Corée du Nord: La Chine s’oppose à l’embargo pétrolier

12 septembre 2017 13:10 Mis à jour: 12 septembre 2017 11:00

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi à l’unanimité un huitième train de sanctions contre la Corée du Nord interdisant ses exportations de textile et en réduisant ses approvisionnements en pétrole.

Mais les États-Unis, à l’origine du texte, ont dû atténuer la portée de leur proposition initiale de résolution pour obtenir le feu vert de Pékin et Moscou.

La Corée du Nord a très peu de ressources pétrolières et dépend essentiellement de ses importations.

Washington avait initialement demandé un embargo pétrolier, ce auquel s’est fermement opposée la Chine, principal soutien de Pyongyang.

La résolution prévoit de limiter les livraisons de brut à destination de la Corée du Nord à ce qu’elles ont été ces 12 derniers mois.

Pékin ne publie aucun chiffre sur ses exportations vers la Corée du Nord, qui sont estimées à quatre millions de barils par an.

La résolution limite également à deux millions de barils par jour les livraisons de produits raffinés.

Les estimations varient grandement, mais selon des chiffres du Centre international du commerce (ITC), un organisme dépendant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’ONU, la Chine a fourni un équivalent de 2,3 millions de barils de produits raffinés au Nord l’année dernière. Ce qui signifie que la résolution imposerait une réduction de 15%.

Cheong Seong-Chang, de l’Institut Sejong de Séoul, place la barre plus haut en avançant que la Corée du Nord en importe 4,5 millions de barils. Ce qui impliquerait une réduction de 56%.

« Cela constituera un feu rouge pour la croissance nord-coréenne », a-t-il dit. « Mais cela n’aura pas d’impact sur l’armée parce que les livraisons de brut demeureront les mêmes. »

Le texte contient également un certain nombre d’exemptions possibles qui pourraient être autant de failles permettant de contourner la résolution.

Pour Kim Hyun-Wook, professeur à l’Académie diplomatique nationale de Corée, tout dépendra de la mise en oeuvre de la résolution.

Or, observe-t-il « il n’y a aucun moyen de vérifier la quantité de pétrole qui coule dans l’oléoduc » entre la Chine et la Corée du Nord.

Pour autant, estime Koo Kab-Woo, de l’université des études nord-coréennes de Séoul, la résolution est symbolique car elle est « la première tentative des États-Unis de toucher le poumon économique de la Corée du Nord ».

La résolution prévoit un embargo sur les livraisons de gaz naturel à la Corée du Nord.

Les experts pensent que l’interdiction des exportations nord-coréennes de textile privera Pyongyang d’une importante source de devises étrangères.

La Chine fournit la matière première qui est transformée en vêtements dans des usines nord-coréennes à la main d’oeuvre bon marché.

« Le textile est une des principales exportations de Corée du Nord », observe Rajiv Biswas, économiste chez IHS Markit, qui avance des recettes de l’ordre de 750 millions de dollars (626 millions d’euros).

La plupart de ces exportations part vers la Chine et la Russie, ce qui fait que, là encore, « tout dépendra de la volonté » de ces deux pays, selon M. Koo.

La résolution interdit aux pays étrangers de délivrer de nouveaux permis de travail aux 93.000 Nord-Coréens à l’étranger.

Le travail – essentiellement sur des chantiers de construction au Moyen-Orient, ainsi qu’en Russie et en Chine – est également une importante source de revenus pour Pyongyang.

Les experts sont sceptiques quant à l’effet immédiat de cette mesure. Mais ils pensent qu’elle augmentera la pression sur Pyongyang à long terme.

Les pays étrangers seront autorisés à inspecter les navires soupçonnés de transporter des cargaisons nord-coréennes interdites. Mais ils devront au préalable recueillir le feu vert des pays liés aux pavillons des navires.

Washington voulait pouvoir mener des inspections par la force, ce auquel se sont opposés Moscou et Pékin.

La Corée du Nord est fortement soupçonnée de se livrer à de la contrebande d’armes à destinations de pays d’Afrique ou du Proche-Orient.

Les analystes sont sceptiques, notamment parce que la proposition américaine initiale a été très affaiblie.

Les précédentes sanctions n’ont pas empêché que les programmes nucléaire et balistique fassent de remarquables progrès.

« Ce n’est pas suffisant pour faire mal », estimé Go Myong-Hyun, de l’Institut d’études politiques.

Au contraire, avance même M. Koh de l’Université Dongguk, qui craint cette résolution ne pousse Pyongyang à accélérer ses programmes.

« La Corée du Nord va tenter de devenir un État nucléaire aussi rapidement que possible, avant que les effets des sanctions ne se ressentent complètement, pour pouvoir négocier d’égal à égal avec les États-Unis », prédit-il.

Pour Kim Hyun-Wook, « les sanctions donnent à Pyongyang une excuse pour davantage de provocations, comme un lancement de missile intercontinental ».

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