Le changement climatique est-il à l’origine de phénomènes météorologiques extrêmes ? Voici une confrontation avec la réalité

Par Eric Felten et RealClearInvestigations
23 août 2021 21:18 Mis à jour: 23 août 2021 21:18

Le Nord-Ouest du Pacifique a été frappé par une vague de chaleur record en juin, avec avec une hausse des températures de plus de 19,46 °C par rapport à la normale dans certains endroits. Le 28 juin, Portland, dans le nord-ouest des États-Unis, a atteint 46,7 °C. À la fin de la semaine dernière, la région a subi une nouvelle vague de chaleur, avec une température maximale de 39 °C à Portland. Le New York Times n’a pas hésité à déclarer que les épisodes de temps extrême de la région étaient la preuve que le climat ne changeait pas seulement, mais que c’était catastrophique.

Pour formuler cette affirmation, le Times s’est appuyé sur un « consortium d’experts du climat » qui s’appelle World Weather Attribution, un groupe organisé non seulement pour attribuer les phénomènes météorologiques extrêmes au changement climatique, mais aussi pour le faire rapidement. Dans les jours qui ont suivi la vague de chaleur de juin, les chercheurs ont publié une analyse, déclarant que la période torride « était pratiquement impossible sans un changement climatique causé par l’homme ».

Le magazine Time s’est fait l’écho de World Weather Attribution et de son rapport alarmant, le site Web Climate.gov de la NOAA en a fait de même, et CBS News, CNBC, Scientific American, CNN, le Washington Post, USAToday et le New York Times, entre autres, en ont parlé.

L’affirmation du groupe selon laquelle le réchauffement climatique est à blâmer est peut-être moins révélatrice que la rapidité avec laquelle cette conclusion a été communiquée aux médias. Les efforts précédents pour lier les événements météorologiques extrêmes au changement climatique n’avaient pas eu l’impact que les scientifiques espéraient, selon le Time, parce qu’ils « ne produisaient pas de résultats assez rapidement pour attirer l’attention des personnes extérieures au monde de la science du climat ».

« Pouvoir dire en toute confiance qu’une catastrophe météorologique donnée a été causée par le changement climatique alors que cet événement retient encore l’attention du monde », explique le Time, approbateur, « peut être un outil extrêmement utile pour convaincre les dirigeants, les législateurs et d’autres personnes que le changement climatique est une menace à laquelle il faut s’attaquer. » En d’autres termes, la valeur de l’attribution rapide est principalement politique, et non scientifique.

Malheureusement pour World Weather Attribution, un spécialiste de l’atmosphère ayant une connaissance approfondie du climat du nord-ouest du Pacifique utilisait activement des modèles météorologiques qui prédisaient avec précision la vague de chaleur. Cliff Mass a rejeté l’idée que le réchauffement de la planète était responsable de ces températures caniculaires. Il a calculé que le réchauffement climatique avait peut-être provoqué une anomalie de 1,112 °C sur les 22,24 °C observés. Selon lui, avec ou sans changement climatique, la région « aurait quand même connu la vague de chaleur la plus sévère du siècle dernier ».

Cliff Mass ne manque pas de références en la matière : professeur de sciences atmosphériques à l’université de Washington, il est l’auteur du livre The Weather of the Pacific Northwest (La météo du nord-ouest du Pacifique).

M. Mass s’est attaqué directement au groupe World Weather Attribution (WWA) : « Malheureusement, il y a de sérieux défauts dans leur approche. » Selon lui, la canicule est le résultat de la « variabilité naturelle ». Les modèles utilisés par le groupe international n’avaient pas la « résolution nécessaire pour simuler correctement les caractéristiques critiques de précipitations intenses et locales » et « ils utilisent généralement des émissions de gaz à effet de serre irréalistes ».

La WWA a publié une « réfutation » qualifiant les critiques de M. Mass de « trompeuses et incorrectes ». Mais le gant jeté par Cliff Mass a semblé affecter la confiance de la WWA dans ses affirmations. Le groupe, qui avait initialement déclaré que la vague de chaleur aurait été « virtuellement impossible sans le changement climatique causé par l’homme », a changé de ton. Dans des déclarations publiques ultérieures, il a souligné qu’il n’avait fait que des « meilleures estimations » et qu’il les avait présentées « avec les réserves et les incertitudes appropriées ». Les scientifiques du groupe d’attribution n’ont pas répondu aux questions qui ont été soulevées par les critiques de M. Mass, posées par RealClearInvestigations.

Mais qu’en est-il de la mission de base du groupe, l’attribution d’événements météorologiques individuels au changement climatique ? La règle fondamentale pour discuter des températures extrêmes dans un lieu donné n’est-elle pas de ne pas confondre météo et climat ? La météo, rappelle-t-on régulièrement, fait référence aux conditions qui prévalent pendant un court laps de temps dans une zone limitée ; on dit que le climat décrit des modèles atmosphériques à plus long terme sur de vastes zones.

