Assassinat d’un agent immobilier : le parquet requiert que le doute profite aux accusés

Par Epoch Times avec AFP
28 janvier 2022 10:17 Mis à jour: 28 janvier 2022 10:55

Réquisitions surprenantes aux assises de Créteil : mercredi 26 janvier, l’avocat général a longuement exposé ses « interrogations » sur la culpabilité de deux accusés jugés en appel pour l’assassinat d’un agent immobilier en 2010, exhortant les jurés à faire « bénéficier le doute » aux accusés.

En justice, il faut « faire bénéficier le doute aux accusés », a expliqué avec pédagogie l’avocat général Jean-Christophe Crocq, descendu de son estrade pour parler depuis la barre aux jurés.

« In dubio pro reo », dans le doute, abstiens-toi

« C’est une mécanique que nous subissons souvent au ministère public : on a beau avoir nos convictions sur la culpabilité, lorsqu’il y a un doute, c’est un algorithme implacable, toute la zone grise, vous la mettez à la faveur de l’accusé ».

Fabrice Da Silva, agent immobilier âgé de 27 ans au moment des faits et son ami Mickaël Touraine, âgé alors de 36 ans, ont été condamnés respectivement à 22 ans et 20 ans de réclusion criminelle en première instance en 2018 à Bobigny.

Les deux condamnés ont fait appel et ont été remis en liberté en août 2019, dans l’attente de ce nouveau procès, pour lequel ils comparaissent depuis le 18 janvier.

L’ADN de Mickaël Touraine, retrouvé sur l’arme supposée du crime, un fusil à canon scié ? « Ce ne sont que des éléments d’empreinte génétique qui ont été retrouvés » et donc un « ADN partiel », relève notamment M. Crocq. Des éléments de l’ADN de la victime ont aussi été retrouvés.

Les enquêteurs n’avaient pas pu localiser les téléphones des accusés au moment du crime, y voyant un signe : ils auraient coupé leurs téléphones pour ne pas être repérables.

Mais alors, s’ils sont innocents, pourquoi les accusés ont-ils plusieurs fois « menti » lors de l’enquête ? Ces « mensonges » sont « un élément de preuve ambivalent », concède M. Crocq, qui note toutefois que l’agent immobilier Fabrice Da Silva a pu craindre pour « sa réputation professionnelle ».

Une lourde responsabilité des jurés

Aux jurés, il a tenu à rappeler leur lourde responsabilité : « Si vous acquittez, la famille éprouvée restera sur un deuil non consommé, une interrogation persistante, des doutes… Mais la société lui assurera rétribution et devra indiscutablement indemniser tout préjudice, car il y a bien eu assassinat. Reste à savoir qui l’a commis ».

La victime, connue pour trafic de stupéfiants, était devenue informateur pour la police. L’hypothèse d’une exécution de « la taupe » a été, tout au long du procès, avancée par les avocats de la défense.

« Mon sentiment est que, depuis le début du procès, l’avocat général a plus soutenu la défense que les parties civiles », a déploré auprès de l’AFP Isabelle Felenbok, avocate de la femme de la victime.

« La famille a du mal à comprendre ce revirement, car l’avocat général en première instance à Bobigny était très remonté » et avait demandé de lourdes peines, a-t-elle ajouté.

Verdict a été rendu mercredi soir.

 


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