Le bain de bouche nuit-il à notre santé?

7 solutions alternatives de bains de bouche qui peuvent faire le travail sans risque

Par Christy Prais
15 juin 2023 16:55 Mis à jour: 15 juin 2023 16:55

Un nombre croissant de dentistes et de professionnels de la santé mettent en garde contre l’utilisation inconsidérée des rince-bouche les plus courants, suggérant qu’ils peuvent involontairement contribuer à l’apparition de caries et d’une mauvaise haleine persistante.

Il existe également une corrélation émergente entre l’utilisation régulière de bain de bouche et de problèmes de santé plus graves, notamment l’hypertension artérielle, les maladies cardiaques et les maladies bucco-dentaires.

L’évolution des bains de bouche

Les origines du bain de bouche comme pratique remontent à la médecine traditionnelle chinoise (MTC), vers 2700 av. J.-C., lorsqu’il a été utilisé pour la première fois pour traiter les maladies des gencives.

Une étude publiée en mai 2023 dans The Journal of Ethnopharmacology indique que le Livre des rites (Li Ji, écrit vers 221 av. J.-C.) de la période du début de la dynastie Qin mentionne que le rinçage à l’eau salée était utilisé comme méthode de nettoyage des dents à l’époque.

Mais nos bains de bouche modernes sont loin d’être de simples rinçages à l’eau salée. En fait, à l’origine, ils n’étaient même pas destinés au rinçage buccal.

Le bain de bouche antiseptique Listerine, racheté à Pfizer par Johnson & Johnson en 2006, a été développé à l’origine comme antiseptique chirurgical en 1865 et nommé d’après Joseph Lister, qui a pratiqué la première chirurgie antiseptique.

Selon le livre Health & Drugs, Disease Prescriptions & Medication de Nicolae Sfetcu, après son utilisation comme puissant antiseptique, il a été distillé et vendu comme produit de nettoyage des sols et comme remède contre la gonorrhée. Dans les années 1920, il a été rebaptisé et vendu comme remède à l’ « halitose chronique » (mauvaise haleine) et a été le premier rince-bouche en vente libre à recevoir le prestigieux sceau d’approbation de l’American Dental Associations (ADA).

Au fil des ans, le marché des bains de bouche s’est rapidement développé. Selon Persistence Market Research, en 2021, le marché mondial était évalué à environ 8,5 milliards d’euros et devrait atteindre environ 15,7 milliards d’euros d’ici à la fin de 2032.

Le Dr Jack Kall, dentiste biologique en exercice depuis 46 ans et président exécutif du conseil d’administration de International Academy of Oral Medicine (IAOMT), l’Académie internationale de médecine bucco-dentaire, déclare qu’il ne recommande généralement pas l’utilisation régulière de rince-bouche.

« Je réserverais leur utilisation à des moments très limités, par exemple lors d’un entretien d’embauche, ou si quelque chose se passe à proximité et que vous souhaitez masquer une haleine d’ail », a dit le Dr Kall lors d’une interview accordée à Epoch Times.

Problèmes révélés par la recherche

Le Dr Kall prévient que des recherches ont montré que l’utilisation excessive de produits antibactériens, y compris les bains de bouche, peut avoir des effets négatifs sur différents aspects de notre santé.

Selon le Dr Kall et des études récentes, l’utilisation excessive de produits antibactériens peut être nocive à plusieurs égards.

Dysbiose du microbiome buccal

L’utilisation régulière de ces produits de rinçage peut perturber le microbiome buccal et le déséquilibrer, un état connu sous le nom de dysbiose. Les produits antibactériens ne tuent pas seulement les « mauvaises bactéries », mais aussi les bonnes bactéries qui sont nécessaires à plusieurs fonctions vitales, notamment la lutte contre les infections bactériennes et virales.

Plusieurs études révèlent des liens entre les maladies, les virus et les altérations du microbiome buccal. Par exemple, lorsque des déséquilibres se produisent dans le microbiome buccal, ils peuvent inciter les microbes intestinaux à produire des toxines cancérigènes, déclenchant une inflammation de l’intestin et des complications métaboliques.

L’hypertension artérielle

Le Dr Kall a également souligné que l’ingrédient antiseptique des bains de bouche peut interférer avec la voie nitrate-nitrite-oxyde nitrique (NO) qui se produit à l’arrière de la langue.

Cette voie est importante pour le microbiome buccal, car les nitrates provenant de notre alimentation sont convertis en nitrites par les bactéries buccales par le biais du processus de réduction des nitrates, qui sont ensuite transformés en NO.

