« Ce n’est pas normal de mettre sa vie en danger pour étudier ! » : insécurité grandissante sur le campus de l’Essec à Cergy

Par Emmanuelle Bourdy
24 mars 2022 20:28 Mis à jour: 24 mars 2022 20:28

Sur le campus de l’une des plus prestigieuses écoles de commerce françaises de Cergy (Val-d’Oise), la délinquance bat son plein et les étudiants vivent dans un climat de plus en plus anxiogène. Certains ne veulent même plus « prendre de cours terminant après le coucher du soleil par peur de rentrer seuls la nuit », selon le témoignage de l’un d’entre eux.

Tyler, un étudiant de l’Essec – une école de commerce situé à Cergy – a contacté Le Figaro en novembre dernier pour faire part au journal de l’insécurité grandissante qui sévit autour du campus. Une page Facebook nommée ESSAFE avait d’ailleurs été créée en 2017, face à la « recrudescence des agressions » et afin de « permettre aux étudiants de s’organiser entre eux au cas où ils devaient rentrer/venir seuls à l’école », explique l’un de deux fondateurs du groupe.

« C’est un phénomène que l’on connaît bien et qui dure depuis de nombreuses années »

« On ne pensait pas que ce groupe allait devenir si important et s’inscrire dans le temps », précise-t-il, sa page Facebook étant censée être « temporaire ». ESSAFE, qui compte presque 5 000 membres, prévient également des zones à éviter en temps réel et les alertes sont nombreuses.

Un document en ligne a également été créé, début septembre 2020, afin de regrouper les témoignages d’étudiants victimes d’agressions. L’une d’entre elles se désole sur la situation, qu’elle juge « alarmante ». « Ce n’est pas normal de mettre sa vie en danger pour étudier ! » s’indigne-t-elle. Un autre étudiant, originaire de Marseille, confie au quotidien avoir été victime d’une agression qui l’a « traumatisé », au point qu’il ne peut plus « mettre un pied à Cergy » et que « sortir seul dans une grande ville [l]’angoisse terriblement ». L’école a dû personnaliser son cursus afin qu’il soit « toujours à distance ». « J’ai vu ma vie défiler devant mes yeux », se souvient-il le jour de son agression.

Le directeur de la sécurité de l’Essec, Laurent Laffont, admet que « c’est un phénomène que l’on connaît bien et qui dure depuis de nombreuses années ». « Nos étudiants ne sont pas spécifiquement visés par les jeunes désœuvrés qui traînent sur Cergy mais ils constituent une cible de choix car ils sont perçus comme ayant de l’argent et possédant des objets de valeur », indique-t-il encore. Il précise par ailleurs que chaque « fait d’agression rapporté fait l’objet d’une réaction, que ce soit par le signalement aux autorités, l’accompagnement dans le dépôt de plainte voire jusqu’au tribunal lors des procès ».

La délinquance « fait quasiment partie du décor »

Le commissaire divisionnaire de Cergy-Pontoise, Anthony Clementy, affirme quant à lui que la délinquance « fait quasiment partie du décor », tout en relativisant : « Ce n’est pas pire qu’ailleurs en Île-de-France. »

« On a d’un côté la présence d’une population en voie de déshérence et qui crée le sentiment d’insécurité, avec des SDF et des étrangers en situation irrégulière qui squattent les parties communes de certains immeubles et la gare RER, et de l’autre, une population assez jeune, qui s’adonne à une délinquance d’acquisition ou d’opportunité. Ces derniers sont des mineurs âgés pour la plupart d’une quinzaine d’années et qui habitent Cergy ou Pontoise. Ce sont eux qui s’attaquent aux étudiants, entres autre », explique-t-il.

Mise en place d’une « Brigade de Tranquillité Nocturne » pour lutter contre ce fléau…

Pour lutter contre ce fléau, l’Essec briefe ses étudiants « sur les comportements à adopter et surtout ceux à éviter », stipule Laurent Laffont. Mais l’école a aussi déployé des agents « pour patrouiller le soir » dans certaines zones ou pour escorter les étudiants. En janvier dernier, un système de navettes a été mis en place pour raccompagner les élèves chez eux. L’école a par ailleurs installé un vaste dispositif de vidéoprotection.

De son côté, la mairie va mettre en place très prochainement une nouvelle unité au sein de la police municipale, appelée « Brigade de Tranquillité Nocturne » (BTN). Cette brigade, composée de 13 agents, « s’appuiera sur trois volets : médiation, prévention et tranquillité », rapporte Le Figaro. Dans un communiqué, la mairie signifie que cette brigade aura pour objectif de « faire respecter les arrêtés du maire », mais aussi de lutter « contre tous les tapages nocturnes et d’assurer une présence renforcée dans les trois centralités de la ville et notamment aux alentours des trois gares RER ».

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