A l’hôpital de Zaporojie, des enfants évacués de la région de Marioupol luttent pour leur survie

Par Epoch Times avec AFP
30 mars 2022 14:54 Mis à jour: 30 mars 2022 14:54

A l’hôpital pédiatrique de Zaporojie, dans le Sud de l’Ukraine, Milena, 13 ans, se tord de douleur. Le visage lacéré, de la joue jusqu’au cou, cette adolescente aux cheveux bruns noués en nattes tente de se remettre d’une balle qui s’est logée dans son cou, endommageant sa bouche, sa langue et plusieurs vertèbres. 

Elle a été blessée alors qu’elle et sa famille tentaient de quitter Marioupol, le port stratégique sur la mer d’Azov que les forces russes pilonnent et assiègent depuis fin février, explique brièvement sa mère. Leur voiture, comme la plupart des véhicules évacuant la ville, portait un panneau marqué « enfants ».  

Les infirmières s’occupent de Milena, une jeune fille de 13 ans qui a été touchée par une balle alors qu’elle évacuait de Marioupol à l’hôpital régional pour enfants de Zaporizhzhia le 22 mars 2022. Photo par EMRE CAYLAK/AFP via Getty Images.

Heureusement, personne d’autre de la famille n’a été blessé. Et les mêmes soldats russes qui ont blessé Milena l’ont ensuite conduite à l’hôpital, selon sa mère, qui n’a pas donné son nom ni d’autres précisions.

Il restait encore 100.000 habitants à Marioupol

Des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées coincées à Marioupol, terrées dans des caves et privées de tout.

Des milliers de véhicules chargés de civils ont fini par pouvoir sortir vers Zaporojie la semaine dernière, mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué mardi soir qu’il restait encore 100.000 habitants dans la ville, aux rues jonchées de cadavres.

Milena devrait cependant récupérer pleinement, ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’autres enfants hospitalisés à l’hôpital pédiatrique de Zaporojie.

Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne a qualifié de « crime de guerre massif » le siège de Marioupol, qui avait tué plus de 2 000 personnes. Photo par EMRE CAYLAK/AFP via Getty Images.

Situé à quelque 250 km au nord-ouest de Marioupol, il accueille des enfants venus de l’est et du sud de l’Ukraine – les régions où les combats sont les plus intenses et où les forces russes ont le plus progressé depuis le début de l’invasion le 24 février.

Cinq ans, entre la vie et la mort 

Dans le lit à côté de Milena, Vladislav, cinq ans, est entre la vie et la mort.

Il a été touché à l’abdomen alors que sa famille fuyait l’avancée des forces russes vers leur village de Polohy, entre Marioupol et Zaporojie.

Son petit torse se gonfle et se dégonfle difficilement, aidé par un respirateur artificiel. Les médecins craignent qu’il ne passe pas la nuit. S’il s’en sort, il devra porter une poche de drainage toute sa vie.

Pas de parents pour veiller sur Vladislav: eux aussi ont été gravement blessés par balles. Ils sont traités dans un autre hôpital de la ville.

 » Personne n’aurait envie de voir ce que nous voyons »

« Nous avons des enfants avec des lésions de pénétration à la tête, des amputations, des abdomens perforés et des fractures osseuses » dit Iouryi Borzenko, médecin en chef de l’hôpital. « Je crois que personne n’aurait envie de voir ce que nous voyons ».

Depuis le début du conflit, 121 enfants sont morts et 167 autres ont été blessés, selon le dernier décompte fourni mercredi par Lioudmila Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien. Elle a fait état de deux enfants tués encore mardi soir par une frappe russe sur un immeuble de Roubijné, dans la région de Lougansk (Est).

La ville de Zaporojie reste, en comparaison, relativement sûre, même si des combats font rage aux alentours et qu’on entend parfois des explosions au loin. Des bandes collantes jaunes ont été apposées sur les fenêtres de l’hôpital pédiatrique, pour éviter qu’elles ne soient soufflées en cas d’explosion à proximité.

Un abri a été aménagé au sous-sol, où les mères peuvent s’installer

Des sacs de sable sont empilés dans les coins et un abri a été aménagé au sous-sol, avec des lits en métal où les mères peuvent s’installer pour nourrir leur bébé. Les cas les plus graves ont été sortis de l’unité néonatale de soins intensifs et réinstallés au sous-sol, car les équipements dont ils ont besoin ne peuvent être déplacés rapidement.

C’est le cas de Micha, bébé de deux semaines à peine, au visage et poings crispés comme s’il allait pleurer. Il est né au son du canon, à Tokmak, localité au sud de Zaporojie désormais contrôlée par les forces russes.

Micha a manqué d’oxygène lors de l’accouchement

Faute de soins médicaux, Micha a manqué d’oxygène en raison de complications lors de l’accouchement. Il souffre de problèmes respiratoires et de lésions cérébrales qui pourraient l’handicaper pour toujours.

Ivan Anikin, responsable de l’unité néonatale, explique que l’hôpital accueillait déjà des enfants blessés depuis 2014, dans le conflit du Donbass.

Mais leur nombre a augmenté drastiquement depuis l’invasion et le personnel travaille sans répit. Par sécurité, lui-même amène désormais sa fille de 14 ans avec lui à l’hôpital dont les couloirs résonnent parfois des cris de douleur des jeunes patients.

La plupart des enfants arrivés ici seront handicapés pour la vie, disent les médecins.

C’est le cas de Macha, 15 ans, qui vient comme Vladislav d’un village de la région de Zaporojie.

Elle rentrait chez elle, avec sa mère et sa sœur, le 13 mars, une belle journée ensoleillée, quand une roquette Grad est tombée à proximité.

Sa mère a protégé ses deux filles de son corps. Toutes ont survécu.

Mais Macha y a perdu sa jambe droite et son bras droit a été gravement atteint. Sa mère a elle aussi perdu une jambe.

« Après quatre opérations, Macha va beaucoup mieux », dit sa grand-mère, Valentyna Fechtchenko. « Mais elle panique dès qu’elle entend un gros bruit ».

 

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