Le NO est l’une des molécules de signalisation les plus importantes de notre organisme et joue un rôle crucial dans la régulation de nombreuses fonctions physiologiques, notamment la circulation sanguine en contribuant à la dilatation des vaisseaux sanguins, la réponse immunitaire et l’homéostasie microbienne.

Une étude publiée dans Frontiers in Cellular and Infection Microbiology en 2019 met en garde que l’utilisation « d’antiseptiques oraux a entraîné une augmentation de la pression artérielle systolique ».

L’étude s’est penchée spécifiquement sur la chlorhexidine, un antiseptique utilisé dans les bains de bouche.

« L’utilisation biquotidienne de chlorhexidine a été associée à une augmentation significative de la pression artérielle systolique après une semaine d’utilisation et la récupération de l’utilisation a entraîné un enrichissement des bactéries réduisant les nitrates sur la langue », peut-on lire dans l’étude.

Une autre étude publiée dans l’American Journal of Hypertension présentait des résultats similaires et concluait : « Les résultats de cette étude suggèrent que l’utilisation de bains de bouche antibactériens par des personnes hypertendues traitées pourrait avoir un effet néfaste sur la pression artérielle. L’utilisation répandue des bains de bouche dans la population générale est préoccupante. »

Sécheresse buccale, caries et infections fongiques

Plusieurs bains de bouche contiennent de l’alcool qui a un effet desséchant qui peut s’avérer problématique à long terme, met en garde le Dr Kall. En effet, la salive joue plusieurs rôles importants qui sont compromis lorsque la bouche est sèche.

Selon le National Institute of Dental and Craniofacial Research (NIDCR), il est essentiel d’avoir une quantité suffisante de salive, car celle-ci contient des minéraux tels que « le calcium et le phosphate qui contribuent à la solidité des dents et à la lutte contre les caries ».

Une quantité insuffisante de salive peut entraîner un risque accru de carie dentaire. La salive tient en échec les germes envahissants, de sorte qu’une réduction de la salive peut contribuer aux infections fongiques et à la mauvaise haleine.

Effet de ramollissement sur les matériaux d’obturation en composite

Le Dr Kall souligne que l’ingrédient agressif contenu dans plusieurs bains de bouche populaires a un effet ramollissant sur les matériaux d’obturation en composite (les matériaux d’obturation de la couleur de la dent).

« L’alcool peut être problématique pour les composites et provoquer une dégradation plus rapide, ce qui réduit la durée de vie de ces composites », a-t-il ajouté.

Une étude publiée dans le Journal of Clinical and Experimental Dentistry a mis en garde : « L’utilisation des bains bouche a provoqué des changements dans la structure des deux matériaux dentaires : la résine composite et le verre ionomère modifié par la résine. »

Une soupe chimique

Outre l’alcool, la chlorhexidine est un autre ingrédient des bains de bouche à éviter.

La chlorhexidine est utilisée comme gommage chirurgical, puis diluée et aromatisée pour être utilisée comme bain de bouche.

Certains chirurgiens buccaux la recommandent après une intervention chirurgicale pour réduire le risque d’infection, note le Dr Kall, mais « il ne faut surtout pas l’utiliser pendant très longtemps ». En plus de perturber le microbiome buccal, il peut tacher les dents.

Il est indispensable de lire les étiquettes des bains de bouche, conseille le Dr Kall.

« Malheureusement, quand on regarde les ingrédients inactifs, c’est une véritable soupe à l’alphabet chimique. Ils contiennent souvent des colorants ou des agents aromatisants. Pourquoi s’exposer à ces produits chimiques ?

« Ils peuvent être problématiques, en particulier dans le cas d’une consommation chronique à long terme. Même si vous n’avalez pas le produit intentionnellement, une partie se retrouve dans votre intestin et votre corps doit alors faire face à ces produits chimiques irritants qui peuvent éventuellement causer des problèmes d’étanchéité de l’intestin ou des sensibilités aux produits chimiques », a expliqué le Dr Kall.

Les ingrédients nocifs à surveiller sont l’alcool, le dioxyde de chlore, la chlorhexidine, la bétaïne de cocamidopropyle, les parabènes, le poloxamère 407, le formaldéhyde et la saccharine.

Solutions alternatives

Il existe plusieurs bains de bouche maison efficaces qui peuvent avoir des effets antiseptiques et contribuer à la cicatrisation des tissus des gencives. Le Dr Kall a relevé quelques options.

