Bolivie : dissiper les mythes sur le « succès économique » d’Evo Morales

Par Panam Post
22 novembre 2019 06:10 Mis à jour: 22 novembre 2019 06:10

La démission d’Evo Morales a généré plusieurs histoires, du présumé coup d’État contre lui au coup d’État exécuté par lui, dénoncé par des personnalités telles que le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA). Il en va de même pour sa gestion de l’économie. Il y a ceux qui soutiennent qu’il était un exemple pour le pays, alors que des preuves affirment le contraire.

Le fait qu’il ait des traits autochtones prédominants a servi de bouclier à l’ex-président, qui a dit que son départ du gouvernement était dû au racisme. Ses défenseurs l’élèvent au rang de héros de la cause indigène, mais en vérité, la répression subie par les peuples indigènes qui remettent en cause la fraude électorale et la permanence inconstitutionnelle d’Evo au pouvoir vont à l’encontre de cette hypothèse.

Le Fonds autochtone a été vidé

Cela s’applique également à la sphère économique. C’est sous le mandat d’Evo Morales que l’ancien Fonds Indigène (Fondioc) a été vidé. À cette époque, il était à la charge de la ministre Nemesia Achacollo, accusée de diriger le plus grand réseau de corruption à travers l’Institut national de la réforme agraire (INRA), selon Joel Guarachi, un dirigeant paysan et conseiller juridique du ministère du Développement rural et des terres.

Pendant son mandat, environ 12,6 millions d’euros ont été détournés, selon Eduardo León, avocat d’un membre du Congrès national. Ce montant correspond au total détourné depuis 2010, date à laquelle l’ancienne ministre – connue sous le nom d’ « impératrice indigène » – a pris le pouvoir économique du parti au pouvoir, le Mouvement vers le socialisme (MAS).

La Bolivie a eu le pire déficit en Amérique du Sud

Cependant, la mauvaise gestion des finances n’a commencé qu’à partir de la première année du gouvernement d’Evo Morales, en 2006, lorsque le résultat fiscal est passé de 4,5 % d’excédent à 1,7 % du produit intérieur brut.

Pendant les 14 années où Morales a été au pouvoir, la chute a été perceptible. Au cours des six premières années, le résultat budgétaire s’est situé entre 3,2 % et 0,7 %. Mais de 2014 à 2018, les taux ont été négatifs. Les dépenses de l’État ont dépassé les recettes.

Pour la dernière année, en 2018, le déficit a atteint – 8,3 %. C’était le pire niveau atteint en l’espace de 18 ans.

Les entreprises publiques sont en faillite

L’une des prétendues réussites de Morales était qu’en nationalisant les ressources, il apporterait la prospérité aux Boliviens. Mais dans les faits, plusieurs de ces entreprises sont en faillite. Le gouvernement a justifié le déficit par le fait qu’il est en phase d’investissement (depuis sept ans).

« En 2018, les entreprises publiques ont enregistré un déficit budgétaire de 2,2 % du PIB grâce aux investissements qu’elles ont réalisés, puisqu’elles ont atteint un excédent actuel de 1 197 millions de bolivianos (plus de 152 millions d’euros) », indique le rapport du Ministère de l’économie de 2018.

Malgré une injection d’environ 62 millions d’euros, l’Entreprise nationale de textiles (Enatex) a fait faillite et a fermé en 2016. La même chose s’est produite avec la poste bolivienne (Ecobol) en 2018, puisque la technologie a rendu le système obsolète. Cependant, le gouvernement a dépensé de l’argent pour la même chose et a rouvert de nouvelles entreprises de textile et de services postaux.

La société de sucre San Buenaventura (Easba) est également en faillite technique. Elle a enregistré des pertes de plus de 31 millions d’euros sur huit des neuf années de son existence. Elle a enregistré un capital négatif d’environ 36 millions d’euros rien que depuis le mois de décembre 2018, selon le Système intégré de gestion et de modernisation administrative (Sigma) du ministère de l’Économie et des Finances publiques.

Les entreprises publiques enregistrent sept années consécutives de déficit

Au total, les entreprises publiques sont déficitaires depuis sept ans. Les entreprises d’État ayant plus de dépenses que de recettes sont celles créées sous le gouvernement d’Evo Morales, selon le site Web du Service de développement des entreprises publiques de production : la Société bolivienne de ciment (Ecebol) et la Société bolivienne de production publique de récipients en verre (Envibol).

Selon le budget général de l’État pour 2019, l’exécutif a affecté un poste de 75,6 millions de bolivianos (près de 10 millions d’euros) de dépenses consolidées aux entreprises publiques. Cela représente une augmentation de 39,6 % par rapport à 2018.

C’est l’expansion internationale des hydrocarbures et des minéraux qui a facilité l’histoire d’Evo

PanAm Post a consulté l’économiste Mauricio Ríos, qui a expliqué que l’illusion du bien-être économique en Bolivie était due au fait que la première partie de la présidence d’Evo Morales coïncidait chronologiquement avec la plus grande expansion dans l’histoire du secteur des hydrocarbures et minéraux au niveau international.

M. Ríos soutient que cela a permis à Morales de « dépenser chaque dollar que le pays a reçu de l’exportation » de ces ressources. Il a profité d’une croissance moyenne de 4,9 % du PIB sous son administration, supérieure à l’époque qu’il appelle « néolibérale » (1985-2003) qui était de 3,2 % du PIB.

L’économiste souligne également qu’Evo avait un budget environ cinq fois supérieur à celui de l’époque précédente, mais que les indicateurs ne se sont pas améliorés dans la même proportion, car les dépenses du gouvernement Morales sur 13 ans ont été si importantes qu’elles équivalent aux dépenses des autres gouvernements sur 70 ans.

Il en ressort que ses résultats soient vraiment médiocres dans cette perspective.

Dégâts et bénéfices produits par l’administration Morales

Le bénéfice le plus important de l’économie d’Evo a été pour les investisseurs capables d’investir à court terme avec un diagnostic approprié, sachant que l’économie était en croissance mais avec des risques considérables, principalement par manque de sécurité juridique.

En revanche, le principal dégât qui ressort est « le mensonge que la croissance avec un modèle fermé améliore automatiquement les conditions de vie des citoyens sur le long terme ». Eh bien, il indique qu’il a généré des attentes impossibles à satisfaire, un aspect qu’il considère également comme ajouté aux protestations pacifiques massives entre la fraude de Morales et sa démission. L’économiste estime qu’il est nécessaire de commencer à ajuster les attentes des citoyens à une nouvelle réalité, « il ne reste plus qu’à payer pour la fête de Morales ».

Perspectives actuelles de l’économie

Enfin, l’économiste a indiqué qu’avant ce qu’il appelle « l’énorme fraude du 20 octobre », le même gouvernement Morales avait déjà annoncé une croissance de 3,38 % pour le troisième trimestre, alors qu’il prévoyait une croissance d’au moins 4,5 % du PIB.

De son côté, Bloomberg avait déjà prévu que la Bolivie finirait l’année 2019 avec une croissance de 3,8 %. L’économiste souligne, « au cas où le ralentissement n’aurait pas déjà été suffisamment marqué, une société de conseil indépendante comme Laeco prévoyait déjà il y a trois mois que la Bolivie ne connaîtrait qu’une croissance de 2,8 % en 2020 ».

Il a conclu qu’après le processus électoral que l’OEA et l’opposition bolivienne ont dénoncé comme étant une fraude, il craint que le pays n’entame une grave récession.

Cet article a été publié à l’origine dans PanAm Post.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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