80e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie: l’Allemagne demande «pardon»

Par Epoch Times avec AFP
20 avril 2023 11:21 Mis à jour: 20 avril 2023 11:36

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a demandé « pardon » mercredi pour « les crimes » de ses compatriotes, lors des cérémonies du 80e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie anéanti par les nazis allemands.

Premier chef d’État allemand à prononcer un discours devant le monument aux Héros du ghetto, lors de l’anniversaire, le président Steinmeier a d’abord lancé une sentence en yiddish, une langue parlée autrefois par les juifs en Europe centrale et orientale, « que les Allemands voulaient éradiquer », pour appeler à ce que jamais une tel désastre ne se reproduise plus. « Je me tiens devant vous aujourd’hui et je vous demande pardon pour les crimes que des Allemands ont commis ici », a ensuite déclaré M. Steinmeier.

Une heure avant, les sirènes d’alarme municipales et les cloches des églises de Varsovie ont retenti pour marquer le début des commémorations de la révolte, qui a éclaté le 19 avril 1943 et qui fut le plus grand et le plus connu fait de la résistance urbaine juive contre les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, lors duquel plusieurs centaines de combattants juifs attaquèrent les nazis pour mourir l’arme à la main plutôt que dans un camp d’extermination.

« La mémoire de la Shoah n’est ni postmoderniste ni relative »

M. Steinmeier et ses homologues israélien Isaac Herzog et polonais Andrzej Duda, ont déposé des couronnes devant le monument, en face du musée Polin de l’histoire des Juifs de Pologne, situés sur le site de nombreux affrontements durant le soulèvement. « Il faut s’en souvenir. La mémoire de la Shoah n’est ni postmoderniste ni relative. Il apparut alors le mal absolu personnifié par les nazis et leurs aides. Il fut aussi le bien absolu personnifié lui par les victimes et les combattants », a souligné M. Herzog. En ce lieu hautement symbolique, le chef de l’État allemand a fortement critiqué Vladimir Poutine qui « a violé le droit international, remis en question les frontières, commis un vol de terres ». « Cette guerre apporte aux habitants de l’Ukraine une souffrance, une violence, une destruction et une mort incommensurables », a-t-il souligné.

Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier, Andrzej Duda, président de la Pologne, et Isaac Herzog, président d’Israël, lors de la commémoration centrale du 80e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, le 19 avril 2023, à Varsovie, en Pologne. (Photo Sandra Steins/Bundesregierung via Getty Images)

Dans l’après-midi, les trois présidents se sont rendus dans la synagogue Nozyk à Varsovie, la seule de la capitale polonaise à avoir survécu à la guerre. Lors de la visite, les trois chefs d’État ont allumé « des bougies de la mémoire », a indiqué la présidence polonaise dans un tweet.

Dans toute la ville, à l’instar des années passées, plus de trois mille volontaires ont distribué des jonquilles en papier que les gens accrochent à leurs vestes et manteaux, en souvenir de Marek Edelman, le dernier commandant du soulèvement juif, décédé en 2009, qui avait l’habitude de marquer chaque anniversaire de l’insurrection en déposant en solitaire un bouquet de ces fleurs jaunes au pied du mémorial.

450.000 Juifs enfermés dans le ghetto de Varsovie

Par la couleur et la forme, les jonquilles rappellent l’étoile jaune dont le port était imposé aux Juifs par les nazis. Des tracts rappelant brièvement l’histoire du soulèvement, en polonais, ukrainien et anglais, ont accompagné les jonquilles. Cette année, la tradition s’est rependue à d’autres villes du pays. « Nous comptons distribuer ensemble 450.000 fleurs en papier. Ce nombre symbolise celui de femmes et d’hommes juifs enfermés dans le ghetto de Varsovie au moment de la plus grande surpopulation, au printemps 1941 », expliquait aux journalistes Zofia Bojanczyk, coordinatrice du projet « Jonquilles ».

(WOJTEK RADWANSKI/AFP via Getty Images)

Un an après avoir envahi la Pologne en 1939, les nazis ont délimité une zone dans Varsovie pour entasser sur trois kilomètres carrés près d’un demi-million de Juifs, afin de les exterminer par la faim et les maladies, et en déporter plus de 300.000 vers des chambres à gaz du camp de la mort de Treblinka, à 80 kilomètres à l’est de la capitale.

Le ghetto de Varsovie fut le plus important de tous les ghettos durant la Seconde Guerre mondiale. Au moment du déclenchement de l’insurrection par quelques centaines de combattants juifs, environ 50.000 civils se cachaient encore dans des caves et bunkers du ghetto. Sept mille personnes environ ont été tuées pendant les combats alors que six mille autres sont mortes à la suite des incendies déclenchés méthodiquement par les nazis à travers tout le quartier, devenu aussitôt un champ de ruines. Les survivants ont été envoyés vers des camps.

De nombreuses manifestations de tous genres, rencontres avec des survivants, concerts, projection de films, performances théâtrales, ont été prévues cette année pour marquer l’anniversaire, mettant en relief particulier le point de vue des civils, notamment des femmes. À la galerie Kordegarda, une collection d’objets de tous les jours, déterrés à l’occasion de travaux divers, raconte comment les Juifs de Varsovie vivaient, aimaient et mouraient au temps de la guerre. Des photos du ghetto, prises par un pompier polonais et récemment découvertes feront partie d’une exposition au musée Polin alors que jusqu’à présent, la plupart des clichés connus avaient été pris par les nazis et représentaient le quartier juif à travers les yeux des Allemands.

La Grande Synagogue de Varsovie, détruite par les forces allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, était projetée sur la façade d’un immeuble en verre, le 19 avril 2023. (WOJTEK RADWANSKI/AFP via Getty Images)
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