Lorsque Donald Trump a dit en plaisantant, par un jour de grand froid, qu’il aurait bien besoin d’un peu de réchauffement de la planète, il a été critiqué pour avoir confondu météo et climat. Le directeur du projet de communication sur le changement climatique de l’université de Yale, Anthony Leiserowitz, a dénoncé le commentaire de Donald Trump comme étant « scientifiquement ridicule et manifestement faux ».

« Il y a une différence fondamentale d’échelle entre ce qu’est la météo et ce qu’est le climat », a ajouté M. Leiserowitz. « Ce qui se passe dans un petit coin du monde à un moment donné ne reflète pas ce qui se passe sur la planète. »

Jusqu’à récemment, du moins, les climatologues ont longtemps mis en garde contre l’utilisation d’événements météorologiques individuels pour réfléchir à l’existence ou non du réchauffement climatique. Généralement, cet argument est utilisé pour répondre à ceux qui pourraient soutenir qu’une vague de froid extrême est une raison de douter du réchauffement de la planète. Utiliser des événements météorologiques individuels pour dire quoi que ce soit sur le climat est une « absurdité dangereuse », a averti le magazine scientifique international New Scientist il y a dix ans.

Peut-être, mais cela arrive tout le temps maintenant que les défenseurs du climat ont découvert que c’était un outil efficace. En 2019, l’Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research et l’Energy Policy Institute de l’université de Chicago ont constaté que trois quarts des personnes interrogées ont dit que leur opinion sur le changement climatique avait été façonnée par des événements météorologiques extrêmes. Leah Sprain, dans son livre Ethics and Practice in Science Communication, explique que même s’il peut être légitime de dire que le changement climatique « peut entraîner des phénomènes météorologiques extrêmes à l’avenir », les choses se gâtent lorsqu’on essaie « d’affirmer que les phénomènes météorologiques ont été causés par le changement climatique ». Ce qui crée une tension : « Pour certains communicateurs, l’objectif ultime – mobiliser l’action politique – justifie l’utilisation rhétorique des événements météorologiques extrêmes. » Mais cela rend les scientifiques nerveux, écrit Leah Sprain, parce que « déformer la science va saper la crédibilité des arguments en faveur du changement climatique ».

C’est exactement ce qui s’est passé avec le groupe World Weather Attribution, selon Cliff Mass : « De nombreuses études sur les causes du changement climatique présentent des titres trompeurs et amènent les gens à tirer des conclusions incorrectes sur les rôles relatifs du réchauffement climatique et de la variabilité naturelle dans les phénomènes météorologiques extrêmes actuels », a-t-il écrit sur son blog. « Les titres effrayants et les études d’attribution apocalyptiques provoquent inutilement la peur. »

Rendant compte des échanges entre la World Weather Attribution et Cliff Mass, le Seattle Times a qualifié l’ambiance locale universitaire de « chiffres contradictoires ». Le journal a noté que « M. Mass s’est parfois engagé dans des conflits très publics avec d’autres scientifiques ». Il a également critiqué les médias d’information – « y compris le Seattle Times », selon le Seattle Times – pour ce qu’il dit être une couverture alarmiste du climat. Le Seattle Times n’a pas répondu aux questions de RCI.

Le journal ne s’est pas trompé sur le fait que M. Mass était en désaccord avec ses collègues climatologues. Il n’a pas hésité à s’attaquer à tous les adversaires sur le blog Real Climate. Mais il ne pense pas que cela doive le rendre controversé. « La science est faite de conflits », a dit M. Mass. « Quelqu’un a une idée ; et puis quelqu’un d’autre la critique. »

Cliff Mass est également qualifié comme « ayant un esprit de contradiction » parce qu’il s’est exprimé l’été dernier contre les émeutes et les pillages qui ont lieu chaque nuit à Seattle. Une émission récurrente qu’il avait sur la radio publique de Tacoma a été annulée après qu’il – sur son propre blog, pas à la radio – a comparé le verre brisé à Seattle au verre brisé de la Nuit de cristal, le pogrom antisémite nazi.

Le professeur blogueur déplore que les sciences atmosphériques aient été « empoisonnées » par la politique. « La science du climat en a souffert », a-t-il déclaré à RCI.

Et il n’y a pas que la politique : M. Mass dit aussi que les principes admis du réchauffement climatique sont devenus une sorte de religion. Considérez le langage utilisé, par exemple la question de savoir si l’on « croit » au changement climatique anthropique. « Vous ne croyez pas à la gravité. » La métaphore religieuse explique aussi pourquoi les collègues sont si remontés contre lui, dit M. Mass : « Il n’y a rien de pire qu’un prêtre apostat. »

Cela vaut même pour ceux qui ne sont que de légers apostats. M. Mass ne conteste pas le réchauffement, il s’interroge simplement sur l’ampleur du problème. « Nous devons nous inquiéter du changement climatique », a-t-il dit. « Mais le battage médiatique et l’exagération de ses impacts ne font que saper le potentiel d’une action efficace. »

Cet article a été rédigé par Eric Felten pour RealClearInvestigations.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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