela a mis en évidence la politique officielle de la Chine en matière de vol à l’échelle industrielle de propriété intellectuelle et de technologie dans le reste du monde.

Le régime chinois a également contribué à valider la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre la Chine. Pour de nombreuses personnes, ce régime a obtenu – et continue d’obtenir – ce qu’il a bien mérité.

La situation à Hong Kong

Puis, Pékin a insisté pour faire adopter à Hong Kong un projet de loi d’extradition vers la Chine – un projet de loi qui n’a pratiquement aucune valeur juridique. C’était un autre acte d’arrogance et de dictat ainsi que d’incapacité ou de réticence à évaluer le rapport entre les risques et les avantages de la situation. En fait, les manifestations auraient pu prendre fin très rapidement – environ en une semaine.

Lorsque les manifestations ont commencé en juin 2019, la sortie de trois millions de personnes dans les rues de Hong Kong aurait dû faire comprendre à la direction du Parti que le projet de loi d’extradition coûterait plus cher que ce qu’il valait. Au lieu de cela, le régime chinois a refusé de faire preuve de bon sens. Si le projet de loi avait été retiré immédiatement, les manifestants auraient obtenu leur victoire, l’auraient probablement célébrée dans la rue pendant un week-end, puis auraient repris le cours habituel de leur vie.

Au lieu de cela, l’approche maladroite de Pékin a provoqué une condamnation internationale et a conduit à une perte de revenus ainsi qu’à l’atteinte au prestige de Hong Kong en tant que principal centre financier de la Chine. Les manifestations à Hong Kong se poursuivent toujours et vont probablement continuer pendant un certain temps.

Le Parti a perdu la suprématie et la maîtrise de la situation, tandis que sa direction a été humiliée. Pire encore, sa politique insensée a amené à « l’ingérence étrangère » à Hong Kong – la situation contre laquelle le PCC mettait en garde ses citoyens depuis des décennies. Cela s’est produit depuis que Donald Trump a réussi à établir un lien entre le traitement réservé par Pékin aux manifestants de Hong Kong et ses demandes au régime chinois lors des négociations menées dans le cadre de la guerre commerciale sino-américaine.

À défaut de maîtriser la situation de Hong Kong tout au début, le régime chinois a donné à Trump un moyen de pression qu’il n’aurait jamais eu. C’est un vrai désastre pour la direction du PCC qui semble ne faire qu’empirer au fur et à mesure que la situation se prolonge. Ce qui est devenu bien évident pour tout le monde au sein du Parti, en Chine, à Hong Kong et dans le reste du monde, c’est le fait que la direction du PCC ne choisit pas de bonnes solutions. La blessure auto-infligée de Hong Kong continue d’infecter le PCC jusqu’à son cœur.

Le double jeu avec Donald Trump

Même la guerre commerciale sino-américaine aurait pu être en grande partie résolue avant le début de la crise de Hong Kong. On peut se rappeler que Trump a annoncé en mai dernier qu’un accord avec la Chine avait été pratiquement conclu. Les dirigeants chinois ont toutefois défié et humilié le président américain en refusant d’accepter les conditions qui avaient été convenues.

Une fois de plus, cela n’était ni sage ni utile pour Pékin. Non seulement les dirigeants du Parti ont-ils mal interprété ce qui correspondait le mieux aux intérêts de leur pays, mais ils ont aussi commis une grosse erreur de jugement en rapport à la personnalité et aux actions du président Trump.

Le fait de ne pas reconnaître les différences fondamentales entre le président Trump et ses prédécesseurs a entraîné une escalade de la guerre commerciale plutôt que sa résolution – une résolution qui était clairement en vue. En mai dernier, les dirigeants du PCC ont eu une occasion en or de bien régler leurs relations avec les États-Unis sur une base de coopération. Et bien, ils ont tout gâché.

La réaction de Trump à la mauvaise foi du régime chinois a été bien rapide. Il a tout de suite augmenté les tarifs douaniers, a restreint l’accès de la Chine aux technologies clés et a signé un décret interdisant l’entrée aux États-Unis de la société Huawei et d’autres fournisseurs de réseaux de télécommunications chinois en raison de leur menace pour la sécurité nationale. Ce qui aurait été l’occasion d’une résolution relativement sans douleur de la guerre commerciale a été perdu sans apporter aucun gain perceptible à Pékin.

Si Donald Trump avait des doutes sur les appétits et le double jeu du PCC ainsi que sur le penchant de ses dirigeants à humilier les autres, il n’en a plus. En même temps, si la direction du PCC n’avait pas de doutes sur son avenir immédiat au début de 2019, elle en a certainement aujourd’hui.

La situation actuelle de la Chine est certainement bien pire qu’il y a un an.

Ainsi, une grande question se pose : est-ce que la Chine deviendra plus agressive en 2020 ? Autrement dit, l’année prochaine, est-ce que l’État-Parti chinois va jouer les muscles et montrer sa puissance militaire en réaction à des défis croissants et non résolus ainsi qu’aux actes de sa direction défaillante ? Continuera-t-il à se tirer une balle dans le pied, quelles qu’en soient les conséquences ?

Ou bien va-t-il réévaluer son processus de prise de décision et chercher à résoudre ses problèmes sur une base plus rationnelle ?

L’année prochaine devrait être bien intéressante.

James Gorrie est un écrivain basé dans le sud de la Californie. Il est l’auteur du livre The China Crisis.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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