Au troisième jour après son décès, l’accès au corps d’Alexeï Navalny est toujours refusé à ses proches

Par Epoch Times avec AFP
19 février 2024 10:48 Mis à jour: 19 février 2024 10:49

Les proches du défunt meneur de l’opposition russe Alexeï Navalny ont été privés d’accès à sa dépouille lundi, pour le troisième jour consécutif, a déclaré son équipe, qui doute de la version des autorités russes et les accuse de « mensonge ».

L’opposant russe et adversaire numéro un du président Vladimir Poutine est mort vendredi à 47 ans dans la prison de l’Arctique, dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie, où il purgeait une peine de 19 ans, suscitant une émotion internationale.

Mais, depuis trois jours, ses proches, qui accusent le Kremlin d’avoir tué l’opposant et de chercher à maquiller ses traces, cherchent en vain à accéder à son corps. « La mère d’Alexeï et ses avocats sont arrivés à la morgue tôt ce matin. Ils n’ont pas été autorisés à entrer. L’un des avocats a littéralement été repoussé à l’extérieur », a déclaré sur les réseaux sociaux Kira Iarmich, porte-parole de Navalny. Elle a précisé que sa mère, Lioudmila Navalnaïa, n’était « pas autorisée » à pénétrer dans la morgue où il pourrait être conservé à Salekhard, capitale régionale, à une cinquantaine de kilomètres de la prison où est mort officiellement M. Navalny.

Prolongation des « vérifications »

Selon Mme Iarmich, le Comité d’enquête, chargé en Russie des investigations criminelles, a affirmé que « les vérifications » liées à la mort de Navalny étaient « prolongées », sans précision des délais. « La cause du décès est toujours ‘‘indéterminée’’. Ils mentent, jouent la montre et ne le cachent même pas », a fustigé Kira Iarmich. La mère de l’opposant et un avocat se sont rendus dès samedi dans la colonie pénitentiaire de haute sécurité n°3, situé dans un endroit reculé, à 2000 kilomètres de Moscou.

Selon les services pénitentiaires russes (FSIN), Alexeï Navalny est mort vendredi, victime d’un soudain malaise « après une promenade ». Il était emprisonné depuis son retour en Russie début 2021, après un grave empoisonnement, et sa santé s’était détériorée. Lors de sa détention, il avait passé près de 300 jours en cellule disciplinaire, aux conditions de détention épuisantes.

Vladimir Poutine, qui ne prononçait jamais le nom de M. Navalny, n’a fait aucun commentaire sur sa mort, qui intervient un mois avant l’élection présidentielle, laquelle devrait voir le président russe se maintenir au pouvoir pour un nouveau mandat de six ans.

Le décès d’Alexeï Navalny a suscité une grande vague d’émotion et d’indignation en Russie et en Occident. Sa veuve et compagne de lutte, Ioulia Navalnaïa, doit rencontrer lundi à Bruxelles les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne. Avant cette réunion, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a affirmé que l’UE devait envoyer un « message de soutien » à l’opposition russe, quasiment anéantie en Russie.

Un appel à en finir avec « ce régime terrifiant »

Vendredi, peu après l’annonce de la mort de son époux, Ioulia Navalnaïa avait brièvement pris la parole depuis la conférence de Munich sur la sécurité. Au bord des larmes, elle avait désigné Vladimir Poutine « personnellement responsable » de ce décès et appelé la communauté internationale à s’unir pour infliger une défaite à « ce régime terrifiant ».

An attendee holds a placard reading « Putin killed Navalny » during a tribute rally to Alexei Navalny, following the announcement that the Kremlin’s critic had died in an Arctic prison, at Place du Trocadero in Paris on February 17, 2024. Russia’s top opposition politician Alexei Navalny died on February 16, 2024, at the Arctic prison colony where he was serving a 19-year term. (Photo by Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP) (Photo by GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images)

En Russie, les modestes tentatives pour rendre hommage à l’opposant, en pleine répression et campagne d’intimidation contre toute critique du pouvoir depuis le lancement de l’offensive en Ukraine en février 2022, ont été réprimées.

Des personnes rendent hommage au meneur de l’opposition russe Alexei Navalny, au monument aux victimes des répressions de l’ère stalinienne à Saint-Pétersbourg, le 17 février 2024. (Photo OLGA MALTSEVA/AFP via Getty Images)

Ce week-end, la police russe a arrêté dans des dizaines de villes des centaines de personnes venues déposer des fleurs et allumer des bougies en l’honneur de M. Navalny aux mémoriaux des victimes des répressions de l’ère stalinienne.

Des policiers arrêtent un homme alors que des personnes se rendent au monument aux victimes des répressions politiques pour déposer des fleurs pour le défunt leader de l’opposition russe Alexeï Navalny à Saint-Pétersbourg, le 17 février 2024. (Photo OLGA MALTSEVA/AFP via Getty Images)

Alexeï Navalny était le représentant de l’opposition le plus marquant en Russie, où il avait acquis une grande popularité, notamment au sein de la jeune génération, grâce à ses enquêtes fouillées sur la corruption sous le régime de Vladimir Poutine.

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