L’eau salée ou eau oxygénée : les deux peuvent avoir des effets antiseptiques.

Le bicarbonate de soude : il a un effet légèrement abrasif qui peut aider à éliminer la plaque dentaire et possède des propriétés blanchissantes naturelles.

Les produits à base de plantes et d’huiles essentielles : les extraits de plantes tels que l’huile d’écorce de cannelle, les extraits de macis de Papouasie, l’huile de clou de girofle, la menthe poivrée, l’arbre à thé, l’huile d’eucalyptus et l’huile de thym se sont révélés très utiles pour tuer les germes et guérir les tissus gingivaux.

Le « gandouch » (oil pulling) : cette méthode est issue de l’Ayurveda, un ancien système de médecine holistique né en Inde il y a 3000 à 5000 ans. Il s’agit de faire tournoyer de l’huile, telle que l’huile de sésame ou l’huile de coco, dans la bouche pendant 3 à 5 minutes, puis de la recracher.

Selon une étude publiée dans le Journal of Ayurveda and Integrative Medicine, le « gandouch » est mentionné dans le texte ayurvédique Charaka Samhita et « prétend guérir environ 30 maladies systémiques allant des maux de tête et migraines au diabète et à l’asthme ». Elle est utilisée pour prévenir les caries, les mauvaises odeurs buccales, le saignement des gencives, la sécheresse de la gorge, les lèvres craquelées et pour renforcer les dents, les gencives et la mâchoire.

Les probiotiques oraux :  un essai clinique randomisé publié dans le Journal of Medical Microbiology en 2013 a montré qu’une souche spécifique de bonnes bactéries, appelée Streptococcus salivarius souche M18, améliore la santé dentaire et réduit les caries en recolonisant la bouche avec de bonnes bactéries et en évinçant les mauvaises bactéries.

Bien que les produits et alternatives à base de plantes constituent un choix plus sain, le Dr Kall rappelle qu’il faut être prudent, car certaines de ces plantes sont des agents antimicrobiens très efficaces et peuvent être utilisées de manière excessive, tout comme les options chimiques.

Jusqu’à la racine

En tant que dentiste biologique, le Dr Kall aborde la dentisterie d’une manière holistique en utilisant les options de traitement les moins toxique.

Le Dr Kall a dit qu’il existe plusieurs facteurs qui causent des problèmes dentaires et une mauvaise haleine. Les principaux sont le dérèglement de l’organisme, le stress oxidatif et la sécheresse buccale.

Par exemple, les bactéries problématiques ou mauvaises aiment quand il y a trop de fer libre dans nos tissus, le petit niveau de mauvaises bactéries qui pourrait être acceptable commence à proliférer et devient incontrôlable. Une surabondance de fer libre peut se produire lorsque notre organisme est déséquilibré et présente des niveaux inadéquats de cuivre, de magnésium et de rétinol, note-t-il.

Nous pouvons minimiser le stress oxydatif par notre alimentation et notre mode de vie. Éviter le sucre, les produits chimiques de différentes sources, les pesticides, les métaux lourds et les additifs alimentaires et ajouter des activités régulatrices du système nerveux. Le contact avec la terre, l’exercice physique, la méditation et l’acupuncture peuvent aider à minimiser le stress oxydatif, explique-t-il.

Tel indiqué plus haut, la sécheresse buccale peut être causée par des agents desséchants comme l’alcool, mais elle peut aussi être exacerbée par la respiration buccale. Le Dr Kall souligne qu’il existe des sprays reminéralisants qui peuvent aider ainsi que des appareils buccaux qui peuvent être portés la nuit pour éviter une respiration buccale prolongée.

Sur le site Internet de Listerine, l’entreprise indique qu’elle a mené une étude d’une semaine pour déterminer si deux de ses bains de bouche commerciaux, l’un à base d’alcool et l’autre sans alcool, affectaient le flux salivaire ou provoquaient des symptômes de sécheresse buccale chez les adultes.

Après une semaine d’utilisation, l’étude a conclu « qu’il n’y avait pas de différences dans les mesures objectives ou subjectives de la sécheresse buccale entre les bains de bouche contenant de l’alcool et ceux n’en contenant pas, chez des sujets non xérostomiques ».

Epoch Times a contacté Johnson et Johnson au sujet des études récentes et des préoccupations concernant les ingrédients contenus dans les bains de bouche tels que Listerine, mais la société n’a pas encore répondu.